Il aurait dû prendre place dans les tribunes du Stade Fred-Aubert de Saint-Brieuc (N2), le 4 janvier, pour assister à l'exploit de ses anciens camarades de promotion Djibi Sarr, Seref-Can Buyuk et David Bangala avec Gonfreville en Coupe de France (1-1, 4-3 tab). "Dès le tirage au sort, il m'avait dit qu'il viendrait nous voir", confie David Bangala (22 ans). Mais son tragique destin en a décidé autrement. La veille de ce 1/32e de finale, Nathaël Julan a perdu le contrôle son Audi Q5 sur une route départementale en direction de la préfecture des Côtes-d'Armor. En dépit des soins prodigués par les premiers secours à leur arrivée, l'attaquant aux origines guadeloupéennes n'a pas survécu à ses blessures.
Une terrible nouvelle que David Bangala et ses coéquipiers ont appris dans le bus les conduisant en Bretagne. "Pour ce match de coupe, quelques potes devaient dormir chez lui. Mais il ne répondait plus au téléphone. Au début, je ne me suis pas trop inquiété car il aimait bien nous faire des blagues en nous faisant poireauter. Au bout de trois quarts d'heure, j'ai contacté sa femme pour lui demander si elle savait où il était. Cinq minutes plus tard, elle m'a rappelé pour m'annoncer qu'il était mort", raconte le défenseur des « Rouge et Noir » qui a eu beaucoup de mal à réaliser le décès de l'un de ses meilleurs amis.
"Je n'y croyais pas. Plusieurs jours après, je n'y croyais toujours pas d'ailleurs. Quand on parle de lui, je vois son image. Une heure avant son accident, on rigolait ensemble sur Snapchat". Malgré la disparition de leur « frère », les hommes de Rachid Hamzaoui ont trouvé les ressources pour disputer leur 1/32e de finale. "Ceux qui le connaissaient bien étaient très affectés. Ils ont fait preuve d'une force de caractère incroyable", salue le coach de l'ESMGO. "De toute façon, Nathaël n'aurait pas apprécié qu'on ne joue pas le match. Je le vois très bien me dire : « T'es sérieux là. Qu'est-ce que tu fais ? »", imagine David Bangala. "Ça me fout la haine qu'il ne partage pas ces moments en Coupe de France avec nous".
Au HAC, une bande de potes quasi-inséparables
David Bangala et Nathaël Julan s'étaient rencontrés au centre de formation du HAC. "On était dans la même classe. On a passé le bac ensemble. On discutait tous les jours", évoque l'arrière gonfrevillais. Avec Harold Moukoudi (aujourd'hui à Saint-Etienne), Lys Mousset (Sheffield, ANG), Alimany Gory (Cercle Bruges, BEL) et Richard Gilot (passé par Frileuse, Quevilly et l'Angleterre), ils formaient tous les six une bande de potes quasi-inséparables. Si leurs chemins professionnels s'étaient séparés depuis leur passage en seniors, leur amitié était demeurée intacte. Il n'était pas rare qu'ils se rendent visite dans leur club respectif. "Je suis allé le voir à Valenciennes (où Nathaël Julan fut prêté entre janvier et mai 2019), à Guingamp".
Décrit comme un jeune homme complexe, au caractère bien trempé, Nathaël Julan était aussi et avant tout un garçon extrêmement fidèle vis-à-vis de ses proches. "C'était le premier à m'encourager. Quand je n'avais pas de club en 2018, il m'a conseillé de venir à Saint-Brieuc", se remémore David Bangala. Si sa relation avec son club formateur n'a pas toujours été idyllique, débouchant sur son transfert à l'En Avant en janvier 2018, Nathaël Julan aimait profondément sa ville du Havre.
Il ne manquait d'ailleurs pas une occasion d'y revenir pour retrouver sa famille et ses amis. "On était encore ensemble pendant les fêtes", souligne le défenseur normand. Samedi, aux alentours de 15 heures, pour ce 1/16e de finale historique pour l'ESMGO face au LOSC, vice-champion de Ligue 1 en titre, les Gonfrevillais, dans un Stade Océane qui sera copieusement garni (15 000 spectateurs sont attendus), vont devoir, comme au tour précédent, passer au-delà de leur immense tristesse. Un parcours en Coupe de France qui de l'aveu même de David Bangala "l'aide à surmonter sa douleur".
> Coupe de France. 1/16e de finale - Gonfreville (N3) / Lille (L1), samedi 18 janvier à 15 heures au Stade Océane.