Il ne lui a suffi que de dix minutes pour être convaincu de son potentiel. Cet été, à l’occasion du match de préparation contre l’US Avranches (N2), Régis Brouard a découvert un garçon avec des qualités, notamment physiques, largement au-dessus de la moyenne pour ce niveau. "J’ai regardé mon banc et je leur ai lancé : « C’est qui ce joueur ? » Il aurait pu nous en coller deux en un quart d’heure", raconte l’entraîneur du FCR à propos d’Idrissa Seydi puisque c’est, bien entendu, de lui dont il s’agit. Dès le coup de sifflet final, le coach rouennais est parti à la pêche aux infos, entre autres auprès de l’un de ses adversaires du jour : Emeric Dudouit, qu’il avait eu sous ses ordres en Belgique. "Je me suis dit : « C’est ce type de joueur qu’il me manque dans mon effectif. Mes dirigeants m’ont demandé si je le voulais à tout prix, j’ai répondu : « Oui » et le club m’a suivi".
Et après un mois de négociations, Idrissa Seydi est donc devenu un « Diable Rouge ». "Le club a fait des efforts car il appartenait à l’US Avranches", rappelle Régis Brouard. Il est vrai que pour s’attacher ses services, le FCR a dû s’acquitter d’une indemnité de transfert. Rien d’insurmontable, on vous rassure. De toute façon, au regard de ses prestations, l’Etat-major rouennais ne regrette pas son investissement. Pour cause, depuis son arrivée, le Sénégalais a déjà inscrit cinq buts… en autant de journées disputées ! Il n’y a pas une rencontre où le n°27 n’a pas fait trembler les filets. "Même moi, je suis surpris par son efficacité. J’étais loin de m’en douter", confie le technicien.
"Le club a fait des efforts car il appartenait à l'US Avranches"
Régis brouard
Car il ne faut pas se mentir, si tout ceux qui l’ont déjà vu évoluer, ne serait-ce qu’une fois, sous ses maillots précédents avaient décelé un potentiel indéniable chez Idrissa Seydi, personne n’imaginait qu’il réaliserait des débuts aussi fracassants avec les « Diables Rouges ». "C’était un pari", reconnaît l’ex-coach bastiais. "Quand on l’a pris, je suis sûr que beaucoup de gens se sont interrogés : « Qu’est-ce qu’ils font ? »" Le plus étonnant avec ce garçon, c’est qu’il performe en véritable n°9, lui qui faisait preuve d’une incroyable maladresse dans le dernier geste avec l’US Avranches. "Vous avez vu son but à Saint-Brieuc ? Il est au bon endroit, au bon moment. Il faut être là pour la mettre au fond".
Reda Hammache se renseigne pour rattraper le coup
Pour autant, Régis Brouard ne l’envisageait pas forcément à ce poste au départ. "Sur ses premiers entraînements, je l’ai aligné sur le côté, devant… Dans mon esprit, Idrissa a toujours eu cette forme de polyvalence. Mais dans ce championnat de National, on a besoin de vitesse dans l’axe. Comme j’ai des passeurs qui sont capables de le toucher, j’ai décidé de l’utiliser devant, car sur un côté, j’ai estimé qu’il partirait de trop loin. Ma réflexion a été : « Plus il sera près du but, plus il sera concentré". Une belle intuition tout comme de l’associer à un deuxième attaquant : Sérigné Faye le plus souvent ou Charles Abi, qui abattent un boulot considérable dans l’ombre. "Avec Sérigné, ils s’entendent bien dans la vie déjà. Et il y a une sorte de complémentarité entre les deux. Sérigné, on peut lui reprocher des choses sur le plan technique ou sa maladresse, mais il déploie une telle énergie sur le terrain. Il court sans cesse, il est bon dans le domaine aérien, il défend énormément… Peut-être que ça libère Idrissa sur d’autres aspects".
"Dans ce championnat de national, on a besoin de vitesse dans l'axe"
Régis Brouard
Pour un Stade Malherbe en souffrance où se rendra le leader rouennais, mardi soir, pour un derby normand particulièrement attendu, Idrissa Seydi constituera incontestablement la menace n°1. Le plus cocasse, c’est que dans une autre vie, pas si lointaine, l’attaquant aurait pu (dû) porter les couleurs « Rouge et Bleu ». Son entourage possède de nombreuses connexions avec le club caennais. D’ailleurs, son nom a été soufflé à maintes reprises aux dirigeants du SMC ces dernières années. Du temps où il était licencié au SU Dives-Cabourg (2022-2024), il a même été supervisé par la cellule de recrutement. Mais le président Olivier Pickeu et son bras droit Yohan Eudeline ont jugé que le Sénégalais était un peu juste pour rejoindre un pensionnaire de Ligue 2 alors qu’il n’évoluait qu’en N3. Dans tous les cas, sa situation administrative aurait rendu l’opération quasi-impossible à l’époque.
La donne était complètement différente cet été. Son profil a de nouveau été proposé à Malherbe, cette fois-ci à Reda Hammache*. Mais jamais le responsable du recrutement n’a donné suite. Pour le plus grand bonheur des supporters des « Diables Rouges » et au grand dam de leurs homologues « Rouge et Bleu ». Quand on voit le rendement de certains joueurs offensifs actuels du SMC (Armand Gnanduillet, Adama Diakité…) comparé à celui de l’ancien Avranchinais, on est en droit de penser que l’ex-directeur sportif du Red Star a déjà été plus inspiré au cours de sa carrière ! Peut-être conscient de son erreur et constatant qu’Idrissa Seydi flambe, aujourd’hui, en National, Reda Hammache se renseigne pour connaître les conditions d’un « rapatriement » à Caen. Mais le train n’est-il pas déjà passé ?
> N1. J11 - SM Caen (7e - 13 points) / FC Rouen (1er - 23 points), mardi 21 octobre à 20 heures au Stade Michel-d'Ornano
*Nous ne sommes pas parvenus à joindre Reda Hammache pour ce sujet.