Cette saison, le FCR est en train d'écrire l'une des plus belles pages de son histoire, longue pourtant de 125 ans. Pour la première fois depuis 1952 (!), les « Diables Rouges » ont la possibilité de se qualifier pour les demi-finales de la Coupe de France. Pour cela, il faudra franchir l'obstacle valenciennois, lanterne rouge de Ligue 2. Cette épopée met en lumière l'excellent travail du coach Maxime d'Ornano. Quand vous évoluez dans les divisions inférieures, les coupes nationales vous offrent une visibilité précieuse. Prenez l'exemple de Paulo Fonseca, l'actuel entraîneur de Lille. En 2011, il avait lancé sa carrière après un parcours remarqué à la tête de Pinhalnovense, pensionnaire de troisième division portugaise, seulement stoppé par le FC Porto en quart de finale. Pour en revenir au technicien breton, il n'a pas attendu la « Vieille Dame » pour démontrer son savoir-faire sur un banc, comme en témoignent les deux montées en National sous sa direction du Stade Briochin, en 2020, et de Rouen, l'année dernière. Maxime d'Ornano semble posséder une recette magique. En voici quelques ingrédients...
La possession au service de l'efficacité
La possession au service de l'efficacité. Voilà comment on pourrait définir le jeu du FCR au cours de cet exercice 2023-2024. Dans un football où les promus jouent souvent la carte de la prudence, le collectif rouennais se distingue par son audace et son ambition sur le terrain. Les consignes de Maxime d'Ornano prônent un jeu proactif, avec l'objectif d'avoir le ballon. Après 22 journées disputées(1), les « Diables Rouges » affichent en moyenne une possession de 53,4%, la sixième plus importante en National. Sur ces 22 affiches, ils ont eu à 13 reprises une maîtrise du « cuir » supérieure à celle de leur adversaire. En moyenne, les partenaires de Clément Bassin réalisent 432 passes par match (2e de N1), avec un taux de réussite de 85,5%, le meilleur du championnat, ainsi que 14,4 passes par minute de possession (encore 2e de N1). Cette approche, considérée comme atypique pour une équipe qui monte d'une division, n'est pas nouvelle pour le coach rouennais. Sous sa direction, Saint-Brieuc, lors de l'exercice 2020-2021, présentait des caractéristiques similaires avec notamment le meilleur taux de passes par minute de possession.
En observant un match du FCR de Maxime d'Ornano, on constate des comportements récurrents ballon aux pieds. Quand ils relancent de leur surface, les « Diables Rouges » déploient une organisation rationnelle, fixant leur adversaire et assurant une disponibilité maximale pour le porteur. Avec les défenseurs centraux à la baguette ou les milieux en position reculée, le jeu s'accélère souvent subitement. La circulation est rapide, touchant, tout d'abord, l'intérieur du jeu puis les couloirs à la suite d'un relai. Pour résumer, la possession est en priorité sécurisée avant de tenter de créer un déséquilibre dans les zones où cela est possible à travers une passe pénétrante et des joueurs offensifs attaquants l'espace libre. Avant son départ pour Frosinone en Serie A italienne, Farès Ghedjemis s'est souvent illustré en provoquant de nombreuses différences ballon aux pieds. Ce transfert (estimé à 300 000 €) confirme la compétence de Maxime d'Ornano à valoriser les jeunes joueurs. Au Stade Briochin, Stephen Quimper, Jérémy Le Douaron ou encore Julien Le Cardinal se sont révélés sous ses ordres.
(1)Soldée par un résultat nul début novembre (1-1), la confrontation contre le FC Villefranche-Beaujolais a été déclarée à rejouer par la FFF. L'adversaire a aligné un joueur sous licence amateur ; ce qui est interdit en N1 mais l'erreur a été imputée à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes. Après avoir été débouté de son appel devant la Fédération française, le FCR a saisi le CNOSF.
Ahmad Allée, le dépositaire du jeu
Au FCR, les joueurs sont mobiles et cherchent à piquer leur adversaire à la moindre opportunité. De nombreuses passes en profondeurs sont tentées (6,5/match soit le 3e meilleur total de N1) ainsi que des passes déséquilibrantes (3,6/match). Dans ce registre de la passe, Ahmad Allée est le leader de l'équipe normande. Pour de nombreux observateurs, le collectif de Maxime d'Ornano s'appuie sur les qualités techniques et la vista de l'international irakien. Dans le cœur du jeu, le n°17 des « Diables Rouges » - qui avait déjà évolué précédemment sous les ordres de l'entraîneur breton, à Saint-Brieuc - est le dépositaire du jeu rouennais. En National, c'est l'un des milieux qui joue, tente et réussit le plus de passes vers l'avant.
Un autre élément du onze de départ du FCR tient un rôle prépondérant dans cette animation : Sofyane Bouzamoucha. Celui qui aurait pu prendre la direction du Servette de Genève, en Suisse, pendant le mercato d'hiver adresse en moyenne 58 passes par match (dans le Top 3 des défenseurs centraux de N1). Son compère de la charnière, Valentin Sanson figure, quant à lui, dans le Top 6 des joueurs commettant le moins d'erreurs dans ses transmissions avec un taux de réussite de 92,5%. Dans ses cages, Axel Maraval n'est pas en reste en ce qui concerne la relance ; le gardien délivre 26 passes par match (dans le Top 3 de N1 à son poste). Preuve que la formation normande pratique un football moderne même s'il convient de noter qu'en Coupe de France, il est relayé par sa doublure : Léonard Aggoune.
La force du dernier quart d'heure
Dans son animation offensive, le FCR possède la particularité de frapper très peu de l'extérieur de la surface de réparation (2,9 tirs/match). Aucun autre pensionnaire de N1 ne fait moins bien en la matière. Cette statistique reflète surtout l'un des axes du plan de jeu rouennais : la volonté de se procurer des occasions axées sur une recherche de situations qualitatives à fort taux de réussite. Même lorsqu'elle ne tient pas le « cuir », comme contre Toulouse et Monaco en Coupe de France, l'équipe de Maxime d'Ornano affiche une maîtrise technico-tactique lui permettant de ne pas se mettre en danger tout en restant dangereuse et en trouvant des brèches dans l'arrière-garde adverse.
Ce collectif se caractérise par sa capacité à créer des espaces et à les exploiter quand il a le ballon. Il enregistre 17,35 courses progressives par match (courses en direction des cages adverses comprises entre 10 et 30 mètres en fonction de sa position sur le terrain) et touche en moyenne 15,75 fois le ballon dans les 16,50 mètres adverses par match (3e de N1 derrière le Red Star et Sochaux). Bien sûr, les « Diables Rouges » ne sont pas infaillibles à l'image de leur copie de vendredi, sur la pelouse du Goal FC (J22. défaite 1-0), très éloignée de leurs standards même si les esprits étaient peut-être déjà tournés vers le quart de finale face à Valenciennes. Toujours est-il que ce qui fascine chez ce FC Rouen, c'est sa faculté à transmettre des émotions à ses supporters, que ce soit en championnat ou en Coupe de France. Sur les 35 points obtenus sportivement à ce jour*, 18 l'ont été à la suite de buts inscrits dans le dernier quart d'heure. Les 10 000 spectateurs attendus ce mercredi soir à Diochon ne diraient pas non à une qualification de leurs protégés sur un but de Sofyane Bouzamoucha après un coup franc d'Ahmad Allée à la 75'.
Exemple de relance du FC Rouen lors de son match de championnat face au Goal FC, vendredi.
> Coupe de France. 1/4 de finale - FC Rouen (N1) / Valenciennes (L2), mercredi 28 février à 21 heures au Stade Robert-Diochon.