Qu'est-ce qui a motivé cette décision de raccrocher vos crampons ?
"C'est le corps qui a eu le dernier mot. Depuis le début de l'année, malgré des infiltrations, je ressens des douleurs à la cheville gauche. Je devais normalement me faire opérer le 23 mars. Ça a, bien entendu, été annulé avec le coronavirus. Du coup, je ne savais pas quand je pourrais la reprogrammer, si je serais prêt pour le début de la saison prochaine. Je ne voulais pas faire non plus la saison de trop. Surtout que je souffrais aussi d'une rupture du ligament antérieur. Elle est passée un peu inaperçue. Je l'ai découvert, en septembre, en allant consulter pour la première fois le chirurgien pour ma cheville. Hormis sur quelques mouvements, je n'éprouvais pas trop de douleurs. Je jouais juste avec un strap".
Si vous deviez retenir quelques souvenirs de vos 15 ans de carrière dans le monde pro et amateur...
"Il y en a beaucoup comme la signature de mon premier contrat professionnel à Malherbe (en février 2011), dans ma ville, devant ma famille, ma première apparition à d'Ornano, contre Valenciennes, en Ligue 1, mon premier but chez les pros avec Clermont face à Bastia (en janvier 2012). Il y aussi ce match de Coupe d'Europe avec Domzale contre West Ham* (en août 2016, pour le compte du 3e tour préliminaire de l'Europa League). On avait eu la chance d'inaugurer le Stade Olympique de Londres devant 54 000 spectateurs (en configuration football). Sans oublier tous les trophées chez les amateurs".
Votre parcours a notamment été marqué par ces deux passages chez les Slovènes de Domzale (71 matches entre juillet 2014 et décembre 2015 et juin-septembre 2016)...
"Humainement et sportivement, ça reste ma plus belle aventure. Je n'oublierai jamais quand j'ai reçu le trophée de meilleur joueur du club. On avait une belle équipe avec beaucoup de jeunes joueurs très talentueux comme Nemanja Maksimović (champion du Monde U20 avec la Serbie) qui joue, aujourd'hui, à Getafe en Espagne. Quand je suis parti là-bas, c'était un sacré pari car je ne parlais pas un mot d'anglais. Mais au fur et à mesure, j'ai su m'adapter. Le fait que le coach (Luka Elsner, l'actuel entraîneur d'Amiens) parle français m'a beaucoup aidé au début pour m'intégrer. Derrière, j'ai appris l'anglais. Que ce soit en tant que joueur ou en tant qu'homme, je suis ressorti plus armé après cette expérience".
Eprouvez-vous des regrets par rapport à certaines erreurs que vous avez pu commettre ?
"Je ne fonctionne pas trop comme ça. Je considère que si des choses sont arrivées, c'est qu'elles devaient se produire. Après, j'ai parfaitement conscience que j'ai fait des erreurs. C'est vrai que si j'avais eu la même maturité à Caen, Clermont ou Amiens qu'à Domzale, j'aurais certainement fait une autre carrière. Mais c'est ce qui m'a permis de me construire en tant que sportif. On peut dire que j'ai connu une carrière riche et atypique dans le sens où je n'ai pas fréquenté de centre de formation. Je suis passé du monde amateur au monde professionnel avant de revenir chez les amateurs. J'ai fait preuve de persévérance. J'ai toujours su rebondir".
Savez-vous déjà de quoi sera fait votre après carrière ?
"Je vais démarrer une reconversion, toujours dans le football. Le club m'a fait une proposition. J'ai le projet de passer mon BEF (Brevet d'entraîneur de football) la saison prochaine. Je devrais m'occuper en parallèle d'une équipe de jeunes ainsi que de la B. Depuis deux ans, je suis déjà éducateur que ce soit à l'AG Caen avec les U11 (en 2018-2019) où à Mondeville avec les U12. D'ailleurs, la saison prochaine, je garderai cette génération puisque j'aurai les U13 sous ma responsabilité. Je prends de plus en plus de plaisir dans cette activité. Si je peux partager un peu mes connaissances, faire profiter les jeunes de mon parcours...".
Vous avez la volonté de devenir entraîneur ?
"Oui. Maintenant, ça va demander du temps. Je vais devoir gravir les échelons, passer des diplômes. Les coaches qui m'ont influencé ? J'ai eu la chance d'en connaître des bons, qui m'ont donné envie de faire comme eux. Il y a eu Philippe Clément à Dives. Sur le plan humain, il a cette capacité de transcender ses joueurs. Johan Gallon à Granville, un monstre de travail. Luka Elsner à Domzale. Une machine, un passionné de foot qui se remet toujours en question. Que ce soit avec Johan Gallon ou Luka Elsner, j'ai énormément progressé tactiquement, sur les dispositifs, les placements... Et ces dernières années, il y a eu Thierry Traoré à Mondeville. Comme éducateur, j'ai beaucoup appris à ses côtés, sur la pédagogie, l'approche avec les jeunes. Il m'a apporté une nouvelle vision du foot".
*Vainqueur 2-1 à l'aller chez eux, les Slovènes de Domzale s'étaient inclinés 3-0 au retour contre les Anglais de West Ham.
Benjamin Morel
> Né le 10 juin 1987 à Caen. 32 ans.
> Milieu offensif. Droitier. 1,81 m.
> Parcours : Mondeville (équipes de jeunes), ASPTT Caen (équipes de jeunes), Ifs (2006-2008, CFA2-DH), Alençon (CFA2, 2008-2009), Dives-Cabourg (CFA2, 2009-2010), SM Caen (2010-janvier 2012, CFA-L1), Clermont (janvier-juin 2012, L2), Amiens (juillet-décembre 2012, N1), Bayeux (janvier-juin 2013, DH), Granville (2013-2014, DH), Domzale (2014-décembre 2015 puis juin-septembre 2016, SLO), Stara Zagora (février-juin 2016, BUL), Mondeville (2016-2018 puis 2019-2020, R1-N3), AG Caen (2018-2019, R1).