En Normandie, ils seront trois pensionnaires de R2 au 6e tour de la Coupe de France, ce week-end des 25-26 octobre. Du FAC Alizay, qui s'apprête à défier le SM Caen (N1), au SPN Vernon, qui accueillera l'US Granville (N2), en passant par l'ES Coutances qui recevra le FC Dieppe (N2), nous vous proposons un focus sur ces trois Petits Poucets qui rêvent de poursuivre l'aventure.
Auteur d'une belle perf' au tour précédent aux dépens du CA Lisieux, pensionnaire de R1 (2-0), l’ES Coutances (R2) ne veut surtout pas changer ses habitudes au moment de recevoir le FC Dieppe (N2). Mickaël Derouet, placide dans son approche, n’en a pas l'envie. "On a préparé le match contre Lisieux tout en restant dans nos principes que nous mettons en place durant les journées de championnat. On a juste pris en compte le contexte et le fait que l'adversaire était un degré supérieur par rapport à ce que nous pouvons rencontrer en championnat. On est resté dans notre ligne de travail". Hors de question de modifier quoi que ce soit donc, peu importe la compétition et l’adversaire en face. Sa formation à des principes, et il faut s’y tenir. Quitte à mourir avec ses idées. « D’accord, mais de mort lente », chantait George Brassens. "On est dans notre continuité, c’est ma cinquième année ici, on connaît l’ensemble des garçons et ceux qui nous ont rejoints. On a toujours à peu près la même idée de ce qu'on veut produire sur le terrain avec l’envie d’être un acteur important du match".
Alors affronter une équipe qui évolue trois divisions au-dessus, ça ne change pas grand-chose finalement pour le technicien manchois qui par volonté, ou pas, préfère détourner l’attention sur le fait d'accueillir et d’en faire une belle fête pour son club. "La Coupe de France, parfois, on la voit passer sans la sentir parce que dans le monde amateur, on peut passer un, deux ou trois tours, mais ne jamais évoluer à domicile. Et on ne ressent pas toute l'ampleur et toutes les émotions qu'apporte cette compétition. Là, c'est vrai qu’on a la chance cette année de recevoir pour la troisième fois d’affilé. C'est important que ces émotions-là soient vécues par l'ensemble du club". Lorsqu’on connaît l’avantage que représente un match « à la maison » pour profiter d’un soutien populaire, cela pourrait paraître essentiel à n'importe quel coach au moment d’affronter le FC Dieppe. Pas Mickaël Derouet, qui demeure toujours terre-à-terre. "La magie de la Coupe de France ? Oui et non. C’est surtout que c'est une fête, alors autant que tout le monde y participe".
"La Coupe de France, parfois, on la voit passer sans la sentir parce qu'on peut passer un, deux ou trois tours, mais ne jamais évoluer à domicile"
On l’a répété, les Coutançais ne modifieront rien à leurs habitudes. Sans vraiment de complexes et sans donner plus d’importance à une écurie de N2 que de R1. "On ne peut pas dire qu’on va jouer la qualif’, on sait qu’on ne gagnera pas la Coupe de France. Et puis jouer la qualif, ça veut dire quoi ? Ce sont surtout quels leviers on actionne pour la jouer. On peut changer son modèle ou sa façon de jouer pour s’adapter, mais ce n’est pas notre cas. Je veux qu’on reste fidèle à notre philosophie de jeu. La changer, c’est le meilleur moyen de se perdre". Le coach de l'ESC souligne à nouveau le fait que son collectif doit être acteur de son match, ne pas regarder jouer l’adversaire, ne pas subir, ni essayer de s’adapter. "Peut-être qu’on aménagera deux ou trois petits trucs, et encore". Deux ou trois petites choses ? Cela s'apparente déjà à un grand chamboulement, rapidement tempéré. "L’idée, une fois de plus, c’est qu’on reste fidèle à ce qu’on sait faire. On verra ce que ces petits changements peuvent nous apporter. Ce match, je vais le jouer pour le gagner". Mais sans renier ses principes donc.
Un projet de jeu qui attire le public
Contre Dieppe qui évolue au quatrième échelon national, ce choix peut sembler audacieux. D’autant plus que Mickaël Derouet prône un jeu offensif, sans en dire plus sur sa façon de jouer, sur son système et ce qu’il souhaite voir contre les Harengs. "Le football est un spectacle. Il faut, quand on regarde un match, qu’on sente des émotions. Ça nécessite beaucoup d'efforts, mais c'est pour ça que depuis plusieurs années, au niveau du public, on a énormément de gens qui viennent nous voir. Peut-être qu’ils prennent du plaisir à regarder nos matchs où il y a toujours des choses qui se passent". Lors du dernier tour de Coupe de France, entre 700 et 800 spectateurs sont venus au Stade Paul-Maundrell, un chiffre en légère hausse. "À chaque match à domicile, on tourne autour des 600 personnes. Ça veut dire que le public adhère à notre projet, se sent bien en venant au stade et se reconnaît dans ce que produisent les garçons".
"Les spectateurs viennent pour voir du spectacle et se retrouvent dans les valeurs qu’on propose sur le terrain"
Ces joueurs, justement, sont principalement originaires du cru. Et c’est sûrement ce qui plaît aussi au public. "Ils sont majoritairement issus de la localité, c’est notre territoire. Les garçons le représentent bien. Les spectateurs viennent donc pour voir du spectacle et se retrouvent dans les valeurs qu’on propose sur le terrain". Et du show, il y en a toujours avec l’ES Coutances. En quatre journées de championnat, aucun 0-0 à l’actif des Manchois. Sur leur seule sortie à domicile, les joueurs de Mickaël Derouet l’ont emporté 5-4 contre la réserve du FC Saint-Lô. En Coupe de France, c’est encore plus parlant. Entrée en lice au 2e tour, ils l’ont emporté 7-0 sur la pelouse de l’AS Théréval (D1), puis 3-0 sur le terrain de l’ES Pointe Hague (R2). Lors de leur seule sortie en coupe, ils ont scoré quatre fois face à l’ES Carpiquet (R3), avant de disposer du CA Lisieux comme évoqué. "C'est tout un ensemble qui fait qu'il y a une belle osmose qui est là et qui peut permettre aussi d'avoir quelques années intéressantes".
Consciente de ses limites à long terme, l'ES Coutances continue tout de même d’avancer. Descendu de R1 pour un point, il y a deux ans, Mickaël Derouet sait que son équipe est de moins en moins armée pour jouer plus haut, mais estime qu’elle est vouée à faire le yo-yo entre les deux plus hautes divisions régionales. D’autant plus que l’élite se renforce au fur et à mesure que les formations normandes disparaissent progressivement du N3. "Le fossé économique peut aussi se voir par rapport où est situé ton club. Nous, on n’est pas en banlieue de Caen. On n'est pas dans une ville importante. Les effectifs sont donc un peu moins conséquents qu'ailleurs. Ça entre en compte. Ce qui est sûr, c'est qu'on a un groupe qui évolue très peu dans le temps. Je pense qu'on a de très bons joueurs de football, de bons mecs, attachés au club", se félicite le coach avant de conclure, un peu par surprise : "En-tout-cas, ce match contre Dieppe, c’est un plaisir. On essaiera d'en être à la hauteur". Et pourquoi pas de créer un nouvel exploit ?
> Coupe de France. 6e tour - ES Coutances (R2) / FC Dieppe (N2), samedi 25 octobre à 18 H 30 au Stade Paul-Maundrell.






