Après son passage réussi à la tête de l'ASVH, qu’il a mené de la R2 à la N2 en l'espace de trois ans, Benjamin Morel (38 ans) avait repris du service à la JSD (R2), fin décembre. Avec sur le papier un projet ambitieux, porté par Cyril Deloffre. Un plan qui a été fauché en plein vol avec le départ du président douvrais sur fond de relations tendues avec la municipalité. Du coup, on commence à manquer de doigts pour compter les joueurs « Rouge et Blanc » qui trouvent des points de chute dans d’autres formations de la région. Pour l’ancien attaquant du Stade Malherbe, le rebond a été également rapide. Il remplace Marco Calamaro, qu’il a affronté cette saison en championnat, et qui avait rempli son objectif de faire remonter le SC Hérouville dans l'élite du foot normand après dix ans d’absence. Ce dernier part pour le projet de fusion de la Côte Fleurie, l’AS Trouville-Deauville-Villers, où il prendra en charge la réserve, elle aussi pensionnaire de R1.
Les dirigeants de la plus grosse section foot du Calvados, 850 licenciés à date, n’ont pas cherché longtemps son remplaçant. "Il fallait aller assez vite. Benjamin Morel a été contacté en premier. Et il a tout de suite dit oui. Ça n’a pas traîné", explique le futur ex-président du SCH, Mohamed Belouadani. Le coach retrouve le plus haut niveau régional, avec une équipe fraîchement promue, mais qui ne manque pas d’atouts à ses yeux. "Il y a énormément de possibilités. C'est une mine d'or en termes de licenciés, de talents et de compétences. Tout ça m'a attiré, car pour moi, Hérouville n'est pas à sa place en termes de hiérarchie du foot caennais. En continuant le travail et en continuant à développer certaines choses, on pourra créer un grand club avec une vraie identité". Au Nord de l'agglomération, l’ancien technicien de l’ASVH sait très bien où il met les pieds. "Je les suis depuis quelque temps, et pas seulement parce qu’on était adversaires. J’aime beaucoup l’engouement qu’il y a les jours de match. Il y a une atmosphère positive, une grosse ambiance. Il se passe toujours des choses à Hérouville".
"Hérouville mérite d'être en National 3. C'est un club qui le mérite, de par ses infrastructures, ses ressources humaines, ses bénévoles"
Toujours ambitieux, Benjamin Morel vise déjà plus haut
Benjamin Morel récupère une équipe qui monte d’un étage et qui va dans un premier temps jouer le maintien dans une élite normande qui ressemble de plus en plus à une Nationale 3 d’il y a quelques saisons. "Cela faisait dix ans que la remontée était attendue, c'est long. Maintenant, on va faire preuve d’humilité. Ça va être un championnat très solide dont on ne connaît pas les adversaires puisque cette année, ce sera fait par tirage au sort avec des chapeaux". Ne pas connaître ses opposants, n’est pas un problème pour l’entraîneur qui va préparer ses joueurs à toutes les situations possibles. "Ça a un côté excitant. On va travailler dès la préparation pour être à la hauteur des exigences de ce championnat". L'ex-joueur « pro » reconnaît être ambitieux, mais il ne veut surtout pas qu’on prenne ça pour de la prétention. "J'ai toujours été ambitieux, après, il faut être lucide aussi. Ça demande du travail. Si on arrive tout de suite à performer, je serai le premier ravi. Mais dans le foot, ça demande du temps de mettre en place un nouveau projet".
"On veut créer des passerelles entre toutes les équipes pour faciliter l'adaptation des joueurs"
Benjamin Morel
Benjamin Morel voit tout de même loin et se projette même déjà sur une montée au niveau national. "J’ai une vision à long terme. J'espère que d'ici quelque temps, Hérouville sera en National 3. C'est un club qui le mérite, de par les infrastructures, les ressources humaines, les bénévoles. C'est une ville de foot". Dans cette entité qu’il pense très bien structurer, et malgré le départ annoncé de son président (voir encadré ci-dessous), l’ex-attaquant n’interviendra pas à tous les niveaux, mais travaillera forcément avec les autres coachs. "On veut créer des passerelles entre toutes les équipes. Avoir une connaissance des joueurs pour faciliter leur adaptation quand ils seront amenés à bouger", poursuit-il. Mais pour le moment, le technicien se concentre sur son équipe, et c’est déjà beaucoup. "Le fait de les avoir joués cette année et d'avoir assisté à quelques matchs, ça m'a aidé à identifier l'effectif pour savoir un petit peu comment travailler avec ceux qui sont déjà en place, et comment réajuster aussi au besoin".
Évidemment, l'ancien joueur arrive avec ses principes, ceux qui ont fait son succès à l’ASVH. "J'apporte une nouvelle méthodologie de travail, un projet de jeu et un nouveau projet d'entraînement. C'est ce qui va amener mon équipe à jouer à ma façon. Avec un système basé sur la possession, avec tous les équilibres, et une réaction forte à la perte de balle. Être capable de répondre à plusieurs situations, ça demande un boulot qu'on va mettre en place dès la prépa". Pour cela, il faut étoffer un effectif, qui a certes terminé champion de R2, mais dans lequel il manque des éléments pour bien figurer à l’étage supérieur. "On va essayer de réguler à tous les postes, de ramener un peu de sang neuf. On est un peu juste à mon goût en termes de quantité". Une fourchette de six à dix joueurs est attendue par Benjamin Morel. À ce jour, le SC Hérouville a annoncé plus de prolongations que d’arrivées, mais on peut compter sur le tacticien pour boucler rapidement ce « mercato » et disposer au plus tôt d’une équipe la plus fidèle à son image, joueuse et ambitieuse.
Mohamed Belouadani quitte la présidence
L’annonce est tombée seulement quelques jours après celle de la nomination de Benjamin Morel. Mohamed Belouadani, 69 ans, président du SC Hérouville, a annoncé son départ après dix ans passés à diriger cette association. Mais les deux événements n’ont aucun lien. "Pour moi, tous les feux sont au vert. J’ai reconstruit le club en quelque sorte. J’ai donné ce que je pouvais donner, et peut-être qu’avec un nouveau président, il va y avoir une nouvelle impulsion, une nouvelle vision". S’il quitte la direction, il n’en reste pas moins impliqué dans la vie du SCH. "Je vais rester vice-président et je vais continuer à gérer l’école de foot, à gérer ce que je fais encore aujourd’hui. Les mêmes fonctions, mais sans le titre de président. Les grandes décisions seront prises en accord avec mon remplaçant. C’est lui qui aura le dernier mot. Il faut laisser la place aux jeunes !"
Arriver dans ce contexte serait-il un problème pour Benjamin Morel, tant on sait qu’un binôme fort président - entraîneur est souvent le moteur d’un club ? Non à en croire le technicien. "Son départ était déjà dans les tuyaux, ce n'est pas quelque chose qui s'est fait à cause de mon arrivée. Il va rester travailler avec nous parce que c'est un cadre important qui a fait beaucoup de bonnes choses, il sera toujours là avec nous". Pour le technicien, ce changement s'effectuera dans la continuité d’une structure encore appelée à évoluer. "On va continuer à être dans un développement, à bien se structurer, continuer à travailler correctement à tous les niveaux. On doit prendre un peu plus de stabilité, améliorer des choses à côté qui vont nous permettre de rivaliser avec les meilleurs".