Site icon Foot Normand

Contexte, mercato, onze type, style de jeu, objectif... Tout savoir sur le Stade Malherbe avant la reprise

Alors que le SMC s'apprête à être racheté, l'équipe de Pascal Dupraz a enregistré sa première recrue avec Aliou Traoré. Le coach savoyard compte aussi sur le retour de Yacine Bammou.

Alors que le SMC s'apprête à être racheté, l'équipe de Pascal Dupraz a enregistré sa première recrue avec Aliou Traoré. Le coach savoyard compte aussi sur le retour de Yacine Bammou.

Le contexte

Avec le trio Capton-Oaktree-Pickeu, une nouvelle ère s'annonce

Le Stade Malherbe s'apprête à refermer une parenthèse de deux ans. Incontestablement pas la meilleure de son histoire. Depuis 2018 et les changements de gouvernance successifs suite à l'éviction de Jean-François Fortin, le club normand a enchaîné les contre-performances sportives (relégation en Ligue 2 puis une 13e place à ce niveau) et les déboires financiers (encadrement de sa masse salariale par la DNCG). Après des semaines - voire des mois - de négociations, le projet de reprise porté par le producteur de télévision trouvillais Pierre-Antoine Capton est sur le point d'aboutir. Les 13 membres du SMC 10* ont accepté de vendre leurs parts (80% à parts égales) aux futurs actionnaires dont le fonds d'investissement américain Oaktree, appelé à devenir majoritaire. Le rachat des 20% restant, appartenant au Club des 50, constitue la dernière étape de ce processus. Il devrait intervenir lundi 24 août à l'issue de l'assemblée générale de ce groupe de « petits » actionnaires.

Dans la foulée, ce projet devrait être présenté aux médias et aux supporters. Il est, d'ores et déjà, acquis que plusieurs modifications interviendront au sein de l'état-major du Stade Malherbe. L'une des principales ? L'officialisation de l'arrivée d'Olivier Pickeu comme patron du secteur sportif (président délégué ? manager général ?). Fabrice Clément, lui, s'est vu signifier qu'il n'y avait pas de place pour lui dans le nouvel organigramme. Il ne sera resté qu'un an à la tête du SMC. A l'inverse, le directeur sportif Yohan Eudeline, qui a déjà travaillé avec Olivier Pickeu à Angers, devrait poursuivre sa mission. Le directeur général Arnaud Tanguy aussi. Reste à connaître le champ exacte de leurs prérogatives ? Sous contrat jusqu'en 2021, Pascal Dupraz va être également confirmé dans ses fonctions d'entraîneur.

*Le SMC 10 est composé de 13 actionnaires se partageant 80% du capital à parts égales : Gilles Sergent, Laurent Batteur, Michel Besneville, Thierry Dupont, Pierre Esnée, François Maurey, Jean-Marie Piranda, Jacky Rihouet, Sofinormandie (filiale du Crédit Agricole), Jean-François Fortin, André Réol, Jean-Paul Saison et Pierre-Antoine Capton.

Le mercato

Aliou Traoré en attendant d'autres renforts, Malik Tchokounté à Dunkerque

Compte tenu de l'encadrement de sa masse salariale prononcée par la DNCG, sanctionnant une santé financière plus que précaire, le mercato du Stade Malherbe est quasiment resté au point mort depuis le 8 juin et son ouverture en France. Avec le projet de reprise porté par Pierre-Antoine Capton (lire ci-dessus), la donne s'apprête à changer. Premier exemple avec le prêt d'Aliou Traoré (19 ans) en provenance de Manchester United. Bien que jugé "hors de forme" par Pascal Dupraz après six mois sans jouer, ce milieu de terrain box-to-box - débarqué le week-end dernier à Caen - figure dans le groupe de 18 qui s'est envolé à Clermont. La fin du marché des transferts ayant été repoussée cette année au 5 octobre, conséquence indirecte de la pandémie de Covid-19, d'autres renforts sont désormais attendus, pratiquement dans toutes les lignes (défenseur central, latéral, excentrés offensifs...).

"Comme mon futur patron est issu du foot, je suis sûr qu'il va voir les mêmes choses que moi"

A la reprise, le coach savoyard avait fixé le cap en réclamant six recrues. Avec l'arrivée d'Olivier Pickeu, le technicien caennais ne désespère pas de voir son souhait exaucé. "Comme mon futur patron, celui que je vais avoir au-dessus de moi tous les jours, est issu du foot, je suis sûr qu'il va voir les mêmes choses que moi. Après, bien sûr, c'est une question de moyens mais aussi de malice". Dans le sens inverse, les dirigeants actuels n'ont pas attendu pour débuter l'opération de dégraissage. Il faut dire qu'avec 38 éléments professionnels sous contrat le jour de la reprise (le 22 juin), le travail ne manque pas.

Après le départ du Slovène Jan Repas dans son pays natal (au NK Maribor) à un an du terme de son contrat, trois joueurs ont été prêtés : Timo Stavitski à Maastricht (D2 néerlandaise), Younn Zahary à Pau (L2) et Evens Joseph à Boulogne-sur-Mer (N1). Pour ce dernier, une option d'achat a été incluse. Pour les deux garçons formés au SMC, il s'agit d'un retour puisqu'ils avaient terminé la saison précédente dans ces deux mêmes clubs. Alors qu'il disposait encore d'un an de contrat, Malik Tchokounté (32 ans le 11 septembre) a, lui, fait ses valises direction Dunkerque, promu en Ligue 2. Dans le Nord, il retrouve un entraîneur qu'il connaît particulièrement bien, en la personne de Fabien Mercadal. Un technicien qui l'a dirigé au Paris FC, à Caen et déjà à Dunkerque (en N1, entre 2013 et 2017). Reste la question des « indésirables » aux yeux de Pascal Dupraz : le gardien Erwin Zelazny, le latéral Arnold Isako, l'attaquant Santy Ngom...

Le onze type

En 4-3-3 avec Aliou Touré au milieu et Yacine Bammou en pointe

Forcément, entre les probables arrivées et les possibles départs, l'équipe qui va lancer le championnat le week-end prochain à Clermont ne devrait plus tout à fait ressembler à celle qui se déplacera à Niort, mi-octobre, après la fin du mercato. Mais avant d'accueillir d'autres renforts, une hiérarchie s'est dégagée ou plutôt a été confirmée. Les deux tiers du onze type de la saison passée étant appelés à être reconduits. Alors que Pascal Dupraz n'a pas caché sa volonté de recruter un n°1, Rémy Riou, au demeurant assez performant durant la campagne de matches de préparation, gardera les cages caennaises, au moins au début.

"On ne peut pas jouer en 4-4-2 parce qu'on n'a pas assez de joueurs capables d'évoluer sur les côtés"

Malgré des prestations inégales, Steeve Yago, à droite, et Yoël Armougom, à gauche, ont visiblement pris une longueur d'avance sur leurs concurrents pour les postes de latéraux : Hugo Vandermersch et Adama Mbengue. Prometteur mais peut-être encore un peu tendre, le jeune Jason Ngouabi (17 ans) a-t-il déjà les armes pour prétendre à une place de titulaire en charnière centrale ? Si Jonathan Rivierez s'impose comme le patron de la défense normande, Anthony Weber est apparu, par séquences, plus en difficulté. Pour les deux autres lignes, tout dépendra de l'animation. Le 4-3-3 (voire 4-2-3-1) semble tenir la corde.

"On ne peut pas jouer en 4-4-2 parce qu'on n'a pas assez de joueurs capables d'évoluer sur les côtés dans un milieu à quatre à plat. C'est un vrai poste de spécialiste. Il vous faut ces deux joueurs excentrés. Aujourd'hui, dans notre effectif, on ne les a pas", explique Pascal Dupraz. Dans une organisation à trois donc dans le cœur du jeu, Prince Oniangué paraît indéboulonnable dans le rôle de sentinelle aux yeux du coach savoyard. Idem un cran plus haut pour le relayeur Jessy Deminguet. Le tableau devrait être complété avec le nouveau venu Aliou Traoré, reléguant ainsi Anthony Gonçalves et Jessy Pi sur le banc. Auteur de trois buts sur les trois dernières sorties du SMC, Yacine Bammou, de retour de son prêt en Turquie, est le choix n°1 pour occuper la pointe de l'attaque. "Il nous apporte cette finesse qui nous manque, cette touche du joueur de l'étage au-dessus". Pour animer les couloirs, le Marocain devrait être entouré de Nicholas Gioacchini, bien que plus à l'aise dans l'axe, et sans doute de la révélation Kelian Nsona. En attendant que Caleb Zady Sery soit opérationnel suite à son opération d'une pubalgie, fin juin.

Le style de jeu

Une défense en quête de solidité, une attaque en manque de créativité

Durant cette campagne de matches de préparation, le Stade Malherbe a affiché des maux identiques à l'exercice précédent. Tout d'abord, avec une défense trop souvent prise dans son dos, notamment avec un bloc positionné haut ; la quasi-totalité des buts adverses provenant de ballons dans la profondeur mal négociés par le collectif « Rouge et Bleu ». Avec l'association Jonathan Rivierez - Anthony Weber, la lenteur de la charnière centrale constitue un handicap loin d'être évident à combler. "On doit être vigilants pour voir si le porteur est cadré ou pas. Il y a aussi des choses à gommer sur notre placement", convient Jonathan Rivierez qui assume sa part de responsabilités. Le capitaine du SMC en appelle à plus de concentration.

"Il y a toujours quelque chose qui ne va pas : une course, une passe, un contrôle, une touche de balle intempestive..."

"On s'est fait prendre par ma faute, par notre faute à tous les quatre derrière. Il y a des matches où je dormais, où on dormait". Face au Mans, le week-end dernier, le club normand a présenté un bloc, plus bas par séquences, beaucoup plus compact. "J'avais envie de voir mon équipe difficile à bouger, difficile à contrarier", lance Pascal Dupraz, partiellement rassuré par la prestation de ses hommes dans ce secteur. Mais ce qu'ils ont gagné en solidité au MMArena, les Caennais l'ont perdu en créativité. Preuve, s'il en était besoin, que l'équilibre d'une formation demeure fragile. Alors que son animation offensive avait montré des signes de progression intéressante contre Amiens une semaine auparavant, l'attaque malherbiste a proposé un visage pour le moins poussif (c'est un euphémisme) dans la Sarthe.

"Il y a trop d'erreurs techniques. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas : une course, une passe, un contrôle, une touche de balle intempestive...", peste le coach savoyard tout en espérant que ses joueurs prennent (enfin) confiance en eux. "Quand on a confiance en soi, on gagne du temps. Et le temps, c'est l'allié du footballeur". A l'exception de Kelian Nsona et de Caleb Zady Sery, le profil similaire de la plupart des offensifs normands (Yacine Bammou, Malik Tchokounté, Benjamin Jeannot voire Nicholas Gioacchini) ne favorise pas non plus une très grande variété. "On a beaucoup d'attaquants axiaux", reconnaît le technicien caennais. "Autant les faire jouer ensemble même si c'est compliqué d'évoluer avec trois avant-centres. A force, ils vont se marcher dessus. Du coup, chacun doit accepter certains compromis ; ce que les garçons font très bien pour le moment". Espérons pour les supporters « Rouge et Bleu » que cela perdure. 

L'objectif

Les armes pour se mêler à la lutte pour le Top 5 ?

Lors de l'exercice précédent, sur la période comprise entre la nomination de Pascal Dupraz (J10) et la fin prématurée du championnat à cause de la pandémie de Covid-19 (J28), le Stade Malherbe s'est classé au sixième rang à quatre points du Top 5 (7V-7N-5D). Avec, à l'heure actuelle, un effectif presque identique, le SMC est-il capable de rééditer un tel parcours sur 38 journées et se mêler, ainsi, à la lutte pour les barrages d'accession ? "Je suis venu ici avec des ambitions, celles de faire remonter le club en Ligue 1", a rappelé, une énième fois, le coach savoyard, le week-end dernier, à l'issue de la victoire aux dépens du Mans en clôture de la campagne de matches de préparation (1-0). Une chose est sûre, le technicien caennais ne veut pas entendre parler de saison de transition. Mais avant d'évoquer un objectif devant la presse, l'ex-entraîneur de Toulouse attend que ses futurs dirigeants lui en fixe un.

"On peut être à la fois très rigoureux et enthousiaste. La jeunesse doit nous amener cet enthousiasme

Dans cette cuvée 2020-2021, le parcours du club normand pourrait bien dépendre de l'évolution de ses jeunes pousses. Après s'être imposé dans le onze de départ la saison passée, l'heure est venue de franchir un palier pour Nicholas Gioacchini (20 ans) en se montrant notamment plus efficace dans le dernier geste. Régulièrement utilisé en 2019-2020 (19 apparitions), Hugo Vandermersch doit gommer toutes ses erreurs qui coûtent chères à son équipe (penalty concédé, mauvais alignement...) afin de gagner ses galons de titulaire. Ayant pointé le bout de son nez, Alexis Beka Beka (19 ans) cherchera à bousculer la hiérarchie au milieu de terrain.

Idem pour Jason Ngouabi (17 ans) en charnière centrale même s'il part, peut-être, d'un peu plus loin. Révélation de la préparation, Kélian Nsona (18 ans) est appelé à confirmer une partie de son immense potentiel. "Voir les petits Beka Beka, Nsona, Ngouabi progresser, c'est super. C'est une partie du boulot qui me plaît vraiment même si ce n'est pas celle qu'on m'avait annoncée au départ. A coté d'eux, vous avez Herman (Moussaki) qui n'est pas très vieux (21 ans), Yoël (Armougom) non plus (22 ans). En fait, il n'y a que des jeunes", lance le coach savoyard. "Mon objectif, humblement, c'est d'aider à la progression des joueurs, de mettre les outils en place avec mon staff pour y parvenir, qu'ils se libèrent. On peut être à la fois très rigoureux et enthousiastes. La jeunesse doit nous amener cet enthousiasme". Alors, Messieurs les Espoirs, jouez !

Quitter la version mobile