Il n'y a pas que le foot dans la vie ! En partenariat avec la Région Normandie, la rédaction de FOOT NORMAND a décidé de mettre à l'honneur les athlètes de la Team Normandie en revenant notamment sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, tout en se projetant sur leurs nouveaux projets.
Il y a un an, Paris se transformait pour accueillir ce qui allait devenir, en toute objectivité, les plus beaux JO de l'histoire. 12 mois plus tard, toute cette euphorie est retombée et le gouvernement projette une baisse du budget alloué au sport de 18%. La parenthèse enchantée est finie. Que sont devenus les athlètes de la Team Normandie qui ont participé à cette olympiade* ? Deux d'entre eux se confient.
*Flavie Renouard (athlétisme), Florian Merrien (para tennis de table), Logan Fontaine (natation en eau libre), Kévin Vauquelin (cyclisme), Eric Delaunay (skeet olympique), Alexis Hanquiquant (para triathlon), Amina Zidani (boxe), Jérémie Mion (voile).
Pour Flavie Renouard, un changement d'équipementier, une « gamelle » et des minima à décrocher
Un an après Paris 2024, rien n'a changé dans le quotidien de Flavie Renouard. Ou presque. Désormais diplômée d'un master à l'IAE de Caen, salariée à mi-temps au Crédit Mutuel, la Normande a surtout changé d'équipementier. Vous le remarquerez à la virgule qui auréole ses pointes ou son maillot. A l'issue des JO, où elle a terminé 10e de sa série, la demi-fondeuse venait à bout de son contrat avec Asics. Nike, intéressé par son profil, s'est rapproché d'elle en début d'année 2025. "On m'a envoyé des produits pour que je les teste. J'ai aussi eu de très bons liens avec les responsables de la marque". Approche gagnante, l'athlète normande signe un contrat jusqu'en 2028, année des Jeux olympiques à Los Angeles. Outre le fait de pouvoir ajouter « Nike Athlete » sur la bio de son profil Instagram, et de rejoindre la Team des athlètes Nike dont les Français Rénelle Lamote, Anaïs Bourgoin, ou encore le Normand Alexis Hanquinquant (para triathlon), cette signature représente une fierté. "C'était la marque de mes rêves. Je cours avec les pointes qui portent le nom de Jakob Ingebrigtsen (le Norvégien est champion olympique en titre du 5000 mètres), je vais voler !"
Si elle reste fidèle à elle-même, Flavie Renouard a vécu quelques semaines post-JO difficiles. "C'étaient les montagnes russes pendant deux mois. J'étais lessivée mentalement et physiquement", confie-t-elle, obligée de jongler entre séances d'entraînement et la livraison de son mémoire de recherche. Malgré les signes de fatigue, l'athlète spécialiste du 3000 mètres steeple est au départ des Championnats d'Europe de cross-country, début décembre à Antalya, en Turquie. Elle s'offre une 9e place juste derrière sa compatriote Manon Trapp. "Finir dans le Top 10, c'était une super performance. J'étais sous l'eau, mais au moment d'arriver en compétition, j'avais la forme, c'était incroyable". Touchée par plusieurs virus pendant l'hiver, la coureuse de 24 ans a finalement bien débuté sa saison d'été, avec un chrono en 9'21''50 en Pologne, au Mémorial Irena Szewinska. La suite s'est avérée plus complexe. Alignée sur le meeting d'Oslo le 12 juin, Flavie Renouard a chuté, à deux reprises. "J'étais sur de bonnes bases, mais à 800 mètres de l'arrivée, mon pied touche la barrière, je me relève vite, puis 50 mètres plus loin, je rechute. Là, je ne me souviens de rien". Sonnée par cette « gamelle », la Caennaise présentait de lourdes séquelles. "Je m'en suis sortie avec une fissure à la côte, le genou gonflé et une commotion cérébrale. Juste après la course, je me suis dit : « Ce n'est pas grave, ça arrive à n'importe qui »".
"A 8OO mètres de l'arrivée, mon pied touche la barrière (...), puis 50 mètres plus loin, je rechute. Là, je ne me souviens de rien"
Flavie Renouard
On vous avait prévenu. Flavie Renouard n'a pas changé. Guerrière dans l'âme, elle a repris l'entraînement trois jours plus tard, afin de s'aligner sur le meeting de Paris au Stade Charléty, dès le 20 juin. Son seul objectif désormais : réaliser les minima pour les Mondiaux qui se déroulent à Tokyo, au Japon, du 13 au 21 septembre. Deux grosses échéances sont cochées dans son agenda pour y parvenir. A commencer par les Championnats de France Elite à Talence (Gironde), le 1er août, où la concurrence sera rude, notamment face à Alice Finot (4e des JO de Paris 2024), puis le meeting d'Oordegem, en Belgique, une semaine plus tard. "Les complications du mois de juin laissent des traces. Il va falloir que je sois à mon top niveau pour faire les minima, mais j'y crois toujours".
Pour Florian Merrien, la retraite, ce n'est pas pour tout de suite
Devenu n°3 mondial depuis sa médaille de bronze en double mixte aux JO de Paris avec Flora Vautier, Florian Merrien reste, lui aussi, les pieds sur terre. Pas question de flamber ni de briller bien qu'il ait gagné deux places au classement. De toute façon, ça ne lui ressemble pas. Singulier mais vrai, d'une honnêteté implacable, le pongiste normand reste fidèle à ses valeurs. Quintuple médaillé olympique, le licencié de la Bayard Argentan ne compte pas s'arrêter de sitôt. "J'avais décidé avant Paris que je ne prendrais pas ma retraite tout de suite et que je continuerai. Je n'ai jamais jugé quelqu'un sur l'âge", lance-t-il, du haut de ses 40 printemps. Si l'on pourrait s'amuser à comparer ses propos à un certain Kylian Mbappé : « Moi, tu ne me parles pas d'âge », le pongiste normand est bien plus pragmatique. "J'ai décroché mon premier titre de Champion d'Europe à 19 ans quand la moyenne d'âge était de 25 ans. Et puis, en tennis de table handisport, on peut jouer un peu plus vieux que les autres". Le message est clair. Florian Merrien n'est pas prêt à ranger la raquette au placard. "Je n'ai pas envie de vivre avec des regrets. Si j'arrête demain, je n'ai pas envie de me dire dans quatre ans : « Ça me manque »".
"Je pense surtout à ma fille. Si elle entre dans cette salle de sport (qui porte son nom) d'ici à dix ans, je serai touché"
Florian Merrien
Au contraire, le Normand veut continuer d'œuvrer pour l'handisport et s'amuser autour de la table, avec l'envie d'aller disputer les sixièmes Jeux olympiques de sa carrière, de l'autre côté de l'Atlantique. "Mon objectif, c'est Los Angeles. Il faut déjà que je me qualifie. Je suis lucide sur mon niveau de jeu. Il faudrait un exploit pour faire une médaille en individuel". Mais en sport, tout est possible... "En double, avec Flora, on n'avait pas misé de médaille à Paris et finalement, on l'a eue. L'idée, c'est de progresser avec elle (sous réserve que la Fédération française veuille toujours les aligner ensemble)". Et pourquoi pas, glaner une médaille d'or olympique, la seconde pour Florian Merrien après Pékin en 2008.
Autour d'une saison mitigée après son aventure à Paris, le natif de Mont-Saint-Aignan se prépare actuellement pour les Championnats d'Europe, en novembre, en Suède ; compétition pour laquelle il attend encore la sélection officielle. D'ici là, il s'envolera vers les Etats-Unis en août, puis en Amérique du Sud, au Brésil, pour des tournois internationaux, afin de "répéter ses gammes" et "continuer d'être classé le plus haut possible". Dans l'intervalle, Florian Merrien a ajouté un autre titre à son palmarès. S'il connaît bien les collèges et lycées de la région pour avoir dispensé de nombreuses interventions sur le handicap, le médaillé olympique continue d'être actif dans les établissements scolaires. En janvier, il a donné son nom au futur gymnase du campus lycéen international Louis-de-Broglie à Bourg-Achard, dans l'Eure. Cette distinction n'est pas une première pour le Normand. En 2019, la salle de sport du collège Le Cèdre à Canteleu avait déjà été baptisée de son patronyme. Idem en 2022, avec la salle multisports de Montville, en Seine-Maritime. "J'attends d'avoir une ville qui porte mon nom désormais !", plaisante-t-il, avec beaucoup d'autodérision. "Au-delà de mon cas personnel, je trouve ça bien que l'on donne le nom de nouveaux gymnases à des gens vivants. Je pense surtout à ma fille. Si elle entre dans cette salle de sport d'ici à dix ans, je serai touché". En attendant, ce sont ses parents qui sont très fiers. Et il y a de quoi.
Léa QUINIO