L'Association de retour aux commandes...
C'est en quelque sorte un retour aux sources. Alors que les U18-U19 et l'équipe première battaient pavillon sous la SAS (Société par actions simplifiée, qui a en charge notamment la structure professionnelle) depuis 2020, leur gestion avait été déléguée ces trois dernières années à des prestataires extérieurs réunis autour d'Olivier Linot, un proche de l'ancien président Olivier Pickeu ; ce qui avait interpellé plus d'un observateur, à commencer par Gérard Prêcheur, quand celui-ci occupait encore le poste de directeur technique du SMC. "C'est fini", clarifie Jean-Luc Pignol, le président de l'Association du Stade Malherbe(1). Et pour cause, c'est désormais cette entité qui récupère l'ensemble de la section féminine, comme à sa création en 2019. Si on a souvent eu l'impression qu'elle était laissée à l'abandon, et pas seulement cette saison, elle se voit aujourd'hui pourvue de nouveaux référents à sa tête ; Jean-Luc Pignol bien sûr et aussi Johan Gallon, le manager général de l'Association, pour toute la partie technique. "C'est vrai que Chloé (Charlot, la responsable de la section jusqu'à présent) s'est battue contre vents et marées sans obtenir grand-chose", admet l'ex-milieu de terrain des « Rouge et Bleu » qui sera également accompagné, sur ce volet féminin, par l'un des dix membres du Conseil d'administration de l'Association.
(1)L'Association du Stade Malherbe a déjà sous sa responsabilité l'école de foot jusqu'aux U13, filles et garçons, le Tournoi Jean-Pingeon, les stages foot l'été et la School Malherbe Caen (organisme de formation).
...avec le soutien financier de la SA
Si l'Association hérite de la section féminine, Jean-Luc Pignol rappelle l'aspect transversal de ce projet. "Sans l'aide de la SAS, rien ne serait possible". Le board du Stade Malherbe - dont le président Ziad Hammoud et le directeur général Josselin Flamand, représentants de l'actionnaire principal Kylian Mbappé - ayant garanti un budget supérieur à 200 000 € pour les filles. A titre de comparaison, il était légèrement inférieur à 180 000 € pour cet exercice 2024-2025, sachant que les ressources à disposition, principalement concernant le staff (lire ci-dessous), ne seront pas utilisées de la même façon pour la prochaine saison. Cette augmentation constitue un geste fort alors que la tendance nationale est plutôt à un désengagement des clubs « pros » masculins vis-à-vis du football féminin. D'autant plus au SMC où les dirigeants, avec notamment la relégation en National, ont annoncé leur intention de réduire par trois les dépenses, pour les faire passer de 25 M€ à un peu moins de 10 M€. "Bien entendu, on ne s'interdit pas de trouver de nouveaux sponsors", lance Jean-Luc Pignol qui n'oublie pas de remercier les entreprises qui soutiennent la section féminine depuis le début : Laino, la Biscuiterie de l'Abbaye, Künkel SAS, Printngo, You, Crédit Agricole, Axa Couppey et le Conseil départemental du Calvados... Une recherche de partenaires qui sera toujours pilotée par la cellule commerciale de la SAS.
Une équipe réserve dans les cartons
Dans le projet porté par l'Association pour la section féminine figure la création d'une réserve, qui évoluerait à terme au niveau régional. "Aujourd'hui, on a trop de joueuses qui quittent le club après les U18-U19, car on n'a pas cette équipe qui nous assure la passerelle avec la D3", indique le manager général Johan Gallon pour qui cette « B » répond à un objectif de post-formation. "On veut laisser le temps aux jeunes de s'acclimater au monde senior". "Ça nous permettrait aussi de garantir du temps de jeu à tout le monde", ajoute le président Jean-Luc Pignol. Pour l'instant, il n'est pas encore certain que cette réserve voit le jour dès la saison prochaine. "Tout va dépendre de nos effectifs dans les différentes catégories", avance Johan Gallon.
Respectivement président et manager général de l'Association, Jean-Luc Pignol et Johan Gallon sont les nouveaux dirigeants référents de la section féminine du Stade Malherbe. ©Damien Deslandes
Des primes de match pour les joueuses de D3
A quoi servira cette manne financière ? C'est une petite révolution à l'échelle de la section féminine du Stade Malherbe, les joueuses de D3 percevront désormais des primes de match "afin de les récompenser de leur investissement. Car le sport de haut niveau en demande", souligne Jean-Luc Pignol. Jusqu'à présent, c'est assez simple, les coéquipières de Morgane Hauvet ne touchaient pas un euro(2). Les nouveaux responsables de la section entendent également apporter un peu plus de confort à « leurs » filles. "On veut améliorer la logistique, les déplacements", prend comme exemple Johan Gallon. Un effort sera aussi porté sur l'encadrement.
(2)Dans le cadre d'un dispositif du Medef (l'organisme syndical patronal qui représente les dirigeants d'entreprise) soutenant les sportifs de haut niveau, quatre joueuses ont perçu une rémunération.
Un staff renouvelé à 100% avec Tristan Blanchard à sa tête
Pour diriger les différentes formations féminines, Jean-Luc Pignol et Johan Gallon ont puisé "dans les compétences internes de l'asso". Jusqu'à présent à la tête de la catégorie U11 garçons (où il sera remplacé par Johan Lebouteiller en provenance de Mondeville), Tristan Blanchard est promu responsable de la section et entraîneur de la D3. En poste depuis plus de dix ans au SMC, cet éducateur sera secondé par Manon Delafosse, en qualité d'adjointe. Cette ancienne joueuse de l'équipe première conserve le coaching des U13 féminines, qualifiées pour la troisième fois sur les quatre dernières années pour la phase finale de cette catégorie à Capbreton. Directeur, par ailleurs, de la School Malherbe Caen, Tristan Blanchard partagera désormais cette prérogative avec une personne qui sera recrutée. "C'est un profil qui cumulera plusieurs casquettes puisqu'il aura aussi en charge les U16 et la réserve si elle est créée", explique le manager général. Il s'agit de l'unique apport extérieur dans le staff de la section. Déjà responsable des U10 garçons, Florian Royer - qui a décidé d'arrêter sa mission au FC Thaon (R3) qu'il exerçait en parallèle - s'assoira également sur le banc des U18 (ex-U19 nationales), reléguées au niveau régional. Le pôle développement, comprenant la préparation athlétique, est placé sous la houlette de Fabio Martins. A ce jour, la seule interrogation concerne le poste d'entraîneur des gardiennes. "On est en pleine réflexion", lâche Johan Gallon. Occupant ce rôle cette saison, il n'est pas exclu que Kenny Renard se voit proposer de rempiler à en croire les dirigeants de l'Association. Pour le suivi médical des joueuses, le centre de formation "nous mettra à disposition ses ressources".
En fin de contrat au 30 juin avec la SAS, Dorine Mamata, coach des U19 nationales cette saison, n'est pas conservée. A la tête des U16 qu'il a conduit au doublé Coupe de Normandie - championnat R1 (une première dans l'histoire de la section), Stéphane Ferey, au statut de bénévole, a exprimé son souhait de ne plus être l'éducateur principal de cette catégorie ; une fonction qu'il estime non cumulable avec son métier de professeur d'EPS. Salariés en CDI de la SAS, Chloé Charlot, la désormais ancienne coach de la D3, et Thomas Pouliquen, le préparateur physique, ne font pas non plus partie de ce nouveau projet porté par l'Association. A l'heure où nous écrivons ces lignes, on ne sait pas de quoi leur avenir au sein du Stade Malherbe sera fait.
La priorité accordée aux joueuses déjà présentes
Jean-Luc Pignol et Johan Gallon l'ont répété à de nombreuses reprises au cours de notre entretien. S'il y aura, bien sûr, un mercato à effectuer, "la priorité est de garder toutes les joueuses, les U18, les U19, les seniors, qui étaient présentes cette saison. On ne veut se séparer de personne", insistent les deux dirigeants qui ont commencé à mener des entretiens individuels. "C'est vrai qu'il y avait des tensions en interne", reconnaît pourtant Jean-Luc Pignol. "Mais pas entre les filles", précise-t-il. Pour le président de l'Association comme pour son manager général, le groupe seniors est capable de faire beaucoup mieux. "L'objectif est d'installer durablement l'équipe dans le haut de tableau du championnat de D3. Et si un jour, la possibilité de monter en D2 se présente, on ne s'en privera pas. J'ai discuté avec mes homologues de Bourges lors de la dernière journée, on aura à peu près le même budget et leur équipe a fini deuxième. Pourquoi pas nous ?"
Toutefois, la marche paraît haute pour Morgane Hauvet et ses coéquipières qui restent sur deux maintiens in extremis dans cette division. "Les conditions dans lesquelles elles ont travaillé ne favorisaient pas la performance. Le contexte n'était pas propice à l'épanouissement", les défend Johan Gallon. "Les filles ont besoin d'être accompagnées", met en avant Jean-Luc Pignol qui formule une promesse. "La D3 va devenir l'équipe phare de l'asso et on s'en occupera comme il se doit". Souvent baladées par les directions successives ces dernières années, les filles du Stade Malherbe espèrent, cette fois-ci, que ces paroles seront suivies d'actes.
"La section féminine doit dégager une identité forte. De l'école de foot à la D3, on veut voir une vraie ligne directrice avec des principes de jeu identiques. Notre souhait est de développer un projet commun. L'équipe première doit être le reflet de notre formation. On veut y intégrer un maximum de nos jeunes"
Johan Gallon, manager général de l'association du Stade Malherbe