Les résultats de notre sondage
Devant les nombreux retours reçus par notre rédaction par rapport à cette réforme du R1, nous avons décidé de sonder les 24 présidents et les 24 coachs des clubs concernés pour connaître leur véritable opinion à ce sujet. Nous nous sommes engagés à respecter la confidentialité de leur choix pour ceux qui le souhaitent. Dans ces conditions, chez les présidents de Régional 1, le résultat est sans équivoque. Sur les 21 que nous sommes parvenus à contacter, 76% sont opposés à la fin des critères géographiques pour constituer les deux poules, 10% y sont favorables et 14% ont un avis partagé.
Chez les entraîneurs, l’indécision est nettement plus grande. Sur les 21 techniciens qui nous ont répondus, 43% sont pour ce changement. Ils perçoivent dans cette mesure un moyen de redonner un intérêt à ce championnat et sont attirés par la perspective d’affronter de nouveaux adversaires. Toutefois, dans la lignée de l’avis des présidents, un tiers des coachs interrogés y sont défavorables alors que 24% ne savent pas vraiment de quel côté pencher.
Une absence de consultation
Tout d’abord, les présidents contestataires, dont certains d’entre eux ont adressé un courrier à la Ligue (LFN), dénoncent un manque de consultation. "Cela aurait dû faire l’objet d’un débat", estime Denis Lavalley, le nouvel homme fort du FC Saint-Lô qui regrette que le sujet n’ait pas été abordé lors de l’assemblée générale de la LFN, mi-juin. "La Ligue passe en force, c’est le 49.3 du foot normand", ose l’un de ses confrères, en référence à quelques projets de loi des derniers gouvernements qui ont été adoptés sans un vote de l’Assemblée nationale. Depuis son élection à la tête de l’instance régionale, au mois de novembre, Romain Féret martèle qu’il porte "une politique normande" et pour lui, cette mesure s’y inscrit pleinement. "Romain Féret a été élu pour mettre des choses en place. Ce n’est pas la peine de dire non à chaque fois. On va tester", se montre plus mesuré Samuel Brigantino. Le président du promu ébroïcien veut laisser une chance au « produit » mais pas un blanc-seing. "Si ça ne fonctionne pas, je serai le premier à lui dire de revenir à des poules géographiques".
La crainte d’une augmentation des frais de déplacements
Parmi les principaux griefs exprimés, de nombreux dirigeants craignent une augmentation des frais de déplacements. "Les clubs n’ont pas les moyens financiers de subir cette charge supplémentaire", peste David Lefebvre, le président de l’Yvetot AC. Son homologue de l’US Luneray, Frédéric Vaillant pointe "des trajets plus longs, non budgétisés et déconnectés des réalités économiques". "Certains voyages pourraient dépasser les 500 km aller-retour, engendrant des coûts importants en carburant, péages et locations de véhicules. Ces dépenses en plus pèseront lourdement sur nos budgets", partage Thierry Deslandes, le « patron » de La Mos pour qui cette réforme constitue également "un non-sens écologique". "A l’heure où tous les secteurs cherchent à réduire leur empreinte carbone, on nous impose plus de kilomètres, plus de carburant, plus de dépenses", énumère Frédéric Vaillant.
S’il reconnaît "une véritable contrainte", pour les pensionnaires les plus excentrés du R1* (qui auraient pu être regroupés dans un chapeau spécifique pour éviter un scénario rassemblant une majorité d’entre eux dans la même poule), Romain Féret ne pense pas que la distance à couvrir sera beaucoup plus conséquente pour les autres clubs. "Quand vous êtes dans l’axe central de la région, que vous alliez à l’Ouest ou à l’Est, ça revient à peu près pareil", calcule le président de la Ligue qui s’étonne de cet argument kilométrique alors que certains clubs traversent la Normandie au plus haut niveau régional en U16, en U18 et chez les féminines, où la poule unique est en vigueur depuis quelques années. Bien sûr, sur ce point, les équipes ne seront fixées que mardi soir, une fois les groupes déterminés. Il sera d’ailleurs intéressant de comparer les kilomètres qu’elles devront parcourir avec cette formule par tirage au sort et ceux qu’elles auraient dû accomplir avec celle par répartition géographique.
*L’AS Cherbourg, les réserves de l’Avranches et de l’Granville, l’US Luneray, le Pacy-Ménilles RC, l’Evreux FC 27 et Saint-Marcel FC rentrent dans cette catégorie.
La disparition des derbys régionaux
Saint-Lô - Cherbourg, AG Caen - La Maladrerie, Saint-Marcel - Pacy… Avec le tirage au sort des deux poules de R1, tous ces derbys, particulièrement attendus, pourraient ne pas avoir lieu la saison prochaine. "Une perte d’attractivité pour nos championnats", prévient le Luneraysien Frédéric Vaillant. "Ces rencontres attirent du public, dynamisent les stades et contribuent à l’économie locale", met en avant le Maladien Thierry Deslandes. Les présidents en question redoutent une diminution de l’engouement populaire, des affluences en baisse et donc des recettes matchs moindres.
Pour Romain Féret, la réforme de l’élite régionale qu’il porte, repose sur deux piliers : l’équité et la compétitivité. Avec quatre des cinq relégués de N3 provenant de l’ex-Basse-Normandie, le président de la LFN considère que les deux groupes auraient été déséquilibrés sportivement avec une répartition géographique. "Et avec 14 bas-normands pour 10 haut-normands, comment aurions-nous choisi les deux équipes qui basculent d’une poule à l’autre ?", s’interroge l’élu régional. La logique aurait valu que ces statuts reviennent au CA Lisieux et à la réserve de l’AS Trouville-Deauville-Villers. Mais marqué aussi par ces cinq relégations de N3, Romain Féret veut "préparer nos clubs à la compétition nationale". "C’est le boulot de la Ligue", tonne le dirigeant qui envisage ce tirage au sort comme une première étape vers une poule unique en R1 d’ici quelques années. Une mesure qui paradoxalement fédère beaucoup plus d’avis favorables de la part des acteurs du football normands. Bon, le jour où il faudra la mettre en place, quelque chose nous dit que la musique sera peut-être légèrement différente.
Les modalités du tirage au sort
Malgré l'opposition des trois quarts des présidents de R1, Romain Féret est persuadé que cette réforme de championnat régional est dans l'intérêt du football normand. ©Damien Deslandes
Pour composer les deux poules de Régional 1 pour la saison 2025-2026, comprenant chacun 12 clubs, le tirage au sort sera effectué, ce mardi (1er juillet), à partir de 19 heures. Il sera notamment diffusé en direct sur notre page Facebook.
Pour repartir les 24 équipes sur la ligne de départ, trois chapeaux ont été constitués :
> les relégués de N3 (x5) : AG Caen, ASPTT Caen, FC Flers, Grand-Quevilly FC, FC Saint-Lô
> les équipes maintenues en R1 à l'issue de l'exercice 2024-2025 (x13) : US Avranches « B », Bayeux FC, AS Trouville-Deauville-Villers « B », ESM Gonfreville, Le Havre AC « B », US Luneray, La Maladrerie OS, USC Mézidon, Pacy-Ménilles RC, Quevilly-Rouen Métropole « B », FC Rouen « B », Saint-Marcel FC, Yvetot AC
> les promus de R2 (x6) : AS Cherbourg, Evreux FC 27, US Granville « B », SC Hérouville, CA Lisieux, USON Mondeville
Les formations concernées seront tirées à tour de rôle pour être réparties dans les groupes A et B.