Proche des siens, Enzo Beuvain s’épanouit au FC Dieppe

"Quand tu es plein axe, joue la pour toi". Cette consigne, Djilalli Bekkar n’a cessé de la rabâcher à Enzo Beuvain, la semaine dernière, en marge de la victoire des siens à Blois (1-0), en ouverture du championnat de N2. Contre Biesheim, pour le premier rendez-vous de la saison à Dasnias, le milieu dieppois a entendu le message. Alors que son équipe était menée au tableau d’affichage depuis une poignée de minutes (19’), le n°8 des Harengs a décoché un tir des 20 mètres qui est venu se loger dans la lucarne de Jérôme Idir, le portier adverse (25’). "Je pense que le coach va être content", sourit-il. "A l’entraînement, on me répète tout le temps de frapper. Cette fois-ci, j’ai pris ma chance. Et elle est plutôt bien partie". Une tentative du gauche, lui le droitier. Mais pour cet ambidextre, peu importe le pied. D’ailleurs, le principal intéressé aurait pu signer un doublé, du droit, juste avant la pause. Au terme d’un rush dont il a le secret, à la limite du déséquilibre, il se heurtait au gardien alsacien. "C’est un joueur puissant, capable de transpercer les lignes", décrit Djilalli Bekkar.

Quelques instants après cette balle de 2-1, Yann Atheba butait, lui aussi, sur Jérôme Idir. Avec le recul, c’est certainement à ce moment-là que le FCD a vu ce match lui échapper (2-1). "On fait une très grosse fin de première mi-temps, on se procure beaucoup d’actions mais on ne marque pas", regrette Enzo Beuvain. Et au retour des vestiaires, coup sur coup, les Harengs se sont retrouvés à dix, à la suite de l’expulsion pour deux « jaunes » de Batissaninque Mendes (57’), puis de nouveau à courir après le score avec le deuxième but biesheimois, consécutif à un coup de pied arrêté (61’). "On ne peut pas rejeter la faute sur Bate. Derrière, on se crée encore plusieurs occas’". Jusque dans les arrêts de jeu, les locaux, poussés par leur kop, ont cru arracher le partage des points mais à l’instar de cette ultime situation, impliquant les entrants Kader N’Chobi et Rémy Chombart, l’efficacité n’était pas du côté dieppois ce samedi soir. "C’est frustrant".

Des expériences compliquées à Amiens et à Bourg

"C’est la défaite d’un promu", peste le très exigeant Djilalli Bekkar, référence à la phase d’apprentissage de son collectif dans cette quatrième division. Certes, mais en deux sorties, ses hommes ont fait plus que répondre présent, Enzo Beuvain en tête. "Je l’attends à ce niveau". Il faut dire que le « gamin » de Saint-Nicolas-d’Aliermont possède un joli CV. Mais entre une méchante blessure à la cheville gauche (une double fracture) qui lui a valu six mois d’arrêt en 2023, dont il garde encore une trace avec cette plaque autour de son articulation, et des conseils pas toujours avisés de son ancien agent, l’ex-capitaine des U17 et U19 nationaux de Guingamp s’est un peu perdu en cours de route. Ses expériences avec la réserve d’Amiens (N3), là où il s’est sérieusement blessé, et à Bourg-en-Bresse (N3), où le technicien en place (Jordan Gonzalez, actuellement en poste à Versailles, en National), pas averti de ses antécédents médicaux, l’a rétrogradé avec la « B » (R1), ne lui laisseront pas de souvenirs impérissables.

"Quand tu sors d’un centre, c’est toujours compliqué de trouver le bon projet", reconnaît celui qui a choisi de revenir à la maison il y a environ un an. C’est en retournant près de sa famille à l’été 2024 qu’Enzo Beuvain a donné un second souffle à sa carrière naissante, en témoigne son titre de meilleur milieu de terrain normand de N3 la saison passée lors d’un vote organisé par notre rédaction. "Forcément que ça y contribue", confirme le Dieppois. "Je suis beaucoup plus stable mentalement, nettement plus heureux de venir à l’entraînement. Le coach me fait confiance, j’essaye de lui rendre la pareille". Et du haut de ses 22 ans, le n°8 des Harengs n’a pas abandonné l’espoir de devenir un jour professionnel. "Je ne me fixe pas de limites. Mais pour aller plus haut, il faut déjà faire une grosse saison". En contribuant notamment au maintien du FCD en N2. De ce qu’on a entraperçu ce week-end à Dasnias, cela semble largement dans ses cordes et de celles de ses coéquipiers.