Dans le microcosme du football féminin normand, un mouvement a attiré la curiosité des suiveurs plus que les autres cet été : celui de l'attaquante Mélissa Renard, passée de l'ambitieux Stade Malherbe à l'US Alençon. Fer de lance de l'attaque caennaise, la joueuse de 25 ans a fait le choix de partir "pour raisons personnelles", direction le club de ses débuts. "C'est un peu un retour aux sources", clame l'intéressée. "Ici, j'ai retrouvé une équipe de qualité, je suis très contente. Je joue dans le même championnat même si les ambitions ne sont pas les mêmes. On ne va pas viser la montée, on veut juste gagner le plus de matches possibles. On va les prendre les uns après les autres". Celle qui a marqué sept buts en autant de rencontres depuis le début de saison, dont le dernier en date contre Ifs dimanche (6-0), n'a pas raté son adaptation dans l'Orne.
Alors qu'elle s'acclimate encore à son nouvel environnement et que les automatismes avec ses nouvelles coéquipières viennent petit à petit, Mélissa Renard a conscience qu'elle a laissé derrière elle de nombreux supporters « Rouge et Bleu » qui étaient rapidement devenus férus de sa technique et de son talent face au but. "J'ai passé deux belles années à Malherbe, Anaïs (Bounouar, la coache) m'a apporté beaucoup de bonnes choses", reconnaît l'Alençonnaise. "J'y ai gagné tous mes matches à l'exception de celui contre Le Mans (en Coupe de France). Ce n'était évidemment pas facile de partir". La désormais ex-Caennaise continue ainsi à recevoir aujourd'hui encore des attentions de fans malherbistes.
Si elle ne regrette nullement son choix d'avoir troqué sa tunique rouge et bleue pour le maillot vert et noir alençonnais, ceux qui le regrettent encore moins sont assurément ses deux entraîneurs dans l'Orne, Jérémie Monnier et Emmanuel Mauger. "Je ne connaissais pas Mélissa donc j'ai pu me faire mon propre avis", admet le second. "Elle est arrivée pleine d'humilité, c'est une vraie qualité. J'ai découvert quelqu'un qui est passionné par le football. Elle ne voulait surtout pas être mise en avant et ça m'a plu. Dès la première séance, sur un exercice technique, j'ai réalisé que ça tenait la route. Et dès le premier exercice de finition, j'ai compris que ce serait vraiment pas mal". Bien qu'il ait évidemment noté la soif de marquer de sa nouvelle joueuse, le technicien alençonnais est jusqu'à présent autant satisfait de la capacité de sa buteuse à se fondre dans le collectif que de sa faculté à souvent faire trembler les files. Le recrutement de Mélissa Renard au sein d'un effectif qui l'a vite adoptée est jusqu'alors clairement une réussite.
Un atout supplémentaire pour enfin passer un cap en Coupe de France
Résumer l'US Alençon 2021-2022 à la seule Mélissa Renard ne serait toutefois pas faire honneur au travail abattu par Joely Bruletti et les autres membres de l'effectif. Ce dimanche (31 octobre), pour éliminer Evreux (R1) en Coupe de France et voir les tours fédéraux pour la première fois de l'histoire du club, il faudra toute une équipe au diapason. "On est fiers d'être la seule équipe ornaise encore en lice, les filles sont vraiment motivées pour faire quelque chose", assure Emmanuel Mauger. "La concernant, Mélissa nous apportera un plus comme elle le ferait d'ailleurs au sein de n'importe quel effectif de R1 dans la région". Pour l'ex-Caennaise, éliminée voilà deux saisons par Le Mans avec Malherbe (3-0 en 1/32e de finale), la compétition revêt une certaine importance. "J'aimerais faire un long parcours même si ça reste du plus", explique-t-elle. "Voir le tour fédéral et même aller au-delà, selon qui on joue, c'est ce que je souhaite. Je suis comme ça, j'en veux toujours plus (rires)".
Les Alençonnaises auront en tout cas un vrai coup à jouer contre l'Evreux FC 27 d'Erwan Coriton. Et si leur attaquante est dans un bon jour, la défense euroise peut clairement trembler. "Pour la petite anecdote", raconte avec délice Emmanuel Mauger. "J'ai fait un pari avec un gardien de notre équipe National 3 il y a quelques jours. J'étais tellement sûr de moi que je lui ai dit que mon attaquante, en duel en un contre un, sur cinq ballons, lui mettrait minimum trois buts. Il m'a dit que j'étais fou, que c'était impossible. On a fait ce fameux duel après une séance. Sur les trois premiers ballons de Mélissa, il y a eu... trois buts".
Lors de son premier passage à Alençon, Mélissa Renard, alors jeune adolescente, avait tout l'avenir devant elle. Ce dernier l'a ainsi conduite notamment à un rassemblement avec les U17 Tricolores où figuraient par exemple "Griedge Mbock ou encore les soeurs Cascarino (toutes les trois internationales chez les A désormais)". Dans l'étroit entonnoir où elle s'était retrouvée en concurrence avec d'actuelles joueuses de l'équipe de France, l'attaquante normande avait alors eu le malheur de se blesser aux ligaments croisés à 19 ans. Presqu'au pire moment. Sa vie de footballeuse est alors essentiellement passée par la Normandie, ce qu'elle ne regrette nullement. À 25 ans, la chasseuse de buts a d'ailleurs encore de beaux jours devant elle et la Coupe de France, notamment, est l'occasion de nourrir plus encore sa boîte à souvenirs. Kassandra Leroy et l'ensemble de ses partenaires peuvent d'ailleurs être certaines qu'elle fera comme toujours tout son possible pour faire trembler les filets contre Evreux. "Chaque but que je marque, je me le compte, c'est une forme de challenge personnel", témoigne l'Ornaise. C'est aussi ça le tempérament d'une grande buteuse.
Une arrivée qui a fait l'unanimité au club
S'il ne tarissent pas d'éloges sur leur attaquante, Jérémie Monnier et Emmanuel Mauger ne sont pas les seuls à avoir été frappés par les capacités de Mélissa Renard face au but. Le co-entraîneur raconte : "Un jour, Vincent Laigneau (l'entraîneur de la N3 de l'USA) était passé à côté du terrain pendant qu'on faisait une séance. Il l'avait observée d'un œil curieux et m'avait demandé si c'était elle qui arrivait de Malherbe. Il avait alors déclaré en plaisantant qu'elle pourrait peut-être faire du bien à son équipe".
S'il était à craindre à travers ce genre d'anecdotes que la venue de la joueuse estampillée SM Caen pourrait faire de l'ombre à ses partenaires, Emmanuel Mauger assure que le vestiaire a très bien vécu sa venue. "Son tempérament et son humilité font qu'elle a été très vite acceptée, elle met aussi beaucoup d'ambiance dans le vestiaire et se montre par ailleurs très disponible auprès des plus jeunes joueuses pour les conseiller". L'US Alençon dans son ensemble n'a donc pas mis longtemps à tomber sous le charme de sa nouvelle attaquante.
Aurélien RENAULT