Le Football amateur ne sait plus à quel saint se vouer. Pas une journée sans qu'une nouvelle annonce de la Fédération, du Ministère des Sports ou de l'Etat qui ne vienne contredire la précédente. Cette cacophonie a atteint son paroxysme hier, mercredi. Interviewé dans la matinale de RMC-BFM, Jean Castex, poussé dans ses retranchements par Jean-Jacques Bourdin, a, à demi-mot, scellé le sort de la Coupe de la France. "La Coupe de France est-elle morte ?", lui a posé comme question le journaliste. "Oui", a répondu, du bout des lèvres, le Premier ministre. Quelques heures plus tard, démenti de Noël Le Graët, le président de la FFF, dans les colonnes du Parisien : "Une annulation ? Quelle annulation ? Ce n'est pas cuit pour la Coupe de France ! (...) Je le répète, pour moi, c'est très clair, la Coupe de France aura lieu cette année. C'est sûr".
Un exemple parmi tant d'autres de l'absence, visiblement, de concertation entre les instances et le gouvernement. Au milieu des deux, des clubs totalement perdus. On peut facilement les comprendre. Toutefois, dans ce méli-mélo de communiqués, une chose est acquise. Comme les mineurs depuis le 28 novembre, les majeurs sont autorisés à reprendre des entraînements dès à présent. "Les seniors peuvent s'entraîner de manière individuelle", a confirmé Marc Debarbat, le président de la Ligue de football amateur dans L'Equipe.
Des séances adaptées, sans contact ni opposition et en respectant une distanciation physique de deux mètres entre chaque joueur. "En revanche, ils peuvent se faire des passes avec un ballon", a précisé Marc Debarbat. Pour le football, le « vrai », il faudra patienter, dans le meilleur des scénarios, jusqu'au 15 décembre. Une date qui doit être validée par l'Etat. Et pour s'entraîner, encore faut-il que les installations soient mises à disposition par les collectivités. Si l'on prend le cas de la Ville de Caen, elles sont habituellement fermées pendant la période des fêtes, afin de permettre au personnel qui y travaille de prendre ses congés.
Les clubs ne bénéficieront plus des aides de l'Etat
Si l'information n'est pas encore confirmée, cette fermeture est prévue cette année du 24 décembre au soir au 4 janvier au matin. Autant dire que si la Fédération avait la mauvaise idée de programmer un tour de Coupe de France le week-end des 2-3 janvier, cela pourrait soulever quelques problèmes. Dans tous les cas, si cette reprise adaptée jusqu'à la mi-décembre constitue une première étape, elle ne résout pas tout. Bien au contraire. S'ils en ont désormais la possibilité, pas sûr que l'ensemble des clubs décide de retrouver le chemin des terrains dès aujourd'hui.
Pour participer aux séances, les joueurs, à l'image de Monsieur et Madame tout le monde, doivent respecter un certain nombre de dispositions en vigueur concernant les déplacements avec notamment l'obligation que le stade se situe à moins de 20 km de leur domicile. Pour l'AG Caen, Vire ou Saint-Lô (pour ne citer qu'eux) qui possèdent dans leur effectif des éléments habitant à 30 minutes, trois quart d'heure voire une heure de route, cette contrainte est plus qu'handicapante. Sachant que, couvre-feu oblige, tous ces joueurs sont censés être rentrés chez eux pour 21 heures. Une limite horaire en vigueur, au minimum, jusqu'au 20 janvier.
Cette reprise, qu'on peut qualifier d'anticipée, a également des répercussions économiques. Complètement à l'arrêt jusqu'à présent, les clubs bénéficiaient des mesures d'accompagnement de l'Etat avec principalement le chômage partiel. En faisant revenir sur les terrains leurs salariés, éducateurs et joueurs, les dirigeants ne percevront plus ces aides. Problème, en face, les recettes « matches » (billetterie, buvettes) ne rentrent pas et l'incertitude planant au-dessus de leurs partenaires est toujours aussi grande. C'est pourquoi, pour de nombreux acteurs du monde du ballon rond, la priorité est de connaître la date de la reprise des compétitions. "A partir de là, on pourrait mettre en place un rétro-planning et déterminer le nombre de semaines dont on a besoin pour se préparer", explique Félix Legras, le coach de la réserve de l'AG Caen. Des entraîneurs et des dirigeants qui vont devoir faire preuve encore d'un peu de patience. Rien ne devrait être acté avant le 11 décembre et l'AG de la Ligue de football amateur.