Si l'US Avranches a le bonheur de valider son maintien ces prochaines semaines, le doyen du National le devra assurément à son savoir-faire en troisième division. Sans doute devra-t-il aussi une fière chandelle à Xavier Gravelaine et à son flair. Le directeur sportif des « Bleus » a en effet plus que tapé dans le mille cet hiver à l'occasion d'une fenêtre de transferts décisive qui a vu débarquer le milieu de terrain Noah Françoise en prêt du Stade Rennais et l'attaquant Goduine Koyalipou, également en prêt, du Lausanne Sport (D2 suisse). L'un et l'autre ont contribué au renouveau manifeste de l'USAMSM en 2023. "C'est très difficile de faire un mercato d'hiver", admet Xavier Gravelaine. "Il y a certes plus de choix mais c'est surtout par rapport à notre groupe et à ce qui nous manquait qu'il a fallu raisonner".
Au milieu de terrain, Noah Françoise est vite devenu un indéboulonnable après une courte acclimatation avec la réserve en National 3. Le liant qu'il a pu apporter au collectif et sa capacité à récupérer des ballons ont tout simplement subjugué l'entraîneur Damien Ott. "Noah, on l'avait sur notre liste depuis le début de saison, il nous avait été proposé", détaille le directeur sportif avranchinais. "Il y a un choix qui avait été fait de prendre Théo Le Normand car son profil était plus offensif. Quand Le Normand est reparti car il estimait ne pas avoir assez de temps de jeu chez nous, il est évident que le nom de Noah est revenu, Gilbert (Guérin, le président) et moi, on savait qu'il pouvait être disponible assez rapidement".
En plus d'apporter une vraie présence dans le jeu, le jeune Rennais de 19 ans a aussi marqué les esprits contre le Puy Foot 43 (J26. 3-1, le 24 mars) en inscrivant un doublé salvateur plein de caractère. "L'idée, c'était d'avoir quelques rajouts car Noah aurait pu arriver même si Le Normand était resté", poursuit Xavier Gravelaine. "On se rend compte maintenant que Noah est multi-tâche, c'est plus un 6-8 mais c'est aussi un vrai relayeur qui peut jouer plus haut. On a l'impression qu'il est toujours en train de ratisser des ballons, c'est quelqu'un qui casse des lignes". Ce qui devait n'être qu'un mercato d'ajustement à Avranches s'est imposé sortie après sortie comme une vraie révolution sur les terrains. "J'ai eu la chance grâce à mes expériences passées de bien appréhender ce mercato d'hiver", ajoute l'ancien Caennais, fier de ses trouvailles. "Il faut simplement être patient et trouver les bons tuyaux".
Des prêts gagnants mais des solutions à court terme
Celui qui s'est indiscutablement mis en lumière parmi les recrues de l'hiver, c'est clairement Goduine Koyalipou. L'attaquant centrafricain a inscrit neuf buts et distribué deux passes décisives en 11 rencontres avec Avranches depuis janvier. Difficile de faire mieux. "Le plus dur, c'était de trouver un n°9 puissant, qui nous manquait", concède Xavier Gravelaine. "Je connaissais Goduine, je savais qu'il était formé à Niort mais je l'avais un peu perdu de vue dans la mesure où il était parti à Lausanne. Il s'ennuyait en Suisse". L'ancien directeur du football de l'EA Guingamp n'imaginait pas que l'ex-Niortais flamberait à ce point. "À Lausanne, ses stats n'étaient pas aussi tranchées que ce qu'il est en train de faire. Là, c'est du jamais-vu. Il a fait un effort pour venir, il a baissé son salaire, c'est un tout, on se tend la main et on se rend service, c'est un peu ça Avranches, malheureusement, avec le peu de moyens qu'on a".
Loués aussi pour leur état d'esprit irréprochable, Goduine Koyalipou et Noah Françoise sont donc des satisfactions à tout point de vue. Il serait toutefois peut-être réducteur d'attribuer tous les lauriers aux deux nouveaux venus. "Il nous fallait un petit coup de pouce", juge Xavier Gravelaine. "L'apport des nouveaux est indéniable mais peut-être aussi que le changement de système y est pour quelque chose. Damien a trouvé l'équilibre comme ça. C'est tout un ensemble à discuter. En 4-3-3, on est plus efficaces. Certains joueurs jouent à d'autres postes, comme Mehdi (Boussaïd) qui est en train de s'éclater". L'US Avranches peut aussi compter sur l'attitude positive de joueurs comme Ihsan Sacko dont le temps de jeu a diminué depuis l'arrivée de Koyalipou mais qui fait toujours preuve d'autant d'allant quand Damien Ott fait appel à lui.
Maintenir l'US Avranches en National alors que le championnat renverra six formations en National 2 deux saisons de suite constitue un défi immense pour Xavier Gravelaine malgré l'expérience qui est la sienne. "C'est mon plus gros challenge et il n'y a pas que le fait de se maintenir, il faut aussi faire grandir Avranches, pour structurer le club. Ça reste ahurissant d'avoir six descentes deux ans de suite, je pense que cette réforme va faire beaucoup de mal à beaucoup de clubs amateurs". La difficulté pour l'USAMSM est de se reposer sur deux recrues hivernales en prêt pour six mois et qui quitteront vraisemblablement déjà le club d'ici quelques semaines."Goduine a encore un an à Lausanne, il est d'ailleurs sûrement regardé mais on n'en est pas à ce stade, on avance pas à pas. Il est trop tôt pour tirer des conclusions. Il faut valider cette première année avant tout et on verra la suite". Avranches et Xavier Gravelaine ont en effet encore sept journées à disputer devant eux pour boucler un premier miracle avant de s'atteler au suivant. À commencer par la venue de l'US Orléans à Fenouillère, ce vendredi.
> N1. J28 - US Avranches (9e - 36 points) / US Orléans (10e - 35 points), vendredi 7 avril à 19 h 30 au Stade René-Fenouillère.