On dispute la 64’ quand Maxime d’Ornano procède à son premier changement. Titulaire, un peu à la surprise générale, Armand Gnanduillet (33 ans) cède sa place à Ivann Botella sous une bordée de sifflets. En réponse, plusieurs de ses coéquipiers, le capitaine Yann M’Vila en tête, applaudissent la sortie de l’avant-centre du Stade Malherbe. "Je suis déçu", n’a pas caché le coach caennais par rapport à la réaction du public de d’Ornano. "Ça atteint un homme. On est tous dans le même club, on peut être mécontent d’une perf, mais on ne siffle pas ses soldats. Armand, il ne triche pas au quotidien, c’est une top personne. Il essaye de faire au mieux avec ses qualités du moment". A la suite de ce match, le n°11 du SMC a échangé quelques mots avec le kop, demandant « à ne pas être jugé sur son passé à Sochaux ». Après un exercice déjà compliqué à Dunkerque (L2), en 2023-2024, l’attaquant a connu encore plus de difficultés, sur le terrain comme en dehors, dans le Doubs ; il a fini par être pris en grippe par les fans locaux et être mis à l’écart de l’équipe professionnelle !
C’est escorté de cette réputation peu flatteuse qu’Armand Gnanduillet a débarqué en Normandie. S’il doit composer avec cet a priori négatif, on ne peut pas dire qu’il a retourné l’opinion publique en sa faveur, ni conquis le cœur des supporters « Rouge et Bleu ». C’est un euphémisme. En même temps, ses prestations, à commencer par la dernière en date face au Puy, ce vendredi, ne resteront pas dans les annales. "Le problème, c’est que le gens ne savent pas ce qui est réclamé à Armand (au niveau des consignes)", le défend Maxime d’Ornano devant la presse. "Evidemment, ce n’est pas lui qui va faire des courses de 60 mètres, par contre, avec son gabarit, il va fixer des adversaires, il va permettre à Adama, à Belkacem, aux joueurs de couloir de s’exprimer… Je pense que les autres ont bénéficié de son travail".
"Le problème, c'est que les gens ne savent pas ce qui est réclamé à Armand"
Maxime d'Ornano
Difficile, toutefois, de croire que l’ex-technicien rouennais puisse se satisfaire d’une telle copie, quand bien même il affirme le contraire. Mais pour Maxime d’Ornano, l’équation n’est pas simple. Si on continue de s’interroger sur la pertinence de ce recrutement, surtout pour un club qui prétend remonter en Ligue 2, l’entraîneur caennais ne peut certainement pas se permettre de placer Armand Gnanduillet au placard toute la saison. Malgré des productions plus que terne, il s’agit de son seul véritable avant-centre au sein d’un effectif ne comprenant, rappelons-le, que 20 joueurs de champ. Du coup, quelle autre solution s’offre au coach malherbiste que d’insister en l’utilisant, soit dans son onze de départ ou en sortie de banc. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour un déclic qui lui fasse retrouver une partie de ses capacités qui lui avait permis de claquer 14 réalisations et signer sept passes décisives il y a trois ans sous les couleurs du Mans. "Bien sûr, j’aimerais qu’Armand marque un but, surtout devant la tribune (la Borrelli). Ça lui ferait du bien. Ça viendra". Espérons pour le SMC que ça ne tarde pas trop.
"J'aurais dû mettre Ivann sur le banc sur un match précédent"
Si la titularisation d'Armand Gnanduillet, la deuxième seulement cette saison, a constitué une énorme surprise à la lecture de la feuille de match, la présence sur le banc d'Ivann Botella, le meilleur buteur malherbiste (trois réalisations), en a représenté une aussi grande. "J'aurais dû même le faire sur un match précédent", reconnaît Maxime d'Ornano. "Ivann commençait à tirer la langue, on avait tiré un peu dessus, mais les planètes n'étaient pas alignées pour le faire avant : des joueurs revenaient de blessure, de suspension ou ils n'étaient tout simplement pas en forme. Là, c'était le moment". Peu après son entrée sur le pré, à l'heure de jeu, l'ancien du Red Star s'est signalé avec cette magnifique frappe, claquée au-dessus de sa transversale par Matis Carvalho, le gardien ponot (75'). "C'est l'idée également quand on régénère un joueur, c'est qu'il amène immédiatement ses qualités".