La Ligue de Normandie (LFN) a présenté, ce mardi, la nouvelle équipe d’encadrants de son pôle Espoirs. L'occasion de rappeler le rôle de cette structure d’entraînement particulière et sa grande évolution. En effet, celui-ci intègre officiellement pour cette saison 2025-2026 des féminines dont la section avait été créée en 2023, faisant de ce centre de préformation le cinquième établissement mixte de ce type en France. "Il a fallu négocier avec la Direction technique nationale pour que ce pôle Espoirs mixte voie le jour rapidement", indique Romain Féret, président de la Ligue depuis novembre 2024. "La priorité était de trouver une équité entre les filles et les garçons". Un équilibre qui n’est pas encore total, à cause notamment d'infrastructures insuffisantes. "Nous n’avions pas assez de capacité en termes de terrains et d’hébergement," poursuit l’élu à la tête du football régional. "Il a fallu l’action de tous les acteurs : mairie de Lisieux, Département du Calvados et Région Normandie pour trouver des solutions." Par manque de place, alors que les garçons sont hébergés dans les bâtiments du pôle situés juste en face du siège de la LFN à Lisieux, les filles sont logées à l’internat de la Cité Scolaire Marcel-Gambier se trouvant à quelques kilomètres à vol d’oiseau. Autre déséquilibre, les joueuses ne sont pour le moment que 20, alors que leurs homologues masculins sont au nombre de 30.
Pour le reste, le programme est le même pour tout le monde : cours du matin jusqu’à 15 heures, séance à 15 H 30, études à 19 H 15, repas à 20 heures, temps libre jusqu'à 21 H 30 avant que tout le monde file au lit. Pour ces adolescents âgés de 13-14 ans, les journées sont chargées ; un emploi du temps nécessaire pour en faire de futurs sportifs et sportives de haut niveau. Telle est la vocation de ce pôle Espoirs. "Nous sommes dans la préformation, quelques-uns de nos jeunes sont déjà destinés à rejoindre Malherbe ou le HAC ensuite. Les autres ont aussi l’espoir d’intégrer un centre de formation pro ensuite. On les accompagne dans ce cheminement", explique le Directeur technique régional (DTR), Pascal Lafleuriel. Ces joueurs sont recrutés en catégorie U13, ils passeront deux ans à Lisieux. Durant cette période, avec cinq jours par semaine au centre, ces jeunes ne seraient-ils pas déconnectés de leur club quand ils y retournent le week-end pour y disputer les matchs ? Non à en croire le DTR. "Nous sommes là pour former des joueurs de manière individuelle. Et puis ces jeunes ont été détectés dans leurs clubs, ils sont souvent les meilleurs de leur équipe, alors je ne pense pas que ce soit un souci. On travaille avec leurs clubs pour leur gestion de charge de travail et/ou de blessures".
Stéphane Beyrac, un spécialiste des jeunes à la tête du pôle
Pour faire fonctionner ce pôle Espoirs mixte, Stéphane Beyrac (51 ans) a été engagé pour remplacer Julien Meilhac, parti prendre la direction du centre de formation du Stade Malherbe. L’ancien joueur « pro » - avec 119 matchs de National au compteur avec le Nîmes Olympiques entre 2004 et 2008 - a ensuite embrassé une carrière d’éducateur chez les « Crocos » avec les U19. Il a ensuite pris en main la destinée des jeunes de cette même catégorie au RC Lens, puis au Stade de Reims avant de diriger la réserve de l’En Avant Guingamp durant l'exercice 2023-2024. "L’objectif est de donner aux filles et aux garçons, la chance d’accéder au haut niveau", annonce le technicien. "Le but d’un établissement comme le nôtre est d’optimiser la performance dans ce sens. On les prépare à l’entrée dans un centre de formation. Comment ? En mettant en place le projet défini par la fédération pour tous les pôles de France, via un cahier des charges stricte avec trois volets. Le volet sportif vise à développer les joueurs et joueuses. Le volet scolarité comporte un programme aménagé. Et enfin le volet socio-éducatif, avec la relation avec la scolarité et une aide pour les études avec pour but d’obtenir leur brevet à la fin du cycle, mais aussi que ces jeunes aient gagné en autonomie une fois qu’ils sortent de chez nous. On aborde les sujets sociétaux : environnement, harcèlement, réseaux sociaux…"
Répété plusieurs fois lors de cette conférence de presse de présentation par les différents intervenants, l’objectif est de développer des joueuses et des joueurs, de manière individuelle, les construire pour qu’ils aient les armes afin de bien se comporter et de s’intégrer dans des centres de formation où les exigences grimpent encore de plusieurs crans. Pour mener à bien ce projet, avec une majorité de jeunes issus de clubs normands, le nouveau directeur s’est bien entouré avec les arrivées notamment de Guillaume Maillot, ex-entraîneur du FC Saint-Lô (N3) la saison passée, et de Louise Parmentier, qui a évoluée en D2 féminine avec Montigny-le-Bretonneux et qui était l'an dernier conseillère technique départementale au District de la Manche. "Nous n’avons pas encore de chiffres sur les féminines, mais au niveau français, 60 % des joueurs qui sortent des pôles entrent en centre de formation", rappelle Stéphane Beyrac. "C’est difficile de faire plus, mais on essaie, notamment au niveau de la scolarité et au niveau du staff, d’augmenter ce chiffre. Il faut rappeler que 30 % des champions du Monde 2018 sont passés par un pôle Espoirs". Peut-être que dans les 50 jeunes qui nous ont serré la main ce mardi, il y a un Normand ou une Normande qui a un destin étoilé…