Alors que tous les ans, des clubs mettent la clé sous la porte à cause d’un manque de moyens humains et financiers, découragés par la lourdeur administrative, lassés des comportements de certains acteurs sur et en dehors du rectangle vert, d’autres, à la passion toujours intacte, se lancent dans l’aventure. C’est le cas de Raoul Denis. "On est vraiment parti de zéro", confesse-t-il. En juin 2021, il a fondé le Friends United FC. "Avant, je faisais du futsal dans un Five (un complexe privé). Mais pendant les différents confinements, tout s’est arrêté", rembobine ce passionné de ballon rond. C’est durant cette période, privé de son passe-temps, que son projet a mûri dans sa tête. "L’idée, c’était de créer un club en réunissant des copains partageant des valeurs communes : le fair-play, la bonne ambiance, le plaisir de jouer… A travers la pratique de notre sport, on veut défendre un état d’esprit".
Dans cette histoire, Raoul Denis - également joueur et secrétaire général - a embarqué toute sa famille… ou presque. Son papa, Jean-Pierre, occupe la présidence, son beau-père, Joël, officie comme délégué les jours de match, son épouse, Cindy, apporte le café à l’équipe tous les dimanches tandis que son beau-frère, Mickaël, basketteur de formation, a, lui, chaussé les crampons. A l’image de ce dernier, le fondateur de Friends United FC a sondé son entourage pour constituer un effectif. De ses voisins aux collègues de bureau en passant par les papas de l’école de son fils, Tom, le public est très hétérogène. "J’ai aussi un éducateur du club de mon fils (Stade de Grand-Quevilly), Sylvain, et un étudiant marocain, Nabil, qui fait ses classes sur Rouen", poursuit celui qui s’est attaché les services, ô combien précieux, d’un arbitre bénévole, Tony Godefroy, qui assure la touche ou le « centre » en fonction des rencontres à domicile ou à l’extérieur.
Même s’il a été parfaitement accompagné dans ses démarches par les instances, la Ligue de Normandie et surtout le District de Seine-Maritime, Raoul Denis a dû surmonter de nombreux écueils afin que son projet voie le jour. Et découvert quelques subtilités du football 2.0. "La dernière fois que j’étais joueur, les feuilles de match étaient encore en version papier. Là, j’ai appris à la rentrer sur la tablette numérique", témoigne-t-il avec le sourire. Si cela demeure une anecdote amusante, dénicher un stade où évoluer s’est avéré être un tout autre défi. Un défi loin d’être simple au regard de la saturation des infrastructures dans l’agglomération rouennaise. "Ce fut très compliqué", ne cache pas le secrétaire général qui a fait le tour des terrains de Rouen et de sa périphérie pour trouver son bonheur. "Après, il faut dire que comme on était nouveau, personne ne nous connaissait et on n’avait pas forcément les contacts". Finalement, Friends United FC a établi ses quartiers à Amfreville-la-Mi-Voie, à environ un quart d’heure de la ville aux cent clochers, où il partage les installations avec le club local, l’ASML. "Il y a quelques années, j’avais joué là-bas. Ça a facilité nos rapports avec la mairie. On a construit une relation de confiance avec le chargé des sports, M. Didier Fenestre".
Le recrutement d'une demi-douzaine de jeunes a apporté un second souffle
Sans entraîneur attitré, les séances fixées au mercredi et les matches qui se déroulent le dimanche sont placées sous la responsabilité d’un trio de joueurs un peu plus expérimenté : Christophe Martin, le capitaine Clément Dufossé et Raoul Denis en personne. Pour s’équiper, avec notamment un jeu de maillots, le dirigeant a pu compter sur la générosité de l’un de ses amis courtier, Ludovic Duhamel. Le budget, qui dépasse à peine le millier d’euros, a été bouclé avec les licences et l’organisation d’une poignée de manifestations tel un loto. "Comme on ne représente pas une commune, on ne touche pas de subventions publiques. Tout notre financement est privé".
Sur le plan sportif, le Friends United FC, engagé dans le championnat de D3 matin, a vécu des débuts "chaotiques", de l’aveu même de son fondateur. La faute à un groupe trop juste en quantité. "On n’avait que 16 licenciés et quelques-uns d’entre eux se sont blessés très rapidement, surtout nos vétérans qui pour certains, reprenaient le sport. Pour d’autres, le foot était une découverte". Conséquence, les trois premières sorties officielles (dont on taira les résultats) se sont transformées en calvaire. "A ce moment-là, on s’est demandé si on ne s’était pas lancé trop tôt". Mais le recrutement d’éléments supplémentaires dont une demi-douzaine de jeunes a permis d’apporter un second souffle à l’association.
"Un papa de l’un des jeunes avait repéré nos entraînements en se baladant en vélo. Ils sont venus à notre rencontre. Aujourd’hui, on est 31". Si le compteur victoire n'est toujours pas débloqué à ce jour, le match nul contre la réserve de Boos (1-1, le 30 janvier) a été vécu comme un succès. Et puis, de toute façon, la priorité se situe ailleurs pour le club de Raoul Denis. "L’idée était de fédérer autour de nous et ça a pris. Après six mois d’existence, on est complètement satisfait du résultat. Nos adversaires saluent notre état d’esprit, le fait qu’on ne s’engueule pas…". Et demain ? "L’objectif, c’est de pérenniser le club tout en gagnant en crédibilité sur le terrain". Quoi de mieux pour cela que de décrocher cette fameuse première victoire. Dès dimanche ?
Friends United FC
> Président : Jean-Pierre Denis
> Fondateur : Raoul Denis
> 31 licenciés
> 1 équipe engagée en D3 matin