Bruno Baltazar aura donc réussi l'exploit. Ah non, pas celui de relancer le Stade Malherbe, il est vrai déjà mal en point à son arrivée (16e), mais celui de survivre à une série de six défaites consécutives pour ses débuts sur le banc « Rouge et Bleu » ! Du jamais-vu depuis 1988 à Caen*. Alors que tous les observateurs du club caennais (supporters, journalistes, partenaires...) s'attendaient à ce que le Portugais soit débarqué après le revers concédé face à Dunkerque, il y a une semaine, l'Etat-major du SMC, dans un énième contre-pied dont il est le seul à avoir le secret, lui a maintenu sa confiance. Avec 12 journées, seulement, figurant au calendrier, les dirigeants parisiens, pardon normands, auraient pu (dû ?) prendre un tout un autre chemin dans cette dernière ligne droite en actionnant l'ultime levier qu'il reste à leur disposition dans la course au maintien sachant que le mercato d'hiver ressemble plus, pour le moment, à un flop : nommer un troisième technicien différent cette saison.
Pourtant, si l’on se fie aux critères énumérés par Ziad Hammoud, au mois de décembre, pour justifier le renvoi de Nicolas Seube, il paraissait logique de s’attendre aussi à un départ de Bruno Baltazar. "Les résultats ne sont pas au rendez-vous (…) Changer de coach est un levier à l’instant T qui nous paraissait important pour inverser les résultats (…) On avait besoin d’insuffler une dynamique positive (…) C’est une décision prise pour l’intérêt supérieur du club", avait déclaré, pêle-mêle, à l’époque le président du Stade Malherbe. Visiblement, ce qui s’applique à un entraîneur n’est pas forcément vrai pour un autre. Preuve que se séparer d'un technicien dont on a hérité semble nettement plus simple que de congédier un entraîneur qu'on a choisi, surtout moins de deux mois après son intronisation. Espérons juste qu'il s'agit d’une conviction profonde du board caennais et pas simplement une question d'ego ; un fléau terrible dans le monde du ballon rond.
Espérons que les dirigeants nous renvoient notre scepticisme dans les dents le 10 ou le 25 mai
Bien sûr, il ne faut jamais insulter l'avenir, encore moins en matière de football. Le championnat n’a pas encore livré son verdict. Et peut-être qu'au soir du 10 mai, pour la 34e et dernière journée de championnat, voire du 25 mai, date du barrage retour contre le 3e de National, le président Ziad Hammoud, le responsable du recrutement Reda Hammache, Fayza Lamari, la mère de Kylian Mbappé, pourront nous renvoyer dans les dents notre scepticisme à l’égard de leur politique en nous expliquant que leurs choix, aussi curieux qu'ils puissent paraître de l'extérieur, ont finalement fini par payer.
C'est tout le mal que l'on souhaite à tous les amoureux de ce club, à tous ses salariés dont certains peuvent sérieusement commencer à s’inquiéter pour l'avenir de leur « boulot » et à tout un écosystème local dont le futur professionnel dépend étroitement d’un maintien en Ligue 2. En même temps, ce qui est bien, c'est qu'on devrait rapidement être fixé. Avec dix longueurs de retard sur le 16e, tout autre résultat qu'une victoire sur la pelouse du Parc des Sports d'Annecy, ce lundi soir, scellerait encore un peu plus le triste destin de la lanterne rouge caennaise.
*Successeur de Pierre Mankowski sur le banc caennais à l'été 1988, Robert Nouzaret avait entamé son mandat durant l'exercice 1988-1989 ; le premier en D1 dans l'histoire du SMC, par six défaites consécutives. Une série qui avait pris fin lors de la 7e journée et une victoire aux dépens de Toulon, leader à l'époque. Alors que le technicien avait été maintenu dans ses fonctions, le club normand avait arraché son maintien lors de la dernière journée.