Cette semaine, notre rédaction met à l'honneur les deux Petits Poucet normands du 4e tour de la Coupe de France, tous deux pensionnaires de Départemental 3. Après l'ES Angerville Les Baux-Sainte-Croix Le Plessis Grohan Les Ventes hier, nous braquons nos projecteur sur le FC Ezy-sur-Eure ce jeudi.
La Coupe de France réserve décidément bien des surprises. Demandez donc à Christophe Delaplanche ce qu'il en pense. Lorsque l'entraîneur s'est lancé dans l'édition 2025-2026 le mois dernier, il n'imaginait pas qu'un 4e tour historique l'attendrait face à l'Olympique Pavillais (Régional 2). Il n'était même pas certain tout court que son équipe franchirait le premier tour contre le FC Du Roumois Nord, lui aussi pensionnaire de Départemental 3. "Dans ces divisions-là, les gars n'hésitent pas à partir en vacances, même pendant l'après-prépa, ce qui est normal", rappelle le coach de 53 ans. "On avait quand même eu quatre ou cinq semaines de prépa, mais pour organiser des matches amicaux, ça a été compliqué. On est arrivés avec un seul match dans les jambes et je vous avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre". La réponse, comme un prémisse à la doucereuse aventure qui l'attendait, n'a cependant pas tardé. Ses joueurs ont rapidement pris les devants dans un match à sens unique, pour s'imposer 5-0 au final.
Depuis ce 24 août, tout a souri ou presque aux Eurois dans la compétition nationale. Au deuxième tour contre le FC Garennes Bueil (Régional 3) puis au suivant face l'AS Saint-Désir (Départemental 1), même s'il a fallu que le gardien Florian Laplanche s'illustre lors d'irrespirables séances de tirs au but, Ezy-sur-Eure est passé entre les mailles du filet. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, le pensionnaire de D1 a posé davantage de problèmes aux Eurois que leurs voisins de R3. "C'est une équipe du Calvados qu'on ne connaissait absolument pas", rembobine Christophe Delaplanche. "Quand on a vu leurs résultats en amical – ils ont gagné 10-0, 9-1 – qu'ils avaient sorti une R2 (Falaise) en gagnant 4-1 et qu'ils avaient remporté leur premier match de championnat 6-1, je dois reconnaître qu'on ne faisait pas les fiers". Et pourtant, là encore, le technicien passé par le Paris Saint-Germain étant jeune a été épaté par ses joueurs, auteurs de l'égalisation dans le temps additionnel face à un adversaire plombé par un carton rouge précoce. Le succès (1-1, 4 tab à 1) vaut à Ezy-sur-Eure de figurer au 4e tour de la Coupe de France pour la première fois de son histoire. Pas un mince exploit.
Une affaire de famille
Si cette qualification porte la marque de tout un club, c'est une sacrée récompense pour Christophe Delaplanche lui-même puisqu'il est à l'origine de la création de l'équipe sénior actuelle, une création opérée voilà 13 ans aux côtés du regretté Jean-François Prospert. "En 2012, suite à différents problèmes de discipline, pour faire court, il n'y avait plus d'équipe sénior, donc on a recréé l'équipe", raconte le coach. "On m'a même demandé de rejouer. J'avais plus de 40 ans, mais j'avais un petit peu de ballon, on va dire. On a réussi à monter de deux divisions en deux ans. Et après, j'ai arrêté, la vieillesse vous savez (rires), j'ai dit 'place aux jeunes'". Depuis, la vie du club d'Ezy-sur-Eure suit son cours à l'échelle départementale, et le rythme s'intensifie d'ordinaire non pas pour un événement en Coupe de France, mais plutôt pour le réputé tournoi de Pâques que les dirigeants et les bénévoles s'évertuent à perpétuer. Christophe Delaplanche, lui, a notamment porté un temps la casquette de vice-président. Conducteur de trains en région parisienne de profession, il a logiquement fini par prendre place sur le banc de l'équipe fanion cet été, "sur demande des joueurs".
Le secret de la réussite du FC Ezy-sur Eure cette saison réside possiblement dans le recrutement et le choix malin de Christophe Delaplanche d'enrôler son propre fils, Alexis, pour en faire l'une des locomotives de sa formation. "J'ai réussi à le récupérer cette année, il était titulaire en N3/R1 à Deux, et lui, faisant la formation de conducteur de train cette année, a dit 'bon, je ne peux pas continuer à Dreux, ce n'est plus possible', et donc je lui ai dit, 'Écoute, prends ta licence !' et c'est assez agréable de l'avoir". Ezy-sur-Eure, c'est même une véritable histoire de famille puisque l'autre fils de Christophe Delaplanche, basé à Bruxelles, n'hésite pas à rechausser les crampons quand il est de passage dans l'Eure. Tout ce beau monde espère maintenant réussir l'exploit d'écarter Pavilly dimanche pour poursuivre une improbable aventure. "Il y aura une belle affluence comme aux deuxième et troisième tours", prédit le coach. "Depuis un match, la mairie nous a installé deux petites tribunes et il y a pas mal de pubs qui vont être faites". Si vous vivez près de la frontière entre l'Eure et l'Eure-et-Loir, et que vous n'avez rien de prévu dimanche, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
> Coupe de France. 4e tour - FC Ezy-sur-Eure (D3) / Olympique Pavillais (R2), dimanche 28 septembre à 15 heures au stade Maurice Elet.