"Quand le tirage au sort nous désigne l’En Avant Guingamp, on ne se dit pas que ça va être chaud". Telle fut la première pensée de Dimitri Chynacky, l'entraîneur des U18 ans de l’US Alençon, au moment de découvrir l'identité de son adversaire au 1er tour fédéral de la Coupe Gambardella. "En fait, tout le monde, et surtout les garçons, voulaient tirer un gros et il est là. Il y a eu des explosions de joie. On a reçu plein de messages. Les gars sont super heureux". Mais passé ce moment d’euphorie, le coach ornais a été surpris, une fois de plus, par la maturité de son groupe ; une qualité qu’il constate depuis qu’il en a pris les rênes en début de saison. "On a fait un petit débrief le lendemain avant la séance d’entraînement. Leur réaction commune a été de se dire : c’est ce qu’on voulait, donc on est prêts".
Pourtant, sur le papier, les Bretons évoluent en U19 Nationaux quand les « Vert et Noir » sont eux, pensionnaires de Régional 2 (4e du Groupe B, à six points du leader, l'ASTDV). Arrivé à la tête de cette équipe à la demande de Vincent Laigneau, le coach emblématique des seniors en N3 et directeur technique de l’USA, Dimitri Chynacky est totalement surpris par les attitudes positives de ses joueurs. "Parfois, je leur dis qu’ils font preuve d'excès de confiance, que ça peut être dur. Et bien non, ils répondent toujours présent". Comme le week-end dernier où malgré une cascade d’absents et avec huit changements dans son onze de départ, son équipe s'est imposée à Argentan en match en retard de la 4e journée (1-0). "Alors que je pensais que ça allait être compliqué, on est allé quand même chercher cette victoire qui de plus, était amplement méritée".
Un écart de niveau qui ne les effraie pas
Alors que son collectif, soudé, surfe sur une dynamique de confiance, Dimitri Chynacky a l’impression que pas grand-chose ne peut arriver à son groupe. "Là, on a tiré une équipe qui est cinquième de son groupe en U19 Nationaux, les garçons savent qu’en face, ça va jouer. Mais leur rigueur et leur envie, ils vont la multiplier par 10 ou par 20 s’il le faut. Je sais qu’ils vont tout faire pour être à la hauteur". Et quand on lui demande si c’est pour sortir la tête haute en cas d’élimination, le coach alençonnais répond du tac au tac : "Quand on en arrive là, on peut déjà sortir la tête haute. Mais je sais que les joueurs donneront le maximum pour gagner ce match. Quoi qu’il en coûte, il n’y aura pas de regret. Je veux qu’ils soient acteurs et non spectateurs". À l’entendre conter l’état d’esprit de ses troupes, il n’aura pas besoin d'attirer leur attention pour les conseiller.
Cette confiance, les U18 de l'USA l'ont construite au fur et à mesure des tours régionaux qu'ils ont franchis. Notamment lors du dernier en date, où les jeunes Ornais se sont imposés à l'ESM Gonfreville-l’Orcher (R1, 2-1) dans des conditions très compliquées (lire encadré ci-dessous). Leur parcours témoigne de cette bravoure démontrée au fil des victoires. 5-0 sur la pelouse du Condé SP (D2, 3e tour), 5-2 à l’US Aunay-sur-Odon (D1, 4e tour), puis 2-1 aux dépens du SC Hérouville (R2, 5e tour). "On les avait rencontrés en championnat 15 jours avant (3-2), on savait que c’était une grosse affiche. On a su faire un gros match en restant sérieux et solidaires". Des valeurs qu’il faudra conserver contre l’En Avant Guingamp. Mais Dimitri Chynacky n’a plus aucun doute sur la capacité de ses joueurs à affronter les difficultés.
> Coupe Gambardella. 1er tour fédéral - US Alençon (R2) - Guingamp (Nat), dimanche 14 décembre à 14 H 30 au Stade Jacques-Fould.
La qualification à Gonfreville : une sérénité à toute épreuve
Lors de sa finale régionale, le samedi 22 novembre, sur la pelouse de l’ESM Gonfreville, et alors que l'US Alençon menait 1-0 après l’ouverture du score de Loucas Ventura Da Silva (28’), le match a été interrompu durant plus de 35 minutes. "Il y a un duel de la tête. Les deux joueurs regardent le ballon, mais ils ne se regardent pas. Ils font un tête contre tête. L'adversaire tombe au sol et perd complètement connaissance", raconte Dimitri Chynacky. Une action qui entraîne alors l’exclusion de son milieu Charles Fairand (35’). Après la longue interruption, et après avoir gardé ses joueurs chauds, le technicien a laissé la décision de reprendre ou non le jeu à l'entraîneur de l’ESMGO. "L’arbitre nous demande si on veut reprendre. Je regarde mon homologue et je lui dis : « C’est ton joueur, ça nous touche tous, la décision t’appartient, je suivrai ton choix ». J'étais avec lui, il n'avait pas à s'inquiéter de sa décision".
La rencontre a repris, et l’USA a alors fait le dos rond jusqu’à la pause. "L’exclusion est vraiment un coup dur. On prend le bouillon pendant 15 minutes. Et là, je me suis dit qu’à la mi-temps, il fallait vraiment que j’ai des mots forts. Et en fait, j'échange avec les garçons et ils sont d'un calme, mais d'un calme… Ils sont sereins. Mon capitaine prend la parole : « Ne t’inquiète pas coach, ça va le faire ». Là, je me suis dit qu’ils étaient vraiment courageux ces garçons". Au retour des vestiaires, les « Vert et Noir » continuent de subir durant une dizaine de minutes avant de reprendre le fil de leur match, et même d’inscrire un deuxième but par Ali Koné (78’). L’ESMGO réduira la marque par Ali Amadou Dembélé (83’), mais ce sont bien les Ornais qui obtiennent leur qualification, renforçant un peu plus leur solidarité.






