Du haut de ses 17 bougies qu'il a soufflé le 8 août, Tidiam Gomis sera, bel et bien, ce samedi au Stade Francis-Levasseur. Pour la quatrième fois consécutive, Jean-Marc Furlan l'a convoqué dans ses « 18 ». Pourtant, en début de semaine, la présence du « gamin » de Bouafle était loin d'être gagnée. Alors que son nom a agité le mercato caennais durant tout l'été, les dirigeants du Bayer Leverkusen - qui le suivent déjà depuis la catégorie U15 (!) - sont, une nouvelle fois, passés à l'offensive. Pendant deux jours, une délégation allemande composée notamment du directeur sportif Simon Rolfes et du responsable du recrutement Kim Falkenberg a établi ses quartiers en Normandie pour convaincre les dirigeants « Rouge et Bleu » de céder leur pépite. Dans leurs valises, une proposition particulièrement bien ficelée comprenant une part fixe de 4 M€ et différents bonus qui auraient pu permettre au SMC d'établir un record de vente (propriété, à ce jour, de Ngolo Kanté transféré 9 M€ à Leicester en 2016). Le board du Bayer était également disposé à laisser le jeune attaquant dans son club formateur une saison supplémentaire sous la forme d'un prêt. Un deal validé par Tidiam Gomis et sa famille alors qu'un contrat longue durée l'attendait en Westphalie.
"On n'a pas accepté cette offre", explique Olivier Pickeu qui a averti ses homologues germaniques sous les coups de 16 heures, vendredi après-midi, soit deux heures avant la fermeture du marché outre-Rhin. "Une décision collégiale", prise avec les actionnaires, le fonds d'investissement Oaktree et Pierre-Antoine Capton, assure le président caennais. "La part fixe ne correspondait pas à nos attentes pour un joueur de cette qualité", pointe l'ex-manager général d'Angers SCO. Au-delà de l'aspect financier, du côté « Rouge et Bleu », on met en avant le volet sportif. "Tidiam fait partie de notre projet dans lequel la formation tient une place importante", martèle Olivier Pickeu. "On est persuadé qu'il a tout pour intégrer notre onze demain. Il est programmé pour aller au haut niveau. Le coach compte sur lui".
S'il n'est nullement question de remettre en cause les propos d'Olivier Pickeu, Tidiam Gomis, ainsi que son entourage, attendent désormais des actes. Car ce ne sont pas ses deux petites apparitions dans le dernier quart d'heure jusqu'à présent qui vont inciter l'international U18 à se projeter sur le long terme avec le SMC. "Il n'y a pas de préférence d'âge", certifie le dirigeant normand. "Si Tidiam devient titulaire et brille, je vais bien dormir pour les finances du club sans compter le message que ça envoie aux futurs jeunes qu'on souhaite recruter. On doit faire attention à nos petits en les faisant jouer notamment à leur poste. A un moment, tu as envie de voir tes jeunes porter tes couleurs. C'est moins de frustration pour tout le monde, à commencer par nos éducateurs. Si c'est juste pour le faire jouer un an et le vendre..."
Diabé Bolumbu et Cluver Sambi Mbungu également dans le radar du Bayer Leverkusen
Il est vrai que les garçons issus du centre de formation partent de plus en plus tôt. Avant de signer à Lyon en juin 2022, Johann Lepenant avait disputé 54 rencontres de championnat sous le maillot « Rouge et Bleu » (3 872' de temps de jeu). Un an auparavant, Alexis Beka Beka s'était engagé au Lokomotiv Moscou après 30 apparitions en Ligue 2 (1 792'). Aujourd'hui, Norman Bassette vient d'être prêté à Malines après seulement 14 bouts de matches dont deux titularisations (217'). Tidiam Gomis aurait pu, lui, quitter Malherbe avec 17 malheureuses minutes au compteur ! "Parce que notre situation n'est pas équilibrée au niveau de notre budget (avec un déficit structurel d'environ 5 M€), on devrait le transférer. On n'est plus dans un projet club. Si c'est comme ça, je vais dire aux actionnaires d'arrêter la formation. On ne va plus s'embêter avec les diplômes, la post-formation, la formation...", prévient Olivier Pickeu.
Sauf que la formation rapporte énormément au club caennais, entre 10 et 15 M€, en fonction des sources, rien qu'avec les ventes d'Alexis Beka Beka, Johann Lepenant et Kélian Nsona (au Hertha Berlin). D'ailleurs, ne nous trompons pas. En refusant l'offre du Bayer pour Tidiam Gomis, l'Etat-major normand a pris un risque financier, certainement calculé, mais énorme quand même. Celui qui est considéré comme l'un des espoirs les plus prometteurs de l'histoire du SMC se trouve à deux ans du terme de son contrat. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette durée ne constitue absolument pas une sécurité. A ce jour, la probabilité de le voir prolonger est extrêmement mince, voire inexistante. Le jeune attaquant peut très bien décider d'aller au bout de son engagement et de partir librement en 2025. Les exemples similaires sont légion dans le foot moderne.
"On a considéré qu'actuellement, ce n'était pas le bon timing mais ça sera peut-être différent fin mai (2024). On peut aussi envisager un pré-accord à Noël", lance le président du Stade Malherbe. "C'est ce que j'ai dit à Tidiam, imaginons un scénario parfait : « Tu joues, tu fais des stats, on monte... » Je ne vois pas comment le Bayer Leverkusen ou les autres clubs qui s'intéressent à lui ne reviendraient pas à la charge". Pour un montant identique ? Pas sûr alors que la possibilité de récupérer le « gamin » gratuitement 12 mois plus tard, soit à l'été 2025, existe. En attendant, Olivier Pickeu va garder le contact avec ses homologues allemands. Il en a fait la promesse à Tidiam Gomis et à sa famille. "Je vais certainement les rencontrer dans les semaines qui viennent pour mettre en place une relation". Il faut dire que dans les prochains mois, le n°7 des « Rouge et Bleu » risque de ne pas être le seul sujet de discussion entre les deux camps ; le pensionnaire de Bundelisga s'intéressant de très près à Diabé Bolumbu ainsi qu'à Cluver Sambi Mbungu, 15 ans le 8 novembre et surclassé en U17 depuis la saison dernière !