Neuf. Ils seront neuf clubs régionaux présents sur la ligne de départ du 7e tour de la Coupe de France, ce week-end (15-16 novembre) : le Bayeux FC (R1), l’ASPTT Caen (R1), Yvetot AC (R1), le CMS Oissel (N3), l’US Avranches (N2), le FC Dieppe (N2), l’US Granville (N2), le SM Caen (N1) et Quevilly-Rouen Métropole (N1). Joueurs, entraîneurs, dirigeants, supporters… Tout au long de la semaine, on vous propose une série de reportages sur ces acteurs normands qui rêvent d’une épopée dans cette « Vieille Dame ».
*Pensionnaire de Ligue 1, le HAC effectuera son entrée en lice en 1/32e de finale le week-end des 19-20-21 décembre.
Luis-Ferreira-Pavesi et le Brésil
"Quand Ronaldinho est entré dans le bar, le monde s’est arrêté"
Forcément, quand on est né dans LE pays du foot, le ballon rond est presque une religion. Paradoxalement, Luis Ferreira-Pavesi a attendu l’adolescence et de poser ses valises en région parisienne, avec sa maman, Diva, pour se licencier dans un club. "A São Paulo (sa ville natale, où il a vécu jusqu’à 13 ans), j’ai plutôt pratiqué le futsal, comme tous les enfants de mon âge. J’étais dans une académie. Au Brésil, il y en a énormément", rapporte le président du BFC. De ses jeunes années à taper la balle dans les gymnases de cette ville de 12 millions d’habitants, il conserve un souvenir indélébile. "Comme j’avais une bonne patate, j’avais terminé meilleur buteur d’un tournoi. J’avais eu ma coupe, j’étais fier". Pour ce père de famille de deux enfants, Thaïs (20 ans) et Lukas (17 ans), le Brésil et le football, c’est la Coupe du Monde 1994, remportée aux Etats-Unis. Et 1998 ? "On ne va pas en parler", plaisante le dirigeant bayeusain, référence à la victoire des Bleus en finale aux dépens de la bande à Ronaldo. Ronaldo, justement, un attaquant qui a marqué la mémoire de ce supporter auriverde.
"J’ai eu la chance de passer quelques soirées avec Il Fenomeno. Malgré ses blessures, il n’a jamais rien lâché". Il y a eu aussi Romario, Rivaldo sans oublier, bien entendu, Sócrates. "J’ai une photo avec lui. Il dépassait sa condition de joueur, il avait une vraie conviction sociale, un véritable engagement*", se montre admiratif le fan des Corinthians, un club basé à São Paulo et où Sócrates a effectué la majorité de sa carrière. Quand il résidait à Paris, Luis-Ferreira-Pavesi a également côtoyé certains compatriotes évoluant au PSG, dont Ronaldinho. "Dans le 9e arrondissement, il y avait le bar de Celso, du nom du gérant, un Carioca (un habitant de Rio de Janeiro). Toute la communauté brésilienne s’y retrouvait chaque dimanche autour de la musique de notre pays", raconte celui qui n’en revient toujours pas d’avoir croisé « Ronnie ». "Le jour où il signe à Paris, Ronaldinho vient dans cet établissement. Quand il est entré, le monde s’est arrêté".
*Dans les années 1980, Sócrates et plusieurs de ses coéquipiers ont porté un mouvement baptisé la démocratie corinthiane, considéré comme l’une des actions les plus importantes dans la lutte contre la dictature qui sévissait au Brésil.
Luis Ferreira-Pavesi et Malherbe
"Avec Felipe (Saad), on est devenus super potes"
En 2008, quand sa compagne, Angelina, lui demande de quitter la capitale pour déménager à la campagne, Luis Ferreira-Pavesi ne pose qu’une condition : "Qu’on ne s’installe pas trop loin d’une ville où il y a, a minima, un club de Ligue 2", lance-t-il dans un grand sourire. Le choix se porte sur la Normandie, dans la commune de Bucéels plus précisément, à proximité de Bayeux et à une demi-heure de Caen. "Mon meilleur ami, Ludovic, habitait déjà dans la région et ma belle-famille vit à Château-Gontier, en Mayenne. Et comme les six premiers mois, j’ai fait l’aller-retour en train pour aller travailler à Paris, ça formait un triangle parfait". En fan de foot qu’il est, l’actuel président du BFC ne tarde pas pour assister à un match du Stade Malherbe à d’Ornano… en Ligue 1 (oui, ça commence à remonter). Le début d’une passion « Rouge et Bleu ». "Ensuite, par l’intermédiaire de l’un de mes amis, Hichem Sliti, qui jouait à La Mos, je fais la connaissance d’Aurélien Beaudet (commercial au SM Caen)". De fil en aiguille, le « gamin » de São Paulo noue des relations avec de nombreux salariés du SMC. "Je passais ma vie à Malherbe. Aujourd’hui, avec ma fonction à Bayeux, j’y vais un peu moins mais je suis toujours le club. Le voir là (en National), ça fait ch…"
Mais c’est avec l’un de ses compatriotes que le lien tissé se révélera le plus fort. "Je chambrais souvent mes potes à Malherbe car le club ne recrutait que des Argentins. Quand est-ce que vous signez des Brésiliens ?", s’interrogeait Luis Ferreira-Pavesi, référence à Pablo Barzola et Juan Eluchans dans les années 2010. Son vœu finira par être exaucé. Au cours de l’été 2013, Felipe Saad s’engage en faveur du SMC. "Je lui envoie un message sur Twitter (X) pour lui souhaiter la bienvenue en portugais. Il me répond et me demande ce que je fais dans la vie", rembobine celui qui gérait à l’époque une boutique de téléphonie mobile. Sa surprise fut immense quand il a vu débarquer le défenseur central l’après-midi même ! "On est devenus super potes. Je connais toute sa famille, il connaît la mienne". De cette première amitié en a découlé beaucoup d’autres parmi l’effectif « Rouge et Bleu » : Damien Da Silva qui parlait aussi portugais, Jordan Adéoti, Frédéric Guilbert, nommé conseiller du BFC récemment… "J’ai toujours respecté les joueurs pros. De l’extérieur, on ne voit que les paillettes mais on ne se doute pas de l’histoire de ces mecs. Felipe, par exemple, il est parti de chez lui à 12-13 ans".
Luis Ferreira-Pavesi et le Bayeux FC
"On n’avait pas d’autre solution, sinon, il n’y avait plus de club"
Avant d’en devenir le président-bénévole, c’est en tant que parent que Luis Ferreira-Pavesi a franchi les portes du Bayeux FC la première fois. "C’est Samuel Tesson, aujourd’hui, mon directeur sportif, qui m’a conseillé d’inscrire mon fils à l’école de foot. On s’était croisés à l’école de Tilly-sur-Seulles où nos enfants étaient scolarisés", témoigne le Brésilien qui s’est rapidement transformé en dirigeant de l’équipe de Lukas. Il y a quatre ans, il a passé une nouvelle étape dans l’organigramme du BFC en intégrant le comité directeur. "Sam Tesson m’a sollicité pour que je donne un coup de main. Au départ, ma mission était de l’accompagner sur l’équipe première. Après, on a géré l’ensemble des seniors A, B et C", confie celui qui a par la suite été promu au rang de vice-président. Et en octobre 2023, quand Jordan Lust a annoncé sa démission de la présidence, qu’il partageait avec Thierry François (désormais, vice-président), la question de sa succession s’est posée. "J’avais deux choix : j’arrêtais ou alors je montais une équipe autour de moi pour reprendre le club".
Vous l’avez compris, c’est la deuxième option qui l’a emporté. Deux ans et quelques cheveux blancs plus tard, Luis Ferreira-Pavesi mesure le chemin parcouru, avec, entre autres, l’accession de la réserve en R3 à la fin de la saison dernière. "J’ai été très fier de cette équipe", souligne le Brésilien qui met en avant un travail collectif. "J’ai la chance d’être accompagné par de nombreux chefs d’entreprise dans mon comité directeur comme Rodolphe Chantreuil, mon trésorier, Lionel Duhamelet et Alexandre Hervé, les responsables des partenaires. Et je n’oublie pas nos bénévoles, certains sont présents depuis plus de 20 ans ! Ils sont l’âme du club". Autant de compétences qui n’ont pas été de trop pour rétablir un bilan financier dans le rouge à son élection, avec un déficit de 80 000 € ! "On a dû commencer par couper dans les dépenses. De toute façon, on n’avait pas d’autre solution, sinon, il n’y avait plus de club. Certains choix n’ont pas été simples. On a également augmenté nos recettes grâce à la mise en place d’un pôle commercial". Des efforts qui n’ont pas été vains puisque le président bayeusain vient d’apprendre que le budget de l’exercice 2025-2026 serait à l’équilibre. En termes d'émotions, ça n'égalera peut-être pas un exploit des joueurs d'Eric Fouda au 7e tour de la Coupe de France aux dépens du Stade Malherbe, mais pour Luis Ferreira-Pavesi, c’est déjà une très belle victoire.
> Coupe de France. 7e tour - Bayeux FC (R1) / SM Caen (N1), samedi 15 novembre à 18 heures au Stade Henry-Jeanne.
A lire aussi
> Entre Ibrahima Samoura, une courte mais belle histoire de foot






