"Prenez vos responsabilités. Aujourd'hui, dans le groupe, il y a la moitié des joueurs qui évoluent en R1 ou en R2 chez les seniors, mais on ne les voit pas. Vous n'allez quand même pas passer à côté de ce match. Les regrets, c'est interdit. A 17 ans, on n'a peur de rien. Mettez-leur le feu". Et si la qualification de La Mos s'était jouée à la pause avec ce discours de David Caillard, l'entraîneur de l'équipe fanion ? Car, au moment de rentrer dans les vestiaires de Déterville, les jeunes pousses maladiennes accusaient un but de retard au tableau d'affichage (1-0) ; les « Rouge et Gris » s'étant fait surprendre au quart d'heure de jeu sur une merveille de coup franc signé de Kais Guernou, incontestablement le meilleur élément abbevillois.
Un avantage, certes, complètement contre le cours du jeu au regard du nombre d'occasions obtenues par les locaux durant l'acte initial à l'image d'Alex N'Dongala (31') ou encore Ibrahima Soumah (33') qui rataient quasiment l'immanquable. Toutefois, ce scénario, avec un léger relâchement de ses troupes, Tom Auger le redoutait. Le coach des U18 les avait d'ailleurs mis en garde avant le coup d'envoi. "J'inclus tout le monde, moi, le staff mais je nous trouve assez détendu, peut-être un peu trop", avait-il alerté en préambule de sa causerie. "Est-ce que le curseur n'est pas un peu trop haut niveau détente ? C'est naturel d'être en confiance quand on a sorti le PSG (au tour précédent). Mais attention à ne pas se sentir trop en confiance. Il ne faut pas se dire que c'est acquis. Il n'y a rien de fait. Si notre adversaire est là en face, c'est qu'il le mérite".
"L'exploit, ce n'était pas de battre Paris, c'est de gagner aujourd'hui"
Tom Auger, coach des U18
Car oui la réception du SC Abbeville, pensionnaire également de R1 comme La Mos, ressemblait fort à un match piège. "L'exploit, ce n'était pas de battre Paris, c'est de gagner aujourd'hui. C'est nous les favoris". Un statut pas forcément évident à assumer. C'est pourquoi, sentant que les coéquipiers de Terry Leboulanger étaient en train de passer à côté de l'événement, David Caillard a pris la parole à la mi-temps. Le technicien leur a tenu ce fameux discours, pour le moins musclé. 45' et trois réalisations plus tard, les Maladiens compostaient leur ticket pour les 1/8e de finale de la Gambardella ; une performance historique pour ce club de l'agglomération caennaise ! Tout sauf un hasard. "David a fait une intervention décisive vis-à-vis des joueurs", se félicitait Tom Auger. "C'est là qu'on voit que c'est le travail de tout un club".
"Prenez vos responsabilités Dans le vestiaire, il y a la moitié des joueurs qui jouent en R1-R2 en seniors Vous n’allez quand même pas passer à côté de ce match"
🎙️ Le discours du coach de l’équipe 1re David Caillard décisif dans la qualif des U18 @MaladrerieCaen @GambardellaFFF pic.twitter.com/cLypphhjiK— FOOT NORMAND (@FOOT_NORMAND) February 2, 2025
A trois matches du Stade de France
Bien sûr, David Caillard ne fut pas le seul artisan de ce succès. Loin de là. Les joueurs se sont aussi pris en main. A commencer par Moussa Coulibaly, entré à la pause après avoir été éloigné trois semaines des terrains à cause d'une blessure. "Les gars, on est tombé dans la facilité. Si on continue comme ça, il n'y aura rien pour nous au bout. Il faut qu'on libère plus vite le ballon, une, deux touches..." Des consignes parfaitement respectées par ses partenaires. Pour preuve, l'égalisation d'Hamza Ghertil. Un but inscrit relativement tôt au cours de la seconde période qui a libéré les 1 000 spectateurs de Déterville (56'). En claquant un doublé à 15 minutes de la fin sur un service de Noé Caillard, l'excentré a de nouveau fait exploser de joie le public caennais (73'), scellant la qualif' des siens (3-1).
"Quand le pied est réglé, en général, c'est lucarne (sourire)"
Lucas Leterrier, auteur du deuxième but
Entre-temps, Lucas Leterrier avait fait parler la qualité de son pied droit pour donner l'avantage à son équipe. D'un « coup de pompe » incroyable sur coup de pied arrêté, le n°8 des « Rouge et Gris », avec la complicité du soleil couchant, avait trompé la vigilance du portier picard (60'). "Au départ, l'idée, c'est de centrer pour Alban (Lepeltier), Thibaut (Vaillant), nos joueurs de tête, mais quand je la tape (la balle), je vois que le gardien recule, recule et quand le pied est réglé, en général, c'est lucarne", s'en amuse l'artificier en chef du côté maladien.
Son billet en poche pour le tour suivant, La Mos entre dans un cercle fermé ; celui des 16 dernières « écuries » en lice dans cette Coupe Gambardella. Lors du tirage au sort des 1/8e de finale jeudi (6 février, à 12 heures), il sera très bien accompagné avec des clubs formateurs aussi prestigieux que Lyon, Nantes, Rennes, Monaco, Auxerre ou encore Toulouse sans oublier le voisin normand de l'US Avranches, vainqueur du FC Montfermeil (2-1), mais pas le Stade Malherbe, battu au Racing Club de France (3-1). "Je suis peut-être fou mais dans quatre matches, vous pouvez être au Stade de France. Oui, c’est beaucoup quatre matches mais est-ce qu’on a le droit de rêver", avait lancé Tom Auger à ses jeunes protégés dans l'intimité des vestiaires avant le coup d'envoi. Désormais, il ne reste plus que trois marches avant de fouler la pelouse de l'enceinte dionysienne et le rêve de l'entraîneur caennais devient, tout d'un coup, un peu moins fou.
"Je suis peut-être fou mais dans 4 matchs, vous pouvez être au Stade de France. Oui, c’est beaucoup 4 matchs mais est-ce qu’on a le droit de rêver"
🎙️ La causerie du coach Tom Auger avant le 16e de finale de La @MaladrerieCaen @GambardellaFFF pic.twitter.com/TFnScWJ266— FOOT NORMAND (@FOOT_NORMAND) February 2, 2025