L’AF Virois il y a deux ans, l’AS Villers la saison passée… Pour ne pas faire l’ascenseur comme les deux dernières écuries normandes promues en National 2, le FC Dieppe a annoncé des décisions radicales en septembre. Exit quatre éléments du groupe, et non des moindres. Parmi eux, figure notamment Quentin Stockley, meilleur goleador des Harengs en 2024-2025 avec 15 réalisations ! La raison ? "Certains joueurs n’ont pas l’exigence nécessaire, ils ne se donnent pas les moyens pour être compétitif, ils n’ont pas cette détermination pour gagner leur place", estime Djilalli Bekkar qui a récupéré, dans le sens inverse, deux défenseurs. Tout d’abord, Joan Tshiabu (19 ans), ancien capitaine de la Gambardella du FC Rouen, en 2023, pensionnaire du centre du formation du FC Metz en 2024-2025, puis Adama Mbengue (31 ans), professionnel sous le maillot du SM Caen (2017-2021) et de Châteauroux (2021-2025). "On manque de caractère, de leadership, d’expérience", justifie le technicien à propos du recrutement de l’international Sénégalais.
Si des renforts sont arrivés, l’ex-coach du FC Saint-Lô précise qu’aucun garçon n’a été mis à l’écart, bien que plusieurs d’entre eux ont été invités à rejoindre la « B » (R2). "On ne les a pas reçus en leur disant : « On ne veut plus de toi, salut ! » Ce n’était pas l’objectif des entretiens qu’on a menés. On a tiré un bilan. On leur a expliqué ce qui n’allait pas, ce dont on avait besoin, on leur a rappelé les engagements qu’ils avaient pris vis-à-vis du club… Et la réponse apportée ne nous a pas satisfaits", confie Djilalli Bekkar, ajoutant qu’un premier avertissement avait été adressé aux principaux concernés pendant la préparation. Mécontent du sort qui lui était réservé, Quentin Stockley a du coup signé avec le FC Neufchâtel (R2), Rémy Chombart a plié bagages (lire encadré ci-dessous), Valentin Carpentier pourrait l’imiter. "Ces joueurs ont préféré quitter le club plutôt que de se retrousser les manches. Ils ont interprété notre discours par : « Vous ne comptez pas sur moi, je m’en vais ! »
"Ces joueurs ont préféré quitter le club plutôt que de se retrousser les manches"
Point commun de ces différents garçons, ils exercent tous une activité professionnelle en dehors du ballon rond, parfois avec des contraintes physiques et/ou d’emploi du temps. "C’est vrai que la charge de travail, avec des entraînements tous les jours, leur posait des problèmes", reconnaît le patron sportif du FCD qui a avancé les séances à 17 heures, contre 18 H 15 auparavant, afin de favoriser les soins, la récupération, le repos…. De là à se demander si la pratique du football, à ce niveau, est compatible avec un « boulot » en parallèle. "Non, c’est très difficile", répond sans détour le coach dieppois. "En N2, il faut être pro (pas dans le sens contractuel). Et sois tu l’es, sois tu ne l’es pas".
Trois points récupérés au classement sur tapis vert
Ce qui a surtout surpris dans ce choix, c’est le timing, après seulement six journées disputées. "Que voulez-vous qu’on fasse ? Qu’il soit trop tard, qu’on coule ?", s’interroge Djilalli Bekkar. "Est-ce que si on avait attendu la trêve hivernale, ça aurait changé quelque chose ?" Pas sûr vu les réactions à l’annonce du départ de Florent Vasseur durant le mercato estival. Et tant pis si ces décisions sont impopulaires auprès d’une partie de l’environnement du FCD. "Que la famille, les proches soient déçus, je peux l’entendre mais avec les dirigeants, on a évoqué la possibilité de procéder à des ajustements en septembre dès cet été. Et on a aussi échangé avec nos supporters (les Blue Herrings), ils étaient en phase avec nous. Ils voient bien que sur le plan sportif, on n’a pas de marge. Notre objectif est de construire un projet pour être compétitif en N2. L’idée n’est pas de se faire peur jusqu’à la fin du championnat".
"Certains pensaient que la saison dernière leur avait donné un statut d'intouchable"
Pas question non plus d’accorder de passe-droit à ceux qui ont contribué à l’accession en National 2 lors de l’exercice précédent. Depuis la mi-juillet et la reprise de l’entraînement, chaque élément est reparti de zéro dans l’esprit du technicien. "Vous savez, tout le monde est important, mais personne n’est indispensable, moi, le premier. Il y a 22 joueurs qui ont participé à cette montée. Déjà cet été, on a dû se séparer de quelques-uns d’entre eux, on n’en avait gardé que 15. Et aujourd’hui, il en reste 11 (sur un effectif de 21 unités). On ne peut pas transformer tous nos joueurs de N3 en joueurs de N2. Certains pensaient que la saison dernière leur avait donné un statut d’intouchable. Ils avaient oublié qu’il fallait bosser avant tout. Mais ça ne me fait pas plaisir qu’un joueur se retrouve dans une situation d’échec, car c’est aussi le mien".
Comme souvent quand des décisions aussi radicales sont actées, seuls les résultats feront foi. "C’est moi qui en suis le garant, je suis le seul entraîneur", rappelle Djilalli Bekkar qui assume complètement ses choix, réalisés "pour le bien du club". Pour le moment, le parcours du promu dieppois, avec trois succès pour autant de défaites sur le terrain, est plus que correct. "Au niveau comptable, on est sur une bonne moyenne. Depuis trois matchs, on dégage une solidité. Maintenant, sur ce qu’on produit, on manque de régularité dans les efforts fournis, dans la qualité de nos productions… Il faut qu’on progresse sur le plan technique, dans nos enchaînements, dans notre capacité à créer du danger", constate le très exigeant coach du FCD dont l’équipe bénéficiera d’un coup de pouce au classement. Alors qu’ils s’étaient inclinés face à Biesheim (J2. 2-1, le 23 août), les Harengs vont récupérer trois points sur tapis verts ; leur adversaire ayant aligné ce jour-là un élément suspendu.
> N2. J7 - Chantilly (13e - 6 points) / FC Dieppe (5e - 9 points), samedi 4 octobre à 19 heures
Rémy Chombart : "Ce sont des prétextes"
Parmi les quatre éléments priés de quitter le groupe de N2 figure Rémy Chombart (25 ans). "Ça fait huit ans que j’étais au FC Dieppe, je ne vais pas tourner la page du jour au lendemain", témoigne, déçu, l’attaquant. "Ça fait drôle de rentrer chez soi après le travail et de ne rien faire. On passe de tout à rien. On m’a demandé de rester avec la réserve, avec une grosse baisse de rémunération, mais ce n’était pas intéressant. Du coup, j’ai quitté le club". Le désormais ex-joueur des Harengs ne croit pas dans les raisons invoquées par les dirigeants du FCD pour justifier son départ. "Quand j’ai demandé si c’était un problème sportif, on m’a répondu que non. On m’a avancé la question des horaires. Mais je ne suis pas certain qu’une séance à 17 heures au lieu de 18 va améliorer le niveau de l’équipe", s’interroge le principal concerné qui travaille dans une concession automobile. "Ce sont des prétextes. Derrière, le club a annoncé qu’il récupérait deux joueurs. Il ne faut pas se leurrer, il voulait économiser un peu d’argent (sur la masse salariale joueurs)".
Ce que ne digère surtout pas Rémy Chombart, c’est le timing de cette décision, "pas bon du tout". "Encore, si on nous l’avait dit au mois de juin, on peut ne pas être d’accord mais ça peut s’entendre. C’est la trêve, le mercato…" Maintenant, l’attaquant - qui nie s’être engagé avec le FC Neufchâtel (R2) contrairement à son ancien coéquipier, Quentin Stockley - est en quête d’un nouveau challenge. "Le foot, pour moi, c’est indispensable, c’est ce que j’adore. Il va falloir que je retrouve un club. Malheureusement, ça ne sera pas Dieppe".