Avant d'aborder la dernière ligne droite du championnat et à la veille de la réception capitale de la lanterne rouge, le FC Borgo, dans quel état d'esprit êtes-vous ?
"Forcément, on commence à se tendre. Ce n'est pas très bon pour notre santé. Maintenant, ce qui est rassurant, c'est qu'on n'est pas tout seul dans cette situation. On est encore six-sept clubs concernés (par la lutte pour le maintien). Je partage cette angoisse avec plusieurs de mes collègues présidents dont certains sont à la tête de clubs pros".
A trois journées de la fin de la saison et alors que vous êtes actuellement relégable, vous êtes-vous livré à des projections sur le nombre de points dont vous avez besoin pour vous sauver ?
"Tout d'abord, notre maintien passe obligatoirement par une victoire contre Borgo, vendredi soir. Si on ne bat pas le dernier, on n'a rien à faire à ce niveau. Si on est battu, je pense que ça sera très chaud. Dans l'hypothèse où on s'impose, j'estime qu'il nous faudrait encore deux points, soit deux matches nuls ou une victoire. Maintenant, l'idéal, c'est de se fixer le challenge de remporter nos trois derniers matches".
Si vous vous retrouvez dans cette situation au classement, c'est, entre autres, à cause de cette sanction de quatre points que vous contestez depuis le début (lire encadré ci-dessous)...
"Ça nous a pourri notre saison au point de détériorer un peu la relation entre les dirigeants et le staff. Avec quatre points, on serait 10e. Notre coach (Damien Ott) estime qu'on lui a saboté son boulot. Aujourd'hui, c'est rentré dans l'ordre mais je le comprends. C'est injuste pour lui et pour les joueurs qui ont fait le job sur le terrain. Je les invite à continuer de le faire. Ils ont la qualité pour. Pour l'instant, c'est de notre faute, nous, dirigeants. Maintenant, j'attends de savoir avec la décision du Conseil d'Etat si ce n'est pas celle de la Fédération".
Ces dernières années, une équipe reléguée sportivement de National a régulièrement été repêchée administrativement. Au-delà de l'objectif prioritaire du maintien, il est également important pour l'US Avranches de terminer à la plus haute place possible dans le classement...
"Si c'est pour faire comme Bastia (Borgo) cette saison (repêché à la mi-juillet, moins d'un mois avant le début du championnat), ce n'est pas la peine. On te donne la décision alors que tu as repris l'entraînement depuis plusieurs semaines. Les joueurs ne veulent pas venir chez toi ou alors il faut les surpayer ; ce qui est impossible chez nous. C'est la m...".
Même si tout reste possible lors des trois dernières journées, avez-vous songé à un plan B à propos de l'avenir de l'US Avranches en cas de descente en N2 ?
"On serait fada si on n'y avait pas pensé. Maintenant, la relégation serait une catastrophe ; l'équipe première est notre locomotive. Après, on a toujours fait face. Il ne faut pas noircir le tableau. Il y a 32 équipes en tout dans le club et on a des résultats presque partout sauf en National et avec notre réserve où on a fait une connerie*. Sauf que là, contrairement à l'équipe première, on est coupable. Je l'assume en tant que président. On est des ânes et je suis le chef des ânes".
Une relégation pourrait-elle remettre en cause votre avenir à la tête de l'US Avranches ?
"Si je trouve quelqu'un de compétent pour prendre la relève, je m'en vais tout de suite. Ça ne me pose pas de problème. Je ne vais pas m'accrocher à la présidence. C'est devenu trop dur. On nous impose tellement de choses. C'est un métier à temps plein. On a de plus en plus de difficultés. La Fédération vient de nous annoncer qu'elle allait baisser nos aides de 100 000 €. C'était déjà 50 000 € cette saison (sur un total au départ de 280 000 €)".
Est-ce que la leçon à tirer de cette saison, ce n'est pas que l'US Avranches a besoin de se « staffer », et pas uniquement sur le plan sportif...
"La réponse est oui mais comment, avec quels moyens ? On fonctionne avec un budget d'amateur (2,4 M€) dans un milieu professionnel".
Dans ces conditions, et malgré le travail fourni comme en attestent vos neuf saisons consécutives de présence en National (plus ancien club à ce niveau), peut-on se demander si l'US Avranches a encore sa place à ce niveau ?
"Tant qu'on ne descendra pas et que des gens vaillants s'occuperont du club, on a notre place en National. Maintenant, notre équipe dirigeante vieillit. On nous reproche de ne pas laisser la place mais personne ne la prend non plus sauf quand il y a de la lumière. Quand il faut aller au charbon, il n'y a plus personne. Mais attention, on est encore combatif. Il faut compter sur nous".
> N1. J32 - US Avranches (14e - 36 points) / Borgo (18e - 22 points), vendredi 12 mai à 19 H 30 au Stade René-Fenouillère.
*Pour avoir aligné le week-end dernier un joueur suspendu sur la feuille de match, la réserve de l'US Avranches devrait perdre le bénéfice de sa victoire acquise contre l'AG Caen (2-1). Cette défaite sur tapis vert lui ferait perdre ses derniers espoirs de maintien en N3.
Devant le Conseil d'Etat le 25 mai
L'US Avranches peut-elle encore récupérer ses quatre points perdus sur tapis vert ? La décision appartient désormais au Conseil d'Etat qui se penchera sur ce dossier le 25 mai, soit la veille de la dernière journée de N1. Rappel des faits. Selon ses règlements, la Fédération française considère que le club manchois a aligné un joueur suspendu lors de la 1re journée : Victor Daguin. Pour avoir récolté trois avertissements en l'espace de trois mois avec la réserve nantaise où il évoluait la saison passée, le milieu de terrain avait écopé d'un match de suspension. Une sanction purgée en N2 mais pas avec l'équipe première des Canaris. Et pour cause, la Ligue 1 était terminée. La Commission fédérale des règlements et contentieux considère donc que le joueur devait encore purger un match avec l'équipe fanion de son nouveau club.
Vainqueur en ouverture de la saison face à Cholet (3-1), l'USAMSM a non seulement perdu le bénéfice de sa victoire mais elle a également été sanctionnée d'un point de pénalité. Après une longue bataille juridique qui a vu le CNOSF lui donner un avis favorable sans toutefois que la FFF n'infléchisse sa position, le club du président Gilbert Guérin attend désormais le verdict du Conseil d'Etat. Celui-ci devrait être communiqué fin mai. En cas de jugement favorable pour l'US Avranches (ainsi que pour Concarneau qui se trouve dans un cas de figure identique), le classement de N1 pourrait être chamboulé à l'issue de la saison. A noter que la FFF a encore la possibilité de faire appel. Autant dire que ce feuilleton est loin d'être terminé. "Si on pouvait avoir la bonne idée de ne pas dépendre de ces quatre points pour se maintenir", espère Gilbert Guérin.