Régis Brouard : "Il fallait changer beaucoup de joueurs, car trop de choses s’étaient installées"

Depuis le début de la préparation, il se dégage un sentiment de sérénité autour du FC Rouen, peu habituel ces dernières saisons…

"Ce club a besoin avant tout de tranquillité. Aujourd’hui, il n’y a pas d’effets d’annonce. De toute façon, ça ne sert strictement à rien, à part générer de l’excitation autour de nous, de faire croire à des objectifs irréalisables, de susciter de faux espoirs chez les supporters, les sponsors, les investisseurs... Ce n’est tout simplement pas la vérité. Soyons dans le concret. Il y a ce qu’on peut faire et il y a ce qu’on ne peut pas faire".

Cette "tranquillité", on a l’impression que vous y contribuez largement ?

Vous évoquez "les personnes qu’il fallait embaucher". Justement, l’une des principales nouveautés de cette saison au FCR, c’est l’arrivée de Christophe Chareyre en tant que coordinateur sportif, un poste qui n’existait pas auparavant au sein du club. Il pilote notamment le mercato à vos côtés…

"Sur l’arrivée de Christophe Chareyre, je souhaiterais tout d’abord préciser un point, car j’entends tout un tas de choses. Je vais le dire haut et fort, ce n’est pas mon pote. La première fois que je l’ai rencontré, c’est lors de notre entretien avec Gauthier (Lemaître, le directeur général). D’ailleurs, il est hors de question que je bosse avec des potes. Ce fut le cas une fois, ça s’est très mal passé (avec Karim Fradin, à Niort). J’ai commis une grosse erreur à l’époque. Pour en revenir à ce poste de coordinateur sportif, l’idée est que je sois déchargé de certains aspects liés au recrutement, comme la relation avec les agents. Et si Christophe Chareyre est là aujourd’hui, c’est parce qu’on a considéré que c’était la personne adéquate par rapport à notre club, à nos manques et ce qu’il nous a présentés. Et jusqu’à présent, on peut dire qu’il a très bien fait son travail. Il a beaucoup bossé pendant la trêve. Pendant les vacances, tous les jours, on était au téléphone pour parler mercato, profils de joueurs, de ce qui était possible ou pas…"

L’autre grand changement de cet été, c’est votre installation au complexe de La Petite Bouverie pour vos entraînements*…

"La saison dernière, j’ai beaucoup râlé par rapport à nos conditions de travail. Elles n’étaient pas conformes à un club qui a soi-disant des ambitions. Tout le monde doit bien comprendre que le terrain, c’est l’outil de travail des joueurs. Par ailleurs, je souhaitais qu’on évolue dans un cadre un peu plus tranquille. En nous mettant à disposition La Petite Bouverie, la Mairie a fait des efforts. Désormais, on dispose d’un site où on passe du temps ensemble. Quand les travaux seront terminés (avec la mise en place de systèmes de drainage), on aura deux terrains à disposition. Quand on se souvient qu’avant, on avait du mal à en voir juste un… L’axe de progression du site concerne les vestiaires, ce sont des bâtiments assez vétustes. J’aurais aimé avoir un grand vestiaire pour réunir tout le monde. Là, on répartit les joueurs dans deux blocs".

*En vertu d’un accord passé la saison dernière, et toujours en vigueur, avec la Métropole de Rouen, qui assure la gestion de Diochon, le FCR dispose d’une semaine sur deux, celle avant ses matchs à domicile, du terrain de La Ferme, jouxtant le stade. Un principe identique s’applique pour QRM.

Avec 11 arrivées pour 14 départs (lire encadré ci-dessous), votre effectif qui comprend au total 26 joueurs a également été pas mal chamboulé durant ce mercato…

Compte tenu de l’histoire du FC Rouen, de votre expérience sur le banc, de votre recrutement, beaucoup de vos concurrents et d’observateurs de ce championnat de National vont vous coller l’étiquette de candidat à la montée en Ligue 2…

"Vous pouvez nous mettre toutes les étiquettes que vous voulez. La réalité, c’est que sur les 18 équipes de ce championnat, quel entraîneur n’a pas envie d’avoir les meilleurs résultats ? Heureusement, tout le monde a des ambitions. Maintenant, c’est vrai que le FC Rouen est un club particulier, populaire qui bénéficie d’un important soutien. L’attente est forte. C’est aussi pour cette raison que j’ai décidé de rester ici. Après, il ne faut pas oublier qu’on a des adversaires, certains ont mis beaucoup de moyens. Il y a des clubs solides : Sochaux, Caen, Valenciennes. Quand on regarde leur recrutement et leur investissement, on est un peu loin de tout ça".

Avec deux matchs à huis clos à Diochon pour commencer

Les Rouennais ne bénéficieront pas du soutien de leurs supporters pour leurs deux premières sorties à Diochon ; l'enceinte étant frappée d'un huis clos. ©Damien Deslandes

Pour lancer cette saison 2025-2026 à la maison, le FCR composera sans le soutien de ses supporters ; les Rouennais devant encore purger deux matchs à huis clos, les réceptions de Fleury (le 8 août) et de Sochaux (le 22 août). Conséquence de la sanction écopée lors de l’exercice précédent à la suite du derby contre QRM*. "C’est dommageable", déplore Régis Brouard. "Surtout que le calendrier qui nous est proposé au début est difficile. On affronte pratiquement tous les favoris à la montée (Dijon, Sochaux, Valenciennes). Quand on connaît l’importance du public à Diochon, il nous a souvent permis de l’emporter".

Même s’il est parfaitement conscient de la gravité des faits reprochés, le coach des « Diables Rouges » estime cette condamnation "sévère" et loin d’être anodine sur le plan économique. "Les clubs de National rencontrent des problèmes d’argent. Si, en plus, on nous enlève des recettes… Pour la bêtise d’une personne (l’auteur de ce jet de briquet qui a touché l’arbitre assistant), vous sanctionnez tout un club. J’en veux à la personne qui a commis ce geste".

*Pour l’utilisation d’engins pyrotechniques et surtout pour un jet de projectile (un briquet) ayant touché un officiel (un arbitre assistant), lancé depuis la tribune Lenoble où s’étaient massés les supporters rouennais, le FCR a été sanctionné de trois matchs à huis clos à Diochon dont un par révocation d’un sursis. Le premier a été purgé lors de la dernière rencontre à domicile la saison passée.