Le comportement de ses joueurs sur le terrain
"On doit arrêter de jacter avec l’arbitre"
S’il reconnaît volontiers qu’il n’a pas grand-chose à leur reprocher en seconde mi-temps ; "les gars ont insufflé de l’énergie, ils se sont arrachés, ils se sont mis le cul par terre…", Matthias Jouan déplore les contestations continuelles de ses troupes envers « l’homme en noir ». "On doit arrêter de jacter avec l’arbitre. C’est inadmissible", ne passe pas par quatre chemins le coach granvillais. Une action a notamment provoqué le courroux de Diakari Diarra et de ses coéquipiers. Au retour des vestiaires, le soigneur du FC Montlouis se trouvant toujours sur le terrain, le directeur de jeu a fait retirer un coup franc ; un coup de pied arrêté qui a débouché sur le deuxième but des visiteurs (50’). "Oui, l’arbitre s’est trompé mais qu’est-ce qu’on en a foutre. On ne peut rien y changer". Si le technicien est aussi remonté, c’est parce qu’il estime que ces attitudes, qu’on pourrait qualifier de nuisibles, empêchent son collectif d’être à 100% "connecté au jeu".
Exemple avec cette fameuse seconde réalisation adverse : "Derrière, on est incapable de gérer la profondeur sur un coup franc alors que c’est certainement le plus simple à faire. On se tue le match à ce moment-là. On ne peut pas se tirer des balles dans le pied à tous les matchs". Le problème, c’est que les Maritimes adoptent un comportement similaire la semaine. "A l’entraînement, ils nous cassent les c… à parler à celui qui arbitre. Ils répètent la même erreur le week-end. Du coup, ils perdent en concentration, ils gagnent en nervosité et on est pénalisé", regrette Matthias Jouan. Pour le responsable de l’USG, si son groupe se disperse sur des éléments extérieurs, c’est la preuve qu’il est touché mentalement. En même temps, on le serait à moins avec une série de six revers de rang. "Je vois trop de gars parler avec le public. J’ai connu cette situation quand j’étais joueur, à Rouen. Je réalisais une saison difficile, j’en prenais plein la gueule par le public et je répondais. Quand vous entendez les paroles des spectateurs, c’est que vous n’êtes pas dans votre bulle".
Les leviers à actionner
"Il faudrait qu’on oublie complètement le foot de temps en temps"
USG embourbée dans la zone rouge (15e/16), quels leviers Matthias Jouan peut-il actionner pour relancer un collectif à la dérive sportivement ? Sur le plan tactique, le technicien est passé à un système à trois défenseurs axiaux et deux pistons, en vain pour le moment. Dans le discours, pas question de se transformer en Père Fouettard perpétuellement. "Je ne suis pas sûr que ce soit pertinent de taper sur les joueurs tout le temps", souligne le coach granvillais qui n’avait pas été tendre avec eux il y a deux semaines après la défaite à Saint-Malo (3-1). "J’étais remonté car ça faisait trois semaines qu’on les encourageait". L’ancien finaliste de la Coupe de France avec l’US Quevilly, en 2012, appelle surtout ses troupes à retrouver de la fraîcheur mentale. "Il faudrait qu’on oublie complètement le foot de temps en temps, même si ce n’est pas évident. J’ai déjà vécu cette situation. Pendant deux mois, j’ai fait des activités différentes pour se sauver. Peut-être qu’il faudra en passer par là". Et également par plus de dialogue en interne. "C’est en libérant la parole qu’on avancera. On ne veut jamais s’exprimer quand ça ne va pas, on a peur mais lâchez-vous les gars. Il faut s’ouvrir, partager ses expériences", exhorte l’entraîneur granvillais qui pointe une absence de leader(s). "J’attends plus de mes joueurs cadres". Pourtant, le groupe vit bien, peut-être trop bien. "Aux joueurs d’apporter de l’exigence aux séances, à se pousser davantage. Ça ne peut toujours venir de nous".
Son avenir
"Même quand il faut faire la vaisselle, c’est à moi de gueuler"
Forcément, avec une telle spirale négative, tous les regards se braquent sur Matthias Jouan. Peut-il y résister, sachant que ses dirigeants avaient déjà envisagé de changer d’entraîneur cet été, avant le début de la saison ? "Je sais très bien que quand les résultats ne suivent pas, on ne va pas s’enfoncer encore plus. Maintenant, que je sois présent ou pas, ce n’est pas un problème, la priorité, c’est le club", se veut lucide l’ex-capitaine granvillais, loin de s’exonérer de toutes responsabilités. "Peut-être que je n’arrive pas à emmener les joueurs avec moi. Je leur ai dit : ils auront ma peau". Dans ce contexte, est-il suffisamment soutenu ? "C’est vrai que je ne peux pas endosser le mauvais rôle tout le temps. Même quand il faut faire la vaisselle le midi, c’est à moi de gueuler car les gars ne lavent pas les casseroles. Je passe pour le méchant". Le technicien appelle son staff, relativement jeune, à prendre le relai. "Quand mes adjoints sentent des choses, ils ne doivent pas attendre que j’intervienne". Pourtant, le coach maritime l’assure : il y a du monde pour s’adresser auprès du groupe. "On a un conseiller sportif (Clevid Dikamona), il y a également Arnaud (Jérôme, le responsable de la réserve) qui nous a rejoints dans le staff. Quand ça monte, il envoie".
Dans tous les cas, Matthias Jouan prévient : un nouvel entraîneur, si cette solution était choisie par ses dirigeants, ne constituera pas une solution miracle. En même temps, ça se saurait depuis le temps. "Si un coach me remplace, il va leur rentrer dedans. Que ce soit moi ou un autre, les joueurs devront poser leurs c… sur la table, qu’ils se remettent en question, qu’ils inversent cette dynamique…" L’USG ne doit surtout pas se tromper sur les causes de cette crise sportive. "Il y a trop de joueurs qui dressent un parallèle avec la saison dernière* alors que ça n’a strictement rien à voir. Il faut arrêter cette comparaison. Je n’ai pas le même effectif, il y a de la qualité avec des garçons qui bossent". Le coach manchois lui aussi a changé : "Je ne suis pas du tout dans le même état d’esprit. Il y a un an, j’avais la formation (pour obtenir le DEF, diplôme permettant d’exercer en N2), les résultats ne suivaient pas… Là, je suis positif, pas stressé, axé sur le jeu…" Reste à savoir s’il sera toujours en poste vendredi, pour le déplacement à Angoulême ?
*Mécontent de l'état d'esprit de plusieurs de ses joueurs lors de la phase aller, l'US Granville avait profondément modifié son effectif au mercato d'hiver avec six départs pour cinq recrues.






