C'est avec un nouveau propriétaire, Blue Crow Sports Group ayant succédé à Vincent Volpe, mais une équipe dirigeante et technique identique (le président Jean-Michel Roussier, le directeur sportif Mathieu Bodmer, l'entraîneur Didier Digard) que le HAC s'apprête à entamer sa troisième saison consécutive en Ligue 1. Avec des moyens financiers toujours aussi limités, encore accentués par la crise des droits TV qui frappe le football français, le club doyen tentera de rééditer la performance de renouveler son bail en première division. Avant le coup d'envoi du championnat, samedi, avec ce déplacement à Monaco, nous consacrons une série d'articles aux « Ciel et Marine ». Premier volet avec cette interview du président Jean-Michel Roussier.
Avant d’évoquer la future saison, revenons sur la précédente. Dans le film diffusé par le club sur la course au maintien, une scène a particulièrement marqué les spectateurs : votre discours dans les vestiaires du Vélodrome, après la défaite face à Marseille (5-1), début janvier(1)…
"C’est un discours spontané, pas du tout calculé, qui me paraissait légitime sur le moment. Quand on regarde la saison, il s’est avéré fondé. En tout cas, ce discours reflétait exactement le fond de ma pensée. D’ailleurs, je l’ai tenu publiquement après. Maintenant, je ne suis pas du tout convaincu que ce discours ait tenu un rôle dans notre saison. Par contre, le fait d’avoir une position ferme et définitive sur ce sujet… Quoi qu’il arrive, il ne serait rien passé avec Didier (Digard). Il y avait zéro chance que ça vacille dans notre esprit. Il n’y a pas eu de débat. La suite de la saison nous a donné raison".
(1)"On ne changera pas Didier (Digard). Si certains d’entre vous ont l’idée que s'ils en montrent aussi peu, vous me feriez prendre ce genre de décision, vous pouvez vous carrer. Il faut que vous en soyez convaincus, tous", avait lancé Jean-Michel Roussier, en s’adressant aux partenaires d’Arouna Sanganté.
Avec déjà neuf recrues cet été(2), le HAC vit un mercato radicalement différent de la saison dernière, puisqu’à la même époque, soit avant le coup d’envoi du championnat, vous n’aviez enregistré que trois renforts, dont un seul à évoluer au final avec l’équipe première (Yannis Zouaoui)…(3)
"Il faut remettre en perspective ces arrivées par rapport au nombre de départs qu’on a eu. Cette saison, il y a beaucoup de joueurs qui sont partis. André Ayew, Ahamed Hassan aussi, pour ne citer qu’eux. Il faut bien qu’on les remplace. Par exemple, il y a un an, on n’avait pas eu besoin de remplacer nos deux gardiens. Nos recrues compensent ces départs".
"Notre priorité désormais se porte sur d'éventuels départs"
(2)Mory Diaw, Lionel Mpasi, Ayumu Seko, Fodé Doucouré, Thomas Delaine, Félix Mambimbi, Godson Kyeremeh, Younes Namli, Ally Samatta.
(3)Arrivés dans une logique de post-formation, les jeunes Ismaïl Bouneb et Ruben Londja, 19 ans tous les deux, étaient les deux autres recrues. Si l’ex-Valenciennois a pris part à l’intégralité de la préparation avec le groupe de Didier Digard, l’attaquant suisse est retourné dans son pays, cet été. Il a rejoint le FC Sion.
Alors qu’il fermera ses portes en France le 1er septembre (20 heures), à quelle fin de mercato faut-il s’attendre du côté « Ciel et Marine » ?
"Aucune idée, je suis incapable de vous le dire. Tout dépendra des éventuels départs. S’il n’y en a pas, ça risque d’être très calme. Ça ne signifie pas qu’il ne se passera rien mais notre priorité désormais se porte sur ces éventuels départs à venir. Je rappelle à ceux qui l’auraient oublié que nous sommes sous le coup d’un encadrement de la masse salariale. Et au regard du contexte des droits TV et des chiffres qui commencent à nous être annoncés, cette masse salariale est bien évidemment inférieure à celle que nous avions la saison dernière. On travaille donc en fonction de ce montant qui a été fixé avec la DNCG".
Vous évoquez d’éventuels départs. Justement, est-ce que c’est préoccupant d’avoir plusieurs joueurs majeurs de l’effectif en fin de contrat dans un an ?
"Non. Vous savez la saison passée, on avait beaucoup de joueurs en fin de contrat, beaucoup de joueurs prêtés et pourtant, jusqu’à la dernière minute du temps additionnel du dernier match, tous ces garçons se sont battus. Ils ont montré qu’ils étaient capables de passer outre ces considérations contractuelles. C’est avant tout une question d’état d’esprit. Maintenant, on va attaquer, assez rapidement, d’ici la fin août, des discussions à propos d’éventuelles prolongations (Jean-Michel Roussier n’a pas souhaité communiquer l’identité des joueurs concernés par ces discussions)".
Au regard de vos moyens économiques, toujours aussi limités, est-ce qu’un nouveau maintien du HAC en Ligue 1 relèverait de l’exploit ?
"L'engouement des supporters ? C'est le plus important, clairement"
"Si la question que vous me posez, c’est : « Est-ce qu’on joue le maintien ? » La réponse est oui. On a le plus petit budget avec Angers, donc par définition, les pronostics du début de saison ne nous sont pas spécialement favorables. On est habitué. Ça ne me choque pas. Maintenant, est-ce que ça serait un exploit de se maintenir ? Je ne sais pas. Si on part de ce principe, on peut considérer qu’on en a déjà réalisé deux (référence aux maintiens en 2024 et 2025). Après, j’espère qu’on pourra obtenir notre maintien avant la dernière minute du temps additionnel de la dernière journée".
Dans cette lutte pour le maintien, le HAC pourra toujours compter sur le soutien de ses supporters. A l’image du Fan day qui a réuni 3 000 spectateurs la semaine dernière au Stade Océane, on a l’impression que l’engouement est toujours fort autour de l’équipe…
"Et c’est le plus important, clairement. La saison dernière, nos supporters sont passés par toutes les émotions. J’imagine que le scénario de la dernière action du dernier match (avec cette panenka d’Abdoulaye Touré) leur a laissé des souvenirs ultra-positifs. Et dès cette journée (du Fan day), ils répondent présent. On a battu un record d’affluence, c’est bon signe. On compte autour de 11 000 abonnés. J’espère que notre premier match à domicile, contre Lens affichera guichets fermés, même si c’est en plein cœur du mois d’août (le 24)".
Avec Ligue 1 +, le HAC navigue à vue sur les droits TV
La rencontre Monaco - Le Havre, samedi soir (19 heures), sera diffusée par la nouvelle chaîne de la LFP, Ligue 1 +. Damien Deslandes
Ce lundi, la LFP a ouvert sa campagne d’abonnements pour Ligue 1 +. Cette nouvelle chaîne retransmettra huit des neuf matchs par journée de ce championnat. "Il n’existait pas d’autre alternative", pointe Jean-Michel Roussier, référence à l’échec des précédents diffuseurs ; DAZN étant le dernier en date. Du succès commercial de cette chaîne auprès des amoureux de ballon rond dépendent les futures recettes, en tout cas une partie, des pensionnaires de première division, dont le HAC. Objectif annoncé au terme de la saison 1 : un million d’abonnés. Un chiffre qui paraît terriblement lointain pour les dirigeants du football français. "On n’a pas la moindre idée du montant des droits TV qu’on percevra", prévient le président havrais. "Pour l’instant, on est sur une estimation très basse".
Pour la Ligue, dos au mur dans ce dossier, le pari est loin d’être gagné, surtout sans Canal +. "Tout le monde espérait, a minima, que Canal distribue la chaîne, même sans donner de minimum garanti". Au lieu d’une coopération, la chaîne cryptée, dont le passif avec les responsables de la LFP est très lourd, semble se positionner en opposant. Pour preuve, la diffusion, en clair, d’une rencontre de Premier League anglaise (Liverpool - Bournemouth) le même soir que le lancement de Ligue 1 +, ce vendredi, avec l’affiche Rennes - Marseille. "On a les réponses qu’on imaginait", commente, un brin désabusé, Jean-Michel Roussier.