Samedi soir, devant quelques dizaines de supporters, les partenaires de Nicolas Burel effectuent une ultime séance dans l'optique de leur 1/16e de finale face au SCO avant de partager un repas en commun. Par contre, pas de mise au vert. "Au départ, on avait envisagé une nuit à l'hôtel mais en discutant avec les plus anciens, ils nous ont fait comprendre qu'ils dormaient mieux chez eux", nous avait expliqué dans la semaine David Giguel. "On leur a fait confiance. Ça avait bien fonctionné contre Metz". Ses joueurs se retrouvent à Diochon le lendemain matin, sous les coups de 10 h 45. D'ici au coup d'envoi du match fixé moins de sept heures plus tard, le timing est serré. Après un déjeuner dès 11 heures, les « Diables Rouges » prennent la direction d'un hôtel à proximité du stade pour une sieste (obligatoire) ainsi qu'une collation.
Dans la petite salle de réunion laissée à disposition par l'établissement, l'ambiance est studieuse pour la causerie du coach rouennais. Montage vidéo, positionnement, coups de pied arrêtés défensifs, offensifs..., l'entraîneur distille ses consignes tactiques. Et pour David Giguel, pas question de nourrir un complexe d'infériorité. Quand bien même c'est une Ligue 1 en face. "On mérite tout autant qu'Angers d'être en 1/16e, voire peut-être plus. Donc, on ne va pas se caguer dessus. On va les regarder les yeux dans les yeux (en se tapant le poing dans la paume de la main), le buste droit", lance-t-il avant de rendre un hommage appuyé à son groupe.
"Plein de gens aujourd'hui veulent s'attribuer la réussite du FC Rouen. Mais cette réussite, c'est celle des joueurs. Les principaux personnages de cette aventure, c'est vous. Pourquoi ? Parce que vous avez taffé comme des malades. Il n'y a que le travail qui permet d'obtenir des résultats", rappelle le patron technique du FCR. Un entraîneur ne voulant pas que ce rendez-vous soit galvaudé. "Comme on a déjà battu Metz (L1), Orléans (L2), Avranches (N1), pour certains, ces exploits sont devenus une habitude. Non, non et non ! C'est un moment extraordinaire. Les gars, mettez-vous bien dans la tête que ce que vous allez vivre, même des clubs de Ligue 2 ne l'ont jamais connu".
Une pensée pour Fred Dembi, le grand absent
Retour à Diochon. Reconnaissance de la pelouse, pose des straps, exercices de proprioception..., chacun s'affaire pour les derniers préparatifs à l'image du capitaine Nicolas Burel qui "use ses chaussettes neuves pour qu'elles ne glissent pas dans les chaussures". Une qualification tient aussi dans le moindre détail. Dans le vestiaire décoré avec des photos et des articles de presse des tours précédents, la musique bat son plein. Mahamadou Diarra exécute même quelques pas de danse. La bonne humeur est de rigueur avant le début de l'échauffement. C'est le moment choisi par David Giguel pour reprendre la parole avec notamment un mot pour Fred Dembi, le grand absent de l'après-midi*. "Fred méritait de jouer ce match. Mais le règlement a été appliqué à la lettre par cinq robots sans cœur", regrette-t-il.
Le cœur, une valeur fondamentale aux yeux du coach normand. "Le foot, c'est de la passion, des émotions, du partage. C'est ce qu'on est en train de vivre. Ça me rappelle ces instants où on était tous contents de se retrouver dans la cour de récré pour pratiquer le sport qu'on adore", ajoute-t-il tout en rappelant la notion clé de collectif. "On tire tous dans le même sens, on va tous au casse-pipe ensemble, il n'y a pas de star. (Kevin) Sainte-Luce, il se bat pour Burel, (Vincent) Fourneuf, il se bat pour (Clément) Bassin, (Adama) Sidibé, il se bat pour (Jonathan) Monteiro...".
Une équipe soutenue, ce jour-là, par plus de 10 000 supporters. "Diochon va se mettre sur son 31", avait prédit, un peu plus tôt dans la journée, le technicien rouennais. Il n'avait pas menti. "Vous n'allez pas être seuls les gars. Vous allez jouer devant un Diochon plein et acquis à votre cause. Sur chaque course, chaque duel, chaque ballon, le peuple rouge va être derrière vous. Ils vont sauter, tacler, faire des arrêts avec vous. Ces supporters vont vous donner de la force", annonce David Giguel. "Et si on passe ce tour, c'est toute la France du foot qui va s'identifier à notre équipe, parce qu'on partage des valeurs, parce qu'on lui ressemble. On a déjà reçu une tonne de témoignages". Salve d'applaudissements. C'est l'heure de rentrer dans l'arène.
*Pour avoir ôté son maillot après son but contre Metz en 1/32e de finale, dévoilant ainsi celui de Nathaël Julan, son ami tragiquement décédé dans un accident de la circulation trois jours plus tôt, Fred Dembi avait écopé d'un avertissement, synonyme de suspension face à Angers. Malgré un appel à la clémence lancé par l'intéressé sur les réseaux sociaux et le soutien de la France du foot (supporters, joueurs, médias...), cette sanction a été confirmée par la Commission d'appel de la FFF.