Arrivé à l'US Avranches à l'âge de 12 ans, Mathieu Roger (27 ans) a ensuite rejoint le Stade Malherbe en 2013. Six saisons durant, le natif de Cherbourg arpente les terrains de Venoix où il évolue jusqu'en réserve, ayant même la chance de participer à quelques séances avec les « pro ». "À 18 ans, je m'entraînais de temps en temps avec le groupe de Patrice Garande en Ligue 1, mais je me suis fait opéré deux fois des adducteurs. D'abord à gauche, j'ai repris une première fois, puis à droite. Mais au final, je n'ai jamais réussi à retrouver mon niveau". Ces blessures successives ont brisé son rêve d'une carrière professionnelle. Le défenseur tente alors un départ à Sarre-Union (N3), avant un retour à Avranches puis une signature à l'AG Caen. "Je suis allé dans l'Est, ça ne l'a pas fait. Je suis revenu au bout d'un an pour jouer avec mes copains à Avranches en National, mais je n'avais pas de temps de jeu donc je suis parti en N3, à l'Avant-Garde. Mais le Covid est survenu et j'ai mis fin à ma carrière". À seulement 23 ans, adieu le rectangle vert.
De cette période tournée autour du ballon rond, Mathieu Roger en garde tout de même d'excellents souvenirs, sur et dehors des terrains. "Malherbe, c'est mon club de cœur. On a disputé un quart de finale de Gambardella à Monaco face à l'équipe de Kylian Mbappé. En réserve, on a affronté de belles équipes, notamment le PSG avec Jonathan Ikoné et Presnel Kimpembe. C'était chouette !" Grâce au football, l'ex-latéral des « Rouge et Bleu » s'est surtout lié avec des copains pour la vie. "La semaine dernière, j'étais au mariage de l'un d'entre eux avec qui j'ai joué au SMC (Morgan Hardoin)". Même s'il n'a quasiment pas rechaussé les crampons depuis 2021, le Manchois ne serait pas opposé à un petit match de temps en temps. "Des fois, je me dis que je ferai bien un five avec les potes pour rigoler. Mais ça ne me manque pas plus que ça. Quand j'ai arrêté, j'ai vraiment coupé, je ne regardai même plus les matchs. Là, je me suis remis à fond dans la Ligue des Champions".
Le cyclisme, une passion héritée de son père et de son grand-père
La page du football terminée, Mathieu Roger se tourne vers sa première passion, le cyclisme. Une passion familiale où il reprend le flambeau de son père Mickaël et de son grand-père Gaston, anciens coureurs amateurs. "J'ai toujours eu une bonne VO2max/VMA au foot, et puis le cyclisme m'a toujours attiré. Lors des coupures estivales, j'en faisais toujours avec mon père. Durant les confinements, je me suis dit : « J'ai 23 ans, je ne suis pas passé pro, je me suis fait opérer plusieurs fois, ça tire de partout… Si je me mets au vélo, au moins, je n'aurai mal nulle part et je pourrai me donner à 100 %. » C'est ce qui se passe, je progresse et je n'ai aucune douleur". Tout va très vite. Sacré champion du Calvados en 2021 avec le club de Vire, il part pour Quevilly deux saisons puis atterri à Moyon-Percy dans la Manche, lui qui est installé à Villlers-Bocage, à 50 km. "Ils ont de bonnes infrastructures, ils mettent des moyens pour qu'on soit dans de très bonnes conditions", explique le coureur qui passe entre 12 et 15 heures par semaine sur la selle pour ses entraînements.
Désormais en National 2 avec son équipe (quatrième division nationale et deuxième niveau amateur), Mathieu Roger exerce en parallèle en tant que diététicien-nutritionniste. "Je suis aussi en reconversion, je suis en deuxième année d'école de kinésithérapeute". Ce qui ne l'a pas empêché de trouver du temps pour remporter le 16 mars un nouveau titre, celui de champion de la Manche dans la catégorie Open 1 (le deuxième plus haut niveau amateur individuel), en terminant 13e de la 44e édition du Trophée de la Manche. Car particularité du cyclisme, dans certaines épreuves, plusieurs catégories de coureurs sont mélangées. Autre performance à souligner récemment, sa cinquième place au Critérium d'Avranches, le 2 juillet, une course élite qui s'est réglée dans un sprint entre six coureurs. "Je suis content, car c'est mon meilleur résultat dans cette catégorie, mais d'un autre côté, je préfère toujours gagner. Depuis que je me suis lancé dans le cyclisme, je n'ai gagné que sept courses. Cette saison, j'ai terminé neuf fois dans les six premiers, donc j'aimerais bien en gagner une. Je suis toujours placé, j'arrive pour la gagne, mais ça ne passe pas. Ça m'énerve un peu". Pourquoi la prochaine ne serait pas la bonne ?
Mathieu Roger décrypte les trois étapes normandes du Tour
Aujourd’hui à Moyon-Percy (Nationale 2), Mathieu Roger s’éclate sur les routes de Normandie et de France, et connait très bien l’itinéraire du Tour 2025 dans la région. © Eloïse Photography
À force d'arpenter les routes de la région, Mathieu Roger maîtrise parfaitement celles que le peloton du Tour de France va emprunter dans les prochains jours. La Grande Boucle traversera la Normandie d'Est en Ouest de mardi (8 juillet) à jeudi (10). L'ancien footeux a évidemment prévu d'y assister. Lors de la quatrième étape, ce mardi, les coureurs partiront d'Amiens pour rallier Rouen, une ville que le Cherbourgeois d'origine connaît bien après son passage à Quevilly. "Je travaille à Rouen, on a longtemps habité là-bas avec Clarisse, ma compagne, donc je sais à quoi ressemble l'arrivée. Il y a une côte à trois kilomètres de la ligne qui va être super intéressante à observer, c'est là où je me positionnerai". Ensuite, mercredi, c'est autour de Caen que « les forçats de la route » ont rendez-vous pour une épreuve chronométrée que l'ex-Malherbiste a bien évidemment reconnu. "Pour ce contre-la-montre, je suis allé le faire avec un ami, on a reconnu le trajet. Ça va être cool à suivre".
Enfin, c'est entre Bayeux et Vire, jeudi, pour une étape piège de plus de 201 kilomètres, que les acteurs du Tour s'écharperont. Certains passages ne sont pas étrangers à Mathieu Roger qui les sillonne lors de ses sorties. "Ça commence déjà à être fléché par endroits. C'est rigolo de prendre exactement ces portions du parcours". Le champion de la Manche sait donc parfaitement où se placer pour profiter au mieux de la course. Il sera situé à quatre kilomètres de l'arrivée, dans la côte de Vaudry. "Le début de l'étape est assez plat mais dès que le peloton aura passé le Mont Pinson (3,9% de dénivelé), une de mes côtes d'entraînement, ça va commencer à devenir sérieux. Pas mal de gens seront à la Rançonnière (7,9%), une des côtes les plus dures. Il a y a des passages dans la Manche avec de belles bosses comme celle de Mortain (9,5 %) avant de finir avec cette montée de Vaudry (7,2 %) puis avec un mur final à Vire. C'est une étape pour un puncheur comme Mathieu Van der Poel ou Julian Alaphilippe".
Le foot et le cyclisme, des sports qui se rapprochent de plus en plus
Les passerelles entre foot et cyclisme sont de moins en moins rares et Mathieu Roger explique que c’est à travers l'utilisation des datas que les deux sports se rejoignent aujourd'hui. © Foot Normand
L'un est collectif, l'autre plutôt individuel. Pourtant, les connexions entre le foot et le cyclisme n'ont jamais semblé aussi fortes ces dernières années. Double champion Olympique à Paris l'été dernier, Remco Evenepoel est passé chez les équipes de jeunes d'Anderlecht et du PSV Eindhoven, portant même le brassard de capitaine de la sélection belge en U16 avant de lâcher le ballon rond pour rejoindre le bitume à l'âge de 17 ans, perpétuant lui aussi une tradition familiale. Thibault Pinot n'a jamais caché son amour pour le PSG dont il assiste aux matchs en virage avec les Ultras. Dernier exemple en date, Dave Brailsford, ancien manager des équipes Sky puis d'Ineos, est parti aider Jim Ratcliffe, le patron milliardaire d'Ineos, dans la restructuration de l'OGC Nice puis de Manchester United. Il effectue d'ailleurs son retour sur ce Tour de France 2025, toujours au sein de l'équipe sponsorisés par Jim Ratcliffe.
Un rapprochement logique donc. Car le vélo est probablement le sport qui, à l'heure actuelle, bénéficie le plus des datas. Ce qui inspire forcément le foot, dont la tendance à l'utilisation des statistiques est en pleine croissance. "Ce sont deux sports bien opposés, donc à la base, difficile de faire des connexions", nuance Mathieu Roger. "Le cyclisme est franchement plus dur, mais c'est dans les datas qu'il peut y avoir des passerelles", poursuit-il. "En termes de développement de la VO2max, de poids, de watts par kilo, on est tellement dans la recherche… Tout est important : la nutrition, l'hydratation... C'est pour cela que le cyclisme est plus exigeant encore, on ne peut pas faire d'écart même en dehors du terrain si on veut être performant. Je pense que le foot s'appuie de plus en plus sur ce qui se fait dans le vélo".