Ce week-end en Coupe de France, l'Evreux FC 27 défendra tout à la fois ses couleurs et l'honneur du foot amateur normand. Alors que s'ouvre le 8e tour de la Coupe de France, la donne est triste et simple : les Eurois sont les derniers Normands non-professionnels en lice, aux côtés des rescapés de Ligue 2 que sont Le Havre et de QRM. Forcément, leur performance sur le redoutable terrain de l'ESA Linas-Montlhéry sera scrutée, dans un duel 100% National 3. "On gardera la même philosophie à savoir aborder toutes les rencontres avec le plus de détermination possible", avance l'entraîneur Romaric Bultel pour qui ce match sera un rendez-vous comme un autre avec un soupçon de subtilités en plus. "J'ai conscience qu'on est le dernier club amateur de la région encore en lice, on vient d'égaler le record historique du club, on est aux portes d'un 1/32e de finale... Le focus est là avec la possibilité pourquoi pas de battre ce record. On va réouvrir les pages d'un livre qu'on a commencé à écrire il y a deux ans".
ROmaric Bultel
Afin d'aborder la rencontre dans les meilleures conditions, Evreux ne pouvait pas rêver mieux que ce match plein réussi voilà une semaine contre la réserve de l'US Avranches Mont-Saint-Michel (J8. 5-0, le 20 novembre). Cinq buts inscrits, aucun encaissé, de l'enthousiasme dans le jeu et une union de tous les instants ont permis aux Eurois de se sublimer au meilleur des moments. "On attendait d'avoir un match référence, on l'a obtenu", analysait Romaric Bultel après coup. "On n'a pas eu besoin de multiplier les occasions pour marquer, on a su exister sur coup de pied arrêté malgré un adversaire qui nous a proposé une grosse intensité d'entrée".
Ambitieux, l'EFC27 reste à l'heure actuelle ce 4e du groupe normand de National 3 capable de réussir une manita contre Avranches alors qu'il avait trébuché sans gloire chez lui contre la réserve de Quevilly-Rouen Métropole deux semaines auparavant (J6. 0-1, le 23 octobre). C'est bien évidemment l'équipe de samedi dernier que le staff et les suiveurs du club espèrent revoir en région parisienne. Pas sûr que s'avancer sur courant-alternatif comme ce fut le cas au 7e tour à Loon-Plage (3-3, 3 Tab 4) suffise ce samedi 27 novembre. "On savait bien que dans le Nord, avec la ferveur, ce serait difficile", nous confiait d'ailleurs le milieu Jean Gomis après la qualification, lui qui devrait retrouver un contexte encore difficile à appréhender pour un joueur visiteur ce week-end. "On commence mal le match mais on mène 1-0. En deuxième, je mets le deuxième, on finit même par mener 3-1 mais avec des erreurs et des pertes de balle, ils réussissent à revenir et marquent sur penalty dans le temps additionnel". Finalement, vainqueurs à la loterie des tirs aux buts, les Normands ne tireront cependant pas toujours les bons numéros.
Un rendez-vous manqué avec le PSG en 2019
L'allié principal des Ebroïciens dans l'Essonne, plus que leur dynamique récente et leur capacité à exceller dans la verticalité, sera peut-être en fait l'énergie de la revanche. Quand ils ont vu au tirage qu'ils hériteraient de Linas-Montlhéry, le capitaine Thomas Valentin, Jean Gomis, Eder Verissimo, Elton Boketsu et les autres ont forcément vu l'aiguille de leur boussole à souvenirs s'orienter vers le 8 décembre 2019. Ce jour-là, tout sauf lointain, alors que le Covid-19 n'était encore toutefois qu'une pâle menace d'Orient, les Eurois s'étaient embourbés à Linas-Montlhéry (3-1), déjà au 8e tour. Adjoint de l'entraîneur d'alors Christophe Taine, Balla Fall se souvient : "Ce match a été un regret car on était tombé contre une formation d'un niveau en-dessous (l'ESALM évoluait encore en Régional 1), entre guillemets car on savait que le niveau était costaud en région parisienne. On a été très bien accueilli et pendant le match il y avait beaucoup de public, une grosse ferveur. Ils nous ont mis une grosse pression de ce côté-là. Le terrain était difficile, c'était gras, il avait plu énormément, c'était limite impraticable. Ils ont dû venir cinq fois dans notre surface et ils ont marqué trois fois".
Battus 3-1 alors qu'ils avaient su ouvrir le score, les joueurs de l'EFC27 avaient eu ce sentiment toujours incommodant d'avoir loupé un train. "Ça nous a laissé des regrets", répète Balla Fall. "Ils ont quand même tiré le Paris Saint-Germain après, il y a donc eu beaucoup d'amertume de notre côté. C'était peut-être l'occasion parfaite pour nous de rallier les 1/32es de finale. Ce jour-là, il y avait une grosse ambiance, s'il y a la même ce week-end, ils seront très durs à prendre. Ils viennent de battre Dunkerque 1-0, ce n'est pas rien. Leur philosophie de formation fait que leur équipe première bénéficie des répercussions".
Toujours passionné par Evreux, l'ancien joueur de l'équipe, aujourd'hui éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse, suivra d'un oeil très attentif cette tentative de revanche de ses successeurs. Au bout de l'effort se cache ni plus ni moins qu'un 1/32e de finale de Coupe de France qui marque l'entrée en lice des clubs de Ligue 1. Et sans faire de plans sur la comète, Romaric Bultel y pense forcément. "On est aux portes, c'est le rêve de tout joueur amateur de se frotter au monde pro", glisse-t-il. "Beaucoup de garçons n'ont pas spécialement bien vécu de louper l'occasion d'affronter le PSG. On a à coeur de recevoir une Ligue 1, ce qui n'a jamais été le cas pour nous. C'est un peu le rêve mais pour qu'il devienne réalité, il va falloir mettre certains ingrédients". Le club aura en tout cas tous les projecteurs sur lui en Normandie et certainement le soutien de toute la région avec. Côté joueurs, la première bonne nouvelle réside dans le fait qu'ils ne s'enliseront pas dans la pelouse ce samedi soir comme ça avait été le cas voilà deux ans. La pelouse de Linas-Montlhéry a en effet été troquée contre un synthétique. La balle est dans leur camp.
> Coupe de France. 8e tour - ESA Linas-Montlhéry (N3) / Evreux FC 27 (N3), samedi 27 novembre à 18 heures au Stade Municipal Paul Desgouillons.
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Aurélien RENAULT