Pour Hérouville, l'heure de la confirmation a sonné. "On sait qu'on ne bénéficiera plus de l'effet de surprise. Ça risque d'être plus dur", acquiesce Nabil Alla. "L'objectif est de se pérenniser à ce niveau". Pour leur retour en D1 la saison passée après une première expérience avortée en 2012-2013, les partenaires de Samir Alla - sixièmes après avoir longtemps occupé une place sur le podium - avaient épaté tout leur monde. "On ne s'attendait pas à vivre un aussi beau parcours même si on avait confiance en nous. On ne croyait pas terminer dans la charrette. On a conscience qu'on a une bonne équipe. Depuis quelques années, on bosse pour", rappelle le joueur le plus prolifique du dernier championnat. Avec 29 buts en 22 journées, l'aîné de la fratrie Alla a largement apporté son écot à cette quête.
"Voir Nabil, à l’âge qu’il a (38 ans), être sacré meilleur buteur de D1 avec tous ces grands noms qui la composent, ça prouve qu'il y a du talent chez nous", se réjouit le président Ayoub Benazzouz. "Même si j'ai toujours marqué au cours de ma carrière, je ne pensais pas finir meilleur buteur", reconnaît Nabil Alla. Pourtant, quelques indices le laissaient supposer. En tête du classement des goleadors il y a quelques années en R1, l'emblématique n°8 Hérouvillais avait enchaîné en D2 lors de l'exercice précédent. "Je m'étais aussi arrêté à 29 mais j'aurais pu aller plus haut sans l'interruption des compétitions à cause de la Covid-19".
Toutefois, c'est une chose d'enquiller les réalisations au niveau régional, c'en est une autre de récidiver au sein de l'élite du football français. Des prestations qui n'ont pourtant pas bouleversé son quotidien. "La seule chose qui a changé, c'est que mes performances sont mises en lumière. Ça leur donne une ampleur supplémentaire". A tel point qu'il a été retenu en équipe de France pour un rassemblement de trois jours à Clairefontaine au mois de juin. "C'est la troisième fois que je suis pré-sélectionné. Quand tu vois les infrastructures, ça fait envie. Ce sont des moments à vivre". Une expérience partagée avec son cadet, Abdou également convoqué pour ce stage et qui a signé durant le mercato à l'ACCS (lire encadré ci-dessous), relégué administrativement en D2 mais qualifié pour la Ligue des Champions.
Témoin privilégié de la structuration du club
De quoi, peut-être, laisser espérer dans un avenir à moyen terme la sélection simultanée des trois frères Alla sous le maillot « Bleu » frappé du coq ; Samir en étant un pilier depuis plusieurs années. "Ça serait le Graal", ne cache pas Nabil. Sans compter que la relève s'affirme de plus en plus avec ses neveux : Tarik Baghit et Sofiane Alla, passés par les équipes de France jeunes. "C'est une histoire de famille", lâche, avec le sourire, le gaucher. "C'est pourquoi, c'est important de dégager une belle image. On ne s'en rend pas forcément compte sur le moment mais on joue un rôle auprès des jeunes de la ville. Beaucoup s'essayent au futsal, veulent s'inscrire. On se doit de montrer l'exemple".
Présent depuis le début de l'aventure, en 2014, quand Hérouville Futsal a pris son indépendance vis-à-vis de « son grand frère », le Sporting ; club de football sur herbe (R2), Nabil Alla a été l'un des témoins privilégiés de la structuration de cette association. "J'ai connu les hauts comme les bas. On a joué en D1 une première fois, on est redescendu, on est reparti en DH. On est passé par des moments difficiles : on n'était que quatre-cinq, on ne faisait que des matches, on ne s'entraînait quasiment pas, on prenait nos voitures personnelles. Beaucoup auraient lâché à notre place". Autant dire que le contraste avec aujourd'hui est saisissant.
"Désormais, on dispose d'un coach (Ramzi Majri), de quatre-cinq séances par semaine sans oublier la musculation. On se déplace en mini-bus. On est en train de développer notre école de futsal, notre section féminine. On a gagné le respect. On montre une autre image d'Hérouville, de la ville, du club..." Preuve de cette montée en puissance, le club du président Ayoub Benazzouz va évoluer cette saison au Palais des Sports de Caen, en attendant qu'une nouvelle salle sorte de terre à Hérouville à l'horizon 2023-2024. Après avoir bénéficié d'une dérogation d'un an, l'historique gymnase Allende n'étant plus homologué pour ce niveau de pratique. Avec toutes ces perspectives, pas question pour Nabil Alla de raccrocher. "Peut-être que je suis un peu vieux mais je me sens bien. Tant qu'il y a la santé, on va essayer de prolonger un peu". Quelque chose nous dit que les filets vont encore trembler.
> D1 Futsal. J1 - Mouvaux Lille / Hérouville, dimanche 19 septembre à 15 heures.
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Hérouville Futsal se prépare à souffrir
Dans un championnat encore plus dense que la saison précédente, le Hérouville Futsal du capitaine Samir Alla ne poursuit qu'un objectif : le maintien. ©Aurélien Renault
"On le sait, ça va être une année difficile. Quand vous remontez en D1, c'est toujours la deuxième saison la plus compliquée". Au moment d'évoquer la reprise du championnat, Ramzi Majri, le coach hérouvillais, ne passe pas par quatre chemins. Il faut dire que le paysage de l'élite du futsal en France a été bouleversé durant l'été ; des changements qui ne font pas les affaires des Normands. Sur décisions de la DNCG, l'ACCS, le champion en titre, et Garges Djibson ont été rétrogradés administrativement en deuxième division. De leur côté, les deux clubs basés à Toulouse, Métropole FC et UJS, se sont rapprochés pour n'en former qu'un alors que Chavanoz, lanterne rouge de l'exercice précédent, a été relégué sportivement à l'étage inférieur.
"Toutes les équipes de notre gabarit, Chavanoz, Garges, UJS, ont disparu. Il ne reste qu'un petit, nous", lance Ramzi Majri. Un constat accentué par l'identité des deux promus* : Kingersheim et Laval (le premier adversaire à domicile, le 3 octobre). "Deux gros clubs du futsal en France dotés de budgets importants. Ils vont plutôt viser le haut du classement que le maintien". Conséquence de ces montées et descentes : la D1 est passée d'une poule de 12 à dix. Par contre, le nombre de relégations est resté le même : deux.
Palazon et Franchet partis, Teffaf arrive dans les cages
Autant dire qu'il sera encore plus difficile de renouveler son bail en première division. Surtout qu'on ne peut pas vraiment dire qu'Hérouville s'est renforcé durant le mercato. Vivant à Paris, Abdou Alla, le cadet de la fratrie, a signé à ACCS alors que les deux gardiens, Ricardo Blanes Palazon et Eddy Franchet, ont également fait leurs valises ; l'Espagnol est retourné dans son pays tandis que sa doublure s'est engagée à La Guérinière (R1). Pour compenser les départs de ses deux portiers, le club du président Ayoub Benazzouz a récupéré Samyr Teffaf (22 ans), jeune espoir du poste qui évoluait jusqu'à présent au Sporting Paris. Au rayon des arrivées, à noter celle du Brésilien Carlos, déjà vu en France à Bagneux avant la crise sanitaire. Problème, il est actuellement blessé. Une troisième et dernière recrue n'est pas à exclure en fonction du début de championnat.
Régulièrement intraitables dans leur « chaudron » d'Allende (non homologué à ce niveau cette saison, lire ci-dessus), les coéquipiers de Sami Alla devront aussi rapidement prendre leurs marques dans le Palais des Sports de Caen où ils disputeront leurs matches à domicile. "C'est formidable. Ça va mettre en lumière notre discipline et notre club. Maintenant, sportivement, il n'y a pas mieux que de jouer là où on s'entraîne", pointe Ramzi Majri. Sauf que ses joueurs n'y effectueront aucune séance. Avec tous ces facteurs qui s'additionnent, le coach hérouvillais ne s'en cache pas : "L'objectif, c'est le maintien". Premier élément de réponse ce dimanche avec un déplacement à Mouvaux Lille, l'un des favoris pour le titre.
*Une saison blanche ayant été décrétée en D2 Futsal, à cause de la crise sanitaire, lors de l'exercice précédent, la FFF a fait monter en D1 le deuxième des deux groupes de deuxième division à l'issue de la saison 2019-2020.