Neuf. Ils seront neuf clubs régionaux présents sur la ligne de départ du 7e tour de la Coupe de France, ce week-end (15-16 novembre) : le Bayeux FC (R1), l’ASPTT Caen (R1), Yvetot AC (R1), le CMS Oissel (N3), l’US Avranches (N2), le FC Dieppe (N2), l’US Granville (N2), le SM Caen (N1) et Quevilly-Rouen Métropole (N1). Joueurs, entraîneurs, dirigeants, supporters… Tout au long de la semaine, on vous propose une série de reportages sur ces acteurs normands qui rêvent d’une épopée dans cette « Vieille Dame ».
*Pensionnaire de Ligue 1, le HAC effectuera son entrée en lice en 1/32e de finale le week-end des 19-20-21 décembre.
"On n'a jamais vu de groupe de supporters dans les stades de N3. En N2 non plus, pour l'instant", se targue Aurélien Pesquet (40 ans), président des « Blue Herrings », l'association des fans dieppois. C'est vrai. Le FCD est l'un des rares, voire le seul pensionnaire de National 2 dans sa poule, à pouvoir s'appuyer sur la présence d'un kop derrière lui. Sa création remonte à 2023, sous l'impulsion d'un dirigeant du comité directeur, alors que le club seinomarin bénéficiait déjà du soutien du Kop Dieppois, un autre groupe de supporters. "On voulait apporter du renouveau. Le début a été difficile, car ce n'est pas donné à tout le monde d'aller chanter, mais au fur et à mesure, la mayonnaise a pris", explique Aurélien Pesquet. D'une douzaine d'adhérents à ses premiers pas, ce groupe de supporters compte désormais une cinquantaine de membres dont un noyau dur qui ne rate aucun match des joueurs de Djilalli Bekkar. Mais pourquoi cette appellation au fait ? C'est une référence au surnom des Dieppois : les Harengs ; « Blue Herrings » en anglais se traduisant par « Harengs Bleus ».
Au sein du kop, il y a différents profils : des jeunes de 16 ans, des plus anciens, des Dieppois pure souche, mais aussi des habitants des communes voisines. Chacun a un rôle bien défini. Florian Pesquet est le capo. Souvent dos au terrain, muni de son mégaphone, il lance les chants et dirige « ses » troupes. "Je fais ça au feeling", explique le cadet de la fratrie. "Je vais souvent dans le virage Auteuil au PSG. Je m'inspire des plus grands". Aurélien, lui, est aux manettes du tambour. C'est lui qui donne le rythme. Il coordonne aussi la logistique lors des déplacements en bus, pour les rencontres à l'extérieur. "On n'a pas de remplaçant. Il faut que l'on forme une ou deux personnes si jamais on n'est pas là", prévient l'aîné des « frangins » Pesquet. Drapeaux, chants, fumigènes... Tout est organisé comme dans un groupe de supporters d'un club professionnel grâce à la volonté des adhérents. "On prépare tout après nos boulots. On a un groupe messenger sur lequel on échange. Je demande régulièrement qui peut donner un coup de main", explique Aurélien.
"On a quand même cousu 20 draps ensemble, on les a peints, sur 16 mètres de long pour huit de haut "
les « frangins » pesquet
Pour fêter leur premier anniversaire, les « Blue Herrings » ont même confectionné un tifo. "On pouvait voir un ultra tenant des fumigènes entouré d'une couronne dorée. On avait écrit « fidélité et ferveur, les BH fêtent leur première année »", rapporte l'un des « frangins », avant que l'autre n'ajoute : "Ça nous a pris du temps ! On a quand même cousu 20 draps ensemble, on les a peints, sur 16 mètres de long pour huit mètres de haut, pour un coût entre 300 et 400 €. Ce n'était pas simple". Une initiative qui a provoqué son petit effet auprès des joueurs sur la pelouse. Un deuxième tifo se trouve dans les cartons pour souffler leur deuxième bougie, début 2026. En attendant cette date, les « Blue Herrings » jouent leur rôle de 12e homme, en championnat comme en Coupe de France. La saison dernière, année de la montée en N2 des Dieppois, Aurélien et Florian Pesquet n'en ont pas raté une miette. Charleville-Mezières, Calais, Valenciennes... Au total, ils ont parcouru 3 000 kilomètres pour soutenir leur club de cœur. Désormais au quatrième échelon du football français, pas question de se relâcher, bien au contraire. "On a les Harengs dans le sang", sourit Florian, actuellement gardien du Stade Jean-Dasnias et qui a commencé à jouer au football en débutant au FCD.
Revoir (enfin) une affiche de Coupe de France à Dasnias
Tout comme leurs joueurs préférés, la Coupe de France les galvanise. Ce dimanche, les « Blue Herrings » seront évidemment du déplacement à Saint-Amand-les-Eaux (R1), pour donner de la voix. Trois heures de route séparent les deux villes. Un voyage en bus est prévu ; une cinquantaine de membres sont espérés. Jusqu'à présent, l'équipe de Djilalli Bekkar a hérité d'un tirage clément, en affrontant que des adversaires hiérarchiquement inférieurs, sortant successivement l'US Lillebonnaise (R2, 2-0), puis le Pacy-Ménilles RC (R1, 4-0) et l'ES Coutances (R2, 2-1). Au 7e tour, Alexandre Lefebvre et ses partenaires affronteront pour la quatrième fois une formation de niveau régional, qui n'en a que le nom. Deuxième de sa poule de R1, Saint-Amand est invaincu en championnat et a déjà éliminé deux pensionnaires de N3 dans son parcours. De quoi faire peur aux supporters dieppois ? "Ça va être un match difficile. C'est chez eux, dans un petit stade. La logique voudrait qu'on passe, mais il ne va pas falloir y aller sur la pointe des pieds", met en garde Aurélien Pesquet. "C'est la magie de la Coupe de France ! Il n'y a pas de grosse ou de petite équipe", rétorque son frère, Florian.
"Et si on allait jusqu'au Stade de France ? On a le droit de rêver (...) Si on pouvait jouer Paris, ça serait terrible !"
les « frangins » pesquet
Ce week-end, c'est aussi la quatrième fois de rang que le FCD évoluera à l'extérieur dans cette compétition. En cas de qualification, bis repetita chez le vainqueur de la confrontation entre Drancy (N3) et Beauvais (N2). "C'est important d'aller à Saint-Amand, on ne va pas laisser nos joueurs tous seuls", souligne le président des « Blue Herrings ». "Ils ont besoin de nous de la première à la 90e minute. Dans des parcours en coupe, on sait notre importance", se montre conscient le capo. Mais les deux frères trépignent d'impatience à l'idée d'assister de nouveau à une affiche de cette « Vieille Dame » à domicile. Pour revoir la Coupe de France à Dasnias, la bande à Djilalli Bekkar devra se hisser, au moins, jusqu'en 1/32e de finale. "C'est long, oui. On est beaucoup plus nombreux au stade quand c'est chez nous. Quand le stade est plein, c'est magnifique. Mais il y a encore (au mieux) deux gros tours à passer".
Vivre une épopée en coupe, c'est ce dont rêve tout supporter. En 2019, le FC Dieppe avait créé la surprise en faisant tomber le RC Lens, alors en Ligue 2, au 8e tour (2-1). Sur les 15 dernières années, les Harengs ont d'ailleurs atteint à trois reprises les 1/32e de finale. Le premier, en 2013, contre Nantes (L1), battant au passage un record d'affluence avec 4 776 spectateurs à Dasnias (élimination 3-2). Le second, en 2020, battu par Angers (L1), dans une enceinte à guichets fermés (3-1). La dernière fois, en 2024 avec la réception de Laval (L2, défaite 4-0). "La Coupe de France procure tellement d'émotions. Et si on allait jusqu'au Stade de France ? On a le droit de rêver !", lance, dans un grand sourire, Florian Pesquet. "Si on pouvait jouer Paris, ça serait terrible !", rétorque l'aîné, fan des vainqueurs de la Ligue des Champions. En attendant un éventuel duel face au PSG, les « Blue Herrings » donneront de la voix dimanche pour pousser leur équipe de cœur.
> Coupe de France. 7e tour - Saint-Amand (R1) / FC Dieppe (N2), dimanche 16 novembre à 15 heures au Stade Municipal.
Léa QUINIO

La saison dernière, Aurélien et Florian Pesquet, respectivement président et capo des « Blue Herrings » ont parcouru 3 000 km pour soutenir leurs joueurs préférés. Ce dimanche, ils s'avaleront encore trois heures de bus pour assister au 7e tour de la Coupe de France, à Saint-Amand.
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