Il y a comme un air de déjà-vu. En novembre 2021, le RC Lens est déjà venu en terre normande, pour le 1er tour Fédéral de la Coupe de France. A l'époque, le FC Rouen Plateau Est s'était lourdement incliné (7-0) ; la faute à un récital offensif des « Sang et Or ». Hasard du tirage au sort, l'affiche se présente à nouveau ce week-end, au même stade de la compétition. Les Lensoises, pensionnaires de deuxième division, se déplacent au Stade Stanislas-Bilyk pour affronter celles qui occupent la troisième place du championnat de Régional 1. Terriblement excité par cette rencontre, le jeune coach rouennais n'en revient toujours pas. "Quand j'ai vu le tirage au sort, j'ai sauté partout ! Mon adjoint aussi était comme un gosse", témoigne Adrien Houdeville. "J'ai ensuite regardé le classement... Quand j'ai vu qu'elles étaient premières de Seconde Ligue, j'étais fou. On ne pouvait pas avoir mieux comme tirage. C'est incroyable !".
Ce qui arrive au technicien seinomarin mérite un coup d’œil dans le rétro. Il y a encore deux ans, le jeune homme âgé de 24 ans n'y connaissait rien au football féminin. Son expérience sur le banc s'arrêtait à une équipe U15 garçons au niveau district avant de débarquer à Plateau Est la saison dernière. Débarqué pour diriger la réserve, il s'est hissé avec l'équipe première à la mi-saison "en pompier", comme il s'amuse à dire. Adrien Houdeville s'est pris au jeu et n'a plus jamais lâché « ses filles », les emmenant en ce mois de novembre au 1er tour Fédéral de la Coupe de France, après avoir sorti Briouze (9-0), Villers-Bocage (3-0) et Saint-Lô (1-0). "Je suis presque un novice mais j'aime bien en rigoler. Je prends beaucoup de plaisir", témoigne l'entraîneur. "Il y a deux ans, je coachais des gamins le samedi après-midi. Et là, on va jouer le RC Lens, c'est fou, c'est un grand test !"
"Il y a deux ans, je coachais des gamins le samedi après-midi. Et là, on va jouer le RC Lens, c'est fou"
Adrien Houdeville
Admiratif des valeurs dégagées par les « Sang et Or », Adrien Houdeville ne devra pas se faire petit, ce dimanche. Et pour cause, s'il débute à la tête d'une équipe féminine, son club compte déjà un beau palmarès derrière lui en Coupe de France. Depuis sa création en 2015, soit en seulement neuf ans, le club de la banlieue rouennaise a déjà connu trois 1ers tours fédéraux et un 1/32e de finale. Hormis Bourges, la saison dernière, l'histoire veut que seules des formations du Nord se sont présentées sur son chemin : Arras en 2017 (5-1), Lille en 2019 (5-2) et Lens donc, la saison suivante. De quoi rappeler de beaux souvenirs à l'actuelle présidente, Lucie Barbet, encore joueuse à l'époque. "Les filles s'en rappellent encore. Rouen Plateau Est et les équipes du Nord, c'est une grande histoire mais cela ne nous a pas encore sourit", se remémore l'ancienne milieu de terrain. "J'espère que cette année sera la bonne".
Jusqu'à 40 joueuses à l'entraînement pour ce rendez-vous
La tâche s'avère éminemment complexe pour l'outsider de ce rendez-vous. En face de lui se présente un club professionnel, avec des joueuses sous contrat, actuellement leader de l'antichambre de l'élite féminine. Sa manager, Sarah M'Barek, est aussi un nom qui compte dans le football féminin. Ancienne internationale, championne de France en 2014 et 2015, la technicienne de 47 ans a dirigé l'En Avant Guingamp avant d'être nommée entraîneur du RC Lens en 2020, lors de l'absorption d'Arras. Un palmarès impressionnant qui pourrait faire peur à la jeune troupe seinomarine. Il n'en est pas question pour Lucie Barbet. "On sait qu'il y a une marche entre les deux équipes mais c'est la coupe de tous les possibles. Le match n'est pas terminé avant la 90'. On ne va pas se mettre la pression". L'entraîneur, Adrien Houdeville, veut, lui aussi, croire en l'exploit, dans une compétition toujours pleine de surprises, même si elles sont moins nombreuses chez les féminines. "Il y a 1% de chance que ça passe, mais on veut jouer le coup à fond. On y va sans complexe".
"L'idée est DE FAIRE VENIR DU MONDE POUR avoir une vague rose et noire, non pas JAUNE ET ROUGE"
LUCIE BARBET, présidentE
Si le championnat reste la priorité du FC Rouen Plateau Est, la Coupe de France est dans les têtes de chaque joueuse depuis deux semaines. Dans les vestiaires, au club house, aux entraînements... Les filles ne parlent que de ça. Si bien qu'elles ont redoublé d'efforts avant ce choc, s'infligeant deux séances supplémentaires. "On a travaillé physiquement et défensivement pour être en confiance. J'ai 40 joueuses à l'entraînement. C'est incroyable. Tout le monde est investi et a envie de participer à ce match. Je leur dis que c'est le match de leur vie !", glisse Adrien Houdeville, tout sourire. Surmotivées, les coéquipières de Léa Quenouille veulent sortir de cette rencontre sans regret. "Il faut être fières en sortant du terrain. On veut juste bien faire contre un grand club", explique la capitaine, pour qui jouer une D2 sera une grande première. Gérer la pression de ce genre de rendez-vous fera aussi la différence sur le plan mental. Les Normandes vont pouvoir se servir de l'expérience engrangée lors de leur précédente expérience à ce niveau, contre Bourges, pensionnaire de D3 (défaite 7-0), la saison passée. "Je m'étais mise beaucoup de pression mais il ne faut pas changer nos habitudes. On joue à la maison, devant nos supporters, il faut en profiter. Ça peut être le début d'une belle histoire".
Sur le rectangle vert, le FC Rouen Plateau Est ne compte pas tout révolutionner. Face à un adversaire très à l'aise avec le ballon, les joueuses d'Adrien Houdeville s'attendent à beaucoup courir. Pour ne pas trop subir, "il faudra serrer les lignes et bien communiquer", glisse la capitaine. A part ça, ne parlez pas de plan tactique au technicien seinomarin. La partie se jouera au mental selon lui. "Il faut être des guerrières sur le terrain pour tenter de les embêter. On est humble et lucide mais la priorité, c'est de s'offrir des émotions". Les Rouennaises seront servies. Comme au tour précédent, l'entrée sur le terrain se fera main dans la main avec de jeunes joueuses. Une buvette sera mise en place pour les supporters. Le club a tenu à garder la gratuité de l'événement. "C'est un événement festif avant tout. L'idée est de faire venir du monde pour avoir une vague rose et noire (en référence aux couleurs du club), non pas jaune et rouge", plaisante Lucie Barbet. En espérant que le chant des Corons ne prenne pas trop de place dans le Stade Stanislas-Bilyk.
> Coupe de France féminine. 1er tour fédéral - FC Rouen Plateau Est (R1) / RC Lens (D2), dimanche 24 novembre à 14 H 30 au Stade Stanislas-Bilyk.
Léa Quinio