L’avant-match
"J’ai beaucoup hésité sur les hommes, mais je suis sûr que je ne me suis pas trompé"
16 heures. Avant leur confrontation contre Le Havre Caucriauville (N3), les Bayeusains rejoignent au compte-goutte le Stade Henry-Jeanne. On ne voudrait pas cafter mais certains arrivent même avec une poignée de minutes de retard dont Benjamin Renaux. L’attaquant, de retour cet été dans le club du Bessin, devra passer à la caisse. "En coupe, c’est double", s’exclame l’un de ses partenaires. On ne vous parle pas du coup de l’amende dont il va falloir s’acquitter à la suite de son interview vidéo post-match. Désolé Ben… Après cette parenthèse pécuniaire, le sérieux est rapidement de vigueur dans les rangs « Jaune et Bleu ». « Force collective », « faire les efforts les uns pour les autres », « procurer des émotions »… Pour les imprégner de l’esprit de cette « Vieille Dame », Eric Fouda leur diffuse quelques images de l’épopée qu’il a vécue jusqu’en 1/8e de finale à la tête de l’US Quevilly en 2005. En découvrant leur coach à la TV avec 20 ans de moins, plusieurs joueurs ne peuvent s’empêcher d’esquisser un sourire.
Il est temps de rallier le vestiaire. Et pour décrocher une qualification au 7e tour ; ce que le BFC n’a plus réussi depuis 2010 (!), chaque détail a son importance à l’image de Florian Lemasson qui visse avec minutie ses crampons. Tour à tour, les cadres prennent la parole. "Ce n’est pas que nous, c’est aussi pour les bénévoles. Nous, on a juste à jouer un match. Vous avez vu le monde qu’il y a pour nous voir. On a tous un proche, un membre de notre famille qui est là. Sur chaque course, on doit y penser", lance Paul Aubel. "Notre premier objectif, c’est d’installer le doute, tout de suite. Quand le doute s’installe chez l’adversaire, vous avez gagné une partie du match", avait pointé un peu plus tôt Eric Fouda durant sa causerie. Un message que ses troupes ont parfaitement entendu. Il suffit de se souvenir de cette occasion de Romain Guillotte, dès le quart d’heure de jeu pour en être convaincu. "Je compte sur vous", prévient le technicien normand. "J’ai beaucoup hésité sur les hommes, mais je suis sûr que je ne me suis pas trompé". Ses joueurs ne le feront pas mentir.
"La @coupedefranceCA, ce n’est pas que gagner un match, ce sont les émotions que vous procurez. Le match, il appartient aux joueurs"
🎙️ Eric Fouda avant le 6e tour 🆚 Le @HavreSportif (#N3). Le coach du @Bayeux_FC (#R1) a partagé des images de son aventure avec l’USQ pic.twitter.com/edN7EGqVaU— FOOT NORMAND (@FOOT_NORMAND) October 25, 2025
La mi-temps
"C’est interdit de faire moins d’efforts en deuxième"
A peine de retour dans le vestiaire, Oscar Lecanu s’excuse auprès de ses coéquipiers. A quelques minutes de la pause (39’), le portier bayeusain a causé une grande frayeur aux 1 000 spectateurs d’Henry-Jeanne. N’ayant pas vu Amadou Ba dans son dos, il s’est fait subtiliser le « cuir » au moment de relancer. Heureusement pour le BFC, la frappe de l’attaquant de Caucriauville qui a suivi n’a pas attrapé le cadre. "Je m’en voulais un peu car ça ne renvoie pas de la sérénité", commentera-t-il après coup. Mais l’ex-gardien du FC Saint-Lô se fera largement pardonner dans les arrêts de jeu de la seconde période en sortant une horizontale énorme sur la tentative d’Houcine Ouadah. Il a parfaitement écouté ses partenaires qui lui avaient ordonné de "passer à autre chose". Car cette erreur s’est révélée sans conséquence. A la mi-temps, ce sont, bel et bien, les « Jaune et Bleu » qui réalisent la course en tête au tableau d’affichage, grâce à un penalty de Romain Guillotte, consécutif à une intervention par derrière sur Benjamin Renaux où l’attaquant y a laissé une partie de sa cheville.
"Ma cheville ? Elle ne ressemble plus à grand-chose", en plaisante presque l’intéressé qui a serré les dents après le repos. Eliott Péan, lui, a filé direct à la table de massage pour se faire « strapper » la cuisse par le kiné Nathan Thebault ; la faute à une pointe ressentie au cours du premier acte. Malheureusement, la blessure est trop handicapante, sa cuisse ne résistera que dix minutes supplémentaires. Les joueurs d’Eric Fouda vont au bout d’eux-mêmes. Il faut dire qu’ils se trouvent à 45’ d’un exploit. "On ne leur donne rien. On est des morts de faim", tonne le buteur. "C’est interdit de faire moins d’efforts en deuxième qu’en première. Impossible". "Tout à l’heure, on parlait d’installer le doute. Si on tient 15-20’ sans prendre de but, ils vont avoir un doute énorme. Ils se demanderont : « Quand est-ce qu’on va marquer ? »", rappelle Paul Aubel. "On sait ce que c’est. On a été mené deux fois au score en championnat et on n’est pas revenus. C’est dur". Le milieu offensif du club du Bessin ne croit pas si bien dire. Jamais Caucriauville n’égalisera.
🎥 Grâce à ce penalty de Romain Guillotte (22’), à la suite d’une faute sur Benjamin Renaux (qui y a laissé une partie de sa cheville au passage), le @Bayeux_FC (#R1) mène 1️⃣-0️⃣ 🆚 Le @HavreSportif (#N3) @coupedefranceCA pic.twitter.com/7RLn3Ki2zc— FOOT NORMAND (@FOOT_NORMAND) October 25, 2025
L’après-match
"J’ai vu mes Bayeusains aujourd’hui"
Pour le banc bayeusain, les arrêts de jeu paraissent interminables. Sorti à un quart d’heure du terme, Romain Guillotte se mue presque en adjoint d’Eric Fouda, distribuant quelques consignes. Une activité dans la zone technique qui n’est pas du goût de M. Jules Delaroque. Après un premier rappel à l’ordre, l’arbitre dégaine un carton jaune à l’encontre du dirigeant Michel Martin, dit « Mimi », certainement le plus calme de la bande ! Après 95 longues minutes, le coup de sifflet final retentit comme un soulagement. "On n’est pas beaux mais on défend", s’en amuse Paul Aubel, en référence à cette seconde période où les siens ont souffert. Les yeux embués de larmes, Luis Ferreira-Pavesi, lui, ne peut masquer son émotion. "Quand on voit le président pleurer, ça veut tout dire", résume Benjamin Renaux. Pour le « patron » du BFC, qui avait été déposé un cierge dans la journée de samedi à la cathédrale Notre-Dame, cette victoire est lourde de sens. Les démons du passé sont exorcisés. Il y a un an, son équipe avait été éliminée sur tapis vert contre le SU Dives-Cabourg (N3) ; la faute à un éclairage défectueux, un pylône ne s’étant pas allumé à la mi-temps.
Désormais, cet épisode appartient définitivement à de l’histoire ancienne. Place à la fête, à Henry-Jeanne, les scènes de liesse s’enchaînent alors que le speaker énumère le prénom des héros du jour. "Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Bayeux au 7e tour", chante Corentin Driaux, le gardien remplaçant repris en chœur par tout un club. Même le très placide Eric Fouda se lâche… un peu. "J’ai vu mes Bayeusains aujourd’hui", répète l’entraîneur dans le vestiaire sous les acclamations de son groupe. "P…, cette qualification fait extrêmement plaisir", se réjouit Benjamin Renaux, la voix cassée. "La coupe, c’est le visage historique du club". Cette aventure se poursuivra, a minima, jusqu’à la mi-novembre. Désormais, dans le Bessin, tout le monde n’attend qu’une seule chose : le tirage au sort du 7e tour, mercredi (29 octobre, à partir de 10 H 30), au siège du CNOSF.
« Mais qu’est-ce qui s’est passé ❓ Bayeux au 7e tour »
🥳 Pour la 1re fois depuis 2010, le @Bayeux_FC (#R1), vainqueur du @HavreSportif (#N3) 1️⃣-0️⃣, se qualifie pour le 7e tour @coupedefranceCA pic.twitter.com/ZTkNewUy9G— FOOT NORMAND (@FOOT_NORMAND) October 25, 2025






