Formé à l'ES Arquaise, à Arques-la-Bataille, à quelques kilomètres au Sud de Dieppe, Jonathan Mortoire ne s’imaginait peut-être pas évoluer aussi haut dans sa carrière. Né en 1981, il arrive chez les Harengs alors qu'il n'a pas encore fêté sa majorité. Le club de la côte d’Albâtre est alors pensionnaire de CFA2 et connaît une accession à l'étage supérieur en 2000 (le CFA à l'époque, le N2 aujourd’hui), puis une lutte à distance avec d'autres équipes, dont l’AS Beauvais Oise, pour grimper en National lors de la saison 2004-2005. C’est à l'issue de cet exercice que le latéral droit de formation quitte la Normandie pour un très court voyage, afin de s’engager avec le club picard où il connaît cette fameuse promotion en troisième division dès sa première année. "J’avais été contacté par Arnaud Dos Santos, un ancien coach (notamment du FC Rouen) et à ce moment-là recruteur pour l’ASBO. Il constituait une grosse équipe pour remonter au troisième échelon". Beauvais étant descendu de ce niveau deux ans auparavant. Malheureusement pour le défenseur, une blessure au tendon rotulien vient gâcher sa deuxième saison dans l’Oise, et à la fin de son contrat, le FCD le rappelle. "C’est Jacky Colinet, grande figure lui aussi, qui m'a fait revenir. Je suis redescendu en CFA2 alors que j’avais des propositions en National et en CFA, mais je voulais être entraîné par une personne comme lui". Il restera à nouveau sept ans chez les Harengs.
Après une courte expérience à l’US Quevilly (en 2014-2015), alors en CFA, puis un passage par l’Entente des Falaises (D1), à Hautot-sur-Mer, où il privilégie sa vie professionnelle avec un emploi à la municipalité qu’il occupe toujours actuellement, Jonathan Mortoire revient une dernière fois à Dieppe en 2022 ! "J’étais en vacances, Guillaume Gonel, le coach, m’appelle en me disant qu’il avait besoin d'un défenseur central. J’avais 37 ans, j’ai hésité. Je ne savais pas si j’avais encore le niveau pour le N3. Mais en 48 heures, c’était finalement réglé. J’ai accepté et ça s’est bien passé". Pour finir son tour de la région, il signe à l’ES Tourville-sur-Arques, sous la direction de Cyril Wood, un de ses meilleurs amis, durant deux saisons avant de migrer sur le banc comme adjoint, puis de reprendre la direction de la formation de Régional 3 cet été (lire encadré ci-dessous). Son amour pour le FC Dieppe est donc viscéral, car sans son premier passage là-bas, il n’aurait certainement pas eu cette carrière aussi riche. "En tout, j’y ai passé 16 ans. C'est énorme. Pour moi, c'est vraiment très particulier. C'est un club que je respecterai toujours et ça ne changera pas, même si je n'y suis plus. Ça m'arrive souvent d'aller le voir".
Son pronostic : "Je vois Dieppe vainqueur"
Au moment où il a quitté le FCD pour l'Oise, les deux équipes évoluaient en CFA, mais les conditions n’étaient pas du tout les mêmes. "A Beauvais, j’ai découvert le monde professionnel", témoigne Jonathan Mortoire. "À cette époque, il y a avait un engouement populaire énorme. On s’entraînait le matin et il y avait des spectateurs aux séances, je n’avais jamais connu ça. Je pense que maintenant, ça a vraiment changé". En effet, si les Picards réalisent un bon parcours en Coupe de France et occupent actuellement la 11e place du groupe B de National 2 (12 points), que fréquente également les Harengs (5e - 18 points), c’est en coulisse que le club tangue sérieusement depuis plusieurs mois, entre difficultés financières et guerres de reprise. "Là où il y a une similitude avec Dieppe, c’est avec cet engouement autour. Il y a un public de dingue, Dieppe est une ville de football. Quand je vois la moyenne des spectateurs tous les 15 jours… Dans les bons comme dans les mauvais moments, ce club a quelque chose de particulier".
Au moment d'évoquer ses meilleurs souvenirs, Jonathan Mortoire n'a pas de mal à choisir. "À Beauvais, c’est clairement la montée en National. On avait une équipe extraordinaire et on avait battu le nombre de points sur une saison de CFA, il me semble. À Dieppe, il y a deux ou trois parcours en Coupe de France notamment. La monté de CFA2 à CFA aussi, celle là restera toujours gravée". Alors, aujourd’hui, et après autant de temps passé à Dieppe et dans ses alentours, l'ex-défenseur a bien un petit pronostic pour cette confrontation à venir contre l'AS Beauvais, au 8e tour ? "Je vais mettre Dieppe vainqueur, car c’est mon équipe de cœur. Mais attention, un match de Coupe de France, ce n’est jamais simple, même si Beauvais est dans une situation compliquée en ce moment". Lors de leur confrontation en championnat (J6. le 20 septembre), les hommes de Djilalli Bekkar s’étaient imposés 1-0 sur un but de Salim Diaby. Pour tenter d’atteindre les 1/32e de finale de la Coupe de France, ils pourront compter sur le soutien de l'un des Harengs les plus historiques.
> Coupe de France. 8e tour - AS Beauvais Oise (N2) / FC Dieppe (N2), samedi 29 novembre à 18 heures au Stade Pierre-Brisson.
Entraîneur de R3, un poste pas du tout prémédité pour Jonathan Mortoire
À part ses « exils » à Beauvais et à Quevilly, Jonathan Mortoire n’a jamais vraiment quitté Dieppe. Arrivé à l’ES Tourville-sur-Arques comme joueur à 41 ans, il est devenu deux ans plus tard adjoint de son ami Cyril Wood durant la saison 2024-2025, avant de reprendre les rênes de l’équipe au départ de ce dernier cet été. "Ce n’était pas prémédité dans ma carrière", témoigne le désormais coach en Régional 3. "On est un club de campagne, avec peu de moyens. Mon équipe est très jeune et on vise le maintien avant de penser à autre chose". Mais lui qui a connu le National crampons aux pieds, avoue avoir besoin encore d'un temps d'adaptation pour diriger une équipe du troisième échelon régional. "Ce sont des bons gamins, investis. Mais parfois, c’est compliqué. Je prône un style de jeu avec une conservation du ballon. Après, à ce niveau, ce n’est pas toujours évident d’arriver à leur demander certaines choses. Je m’énerve parfois un peu trop parce que je suis resté joueur dans ma tête. Et il y a parfois des choses que je n’arrive pas à comprendre moi aussi". Mais sa carrière sur le banc n'en est qu'à ses prémices.






