Moins de buts encaissés = plus de points récoltés
Adoré par les supporters, encensé par le propriétaire Pierre-Antoine Capton dans une récente interview dans les colonnes d’Ouest France, loué pour ses résultats depuis sa prise de fonctions, fin novembre (8V-2N-4D, le deuxième meilleur bilan de Ligue 2 derrière le leader auxerrois), Nicolas Seube est-il en train d’imprimer une nouvelle identité de jeu au Stade Malherbe ? Si l’on compare les datas actuelles de l’équipe caennaise avec celles sous la direction de ses prédécesseurs depuis la relégation du club normand en Ligue 2 (Rui Almeida, Pascal Dupraz, Stéphane Moulin et Jean-Marc Furlan(1)), la réponse semble affirmative. Alors, bien sûr, à ce jour, le jeune technicien (44 ans) n’a dirigé que 14 rencontres de championnat. Les constats établis sur cette période demanderont forcément confirmation.
En attendant, avec l’ancien n°2 à sa tête, le SMC affiche une moyenne d’1,9 point par match. Personne ne fait mieux chez les « Rouge et Bleu » depuis 2019. Les succès de Nicolas Seube puisent leur essence dans la robustesse défensive de son collectif avec 0,93 but encaissé par match (pour des expected goals(2) d’1,17). Le Stade Malherbe ne s’était jamais montré aussi solide depuis sa descente dans l’antichambre de l’élite.
(1)Ne figure pas dans ces données, Fabrice Vandeputte qui a assuré l’intérim sur les huit dernières journées de la saison 2020-2021, après le renvoi de Pascal Dupraz.
(2)Nombre de buts attendus par match au regard du nombre et de la qualité des occasions obtenues.
Tableau comparatif des performances des différents entraîneurs du Stade Malherbe depuis sa relégation en Ligue 2, en 2019.
Une attaque moins prolifique que sous Stéphane Moulin et Jean-Marc Furlan
A l’inverse, sur le plan offensif, l’attaque normande est perfectible. Elle souffre de la comparaison avec celles des ères Furlan et Moulin : 1,14 but inscrit par match contre respectivement 1,64 et 1,36. Toutefois, par rapport à la moyenne de la Ligue 2, ses statistiques, sans briller par leur exubérance, restent solides : dix tirs par match, des expected goals (xG) d’1,24… Cette approche qu’on peut qualifier de mesurer traduit une stratégie qui privilégie l’équilibre à l’expansivité.
En se penchant sur la manière dont il obtient ses occasions, on s’aperçoit que le club caennais excelle principalement pour tirer à la suite de passes délivrées durant le jeu (74% soit le quatrième pourcentage de L2). Par ailleurs, le SMC se distingue par un nombre élevé de frappes après des récupérations défensives (leader du championnat dans ce domaine) ; illustrant l’accent mis par Nicolas Seube sur l’intensité et la verticalité dans le jeu sans ballon. Néanmoins, on observe quelques limites dans certains aspects à l’image du faible nombre d’opportunités créées par l’intermédiaire d’initiatives individuelles comme le dribble (0,86 situation par match) ou encore de la menace relative que représentent les coups de pied arrêtés (1,57 situation de tir par match après un CPA).
Un quart de duels remportés en plus
Dans sa conception du football, Nicolas Seube n’aspire pas à une domination par la possession : seulement 49,4%. Les « Rouge et Bleu » ne privilégient pas le nombre de passes : 420 tentatives par match avec un taux de réussite de 80,4% (14e équipe de L2). Cette précision relativement modeste découle en partie de la prépondérance des Caennais à privilégier le jeu long : une moyenne de 62 passes longues tentées par match. Il s’agit tout simplement d’un record dans ce championnat de deuxième division. Ce n’est pas rare de voir Romain Thomas allonger le jeu en ciblant Alexandre Mendy, pivot essentiel de l’attaque malherbiste. En plus de favoriser un jeu direct vers l’avant, cette option tactique sert également de tactique préventive en minimisant le risque de pertes de balles dans les zones critiques. Le danger potentiel est ainsi repoussé loin des cages d’Anthony Mandrea. Troisième avantage de ce choix, il permet d’engager une récupération du « cuir » plus haute sur le terrain.
Au-delà du vent de changements opérés sur l’aspect du jeu, Nicolas Seube a aussi instauré une révolution dans l’esprit combatif de ses troupes. Pour mesurer concrètement cette transformation, il suffit de s’attarder sur le nombre de duels remportés. Par rapport aux 13 premières journées sous la direction de Jean-Marc Furlan, l’augmentation est significative avec une hausse de 14%. Les Normands sont passés de 100 à 114 un contre un remportés par match. Cette statistique assez éloquente se révèle encore plus impressionnante sur l’aspect défensif avec un gain de 17% de duels gagnés en plus. Un état d’esprit conquérant transmis par le coach à ses joueurs pour le plus grand bonheur des supporters « Rouge et Bleu ».
> L2. J30 - Quevilly-Rouen Métropole (19e - 28 points) / SM Caen (8e - 42 points), samedi 30 mars à 19 heures au Stade Robert-Diochon.