Le mariage entre la famille Granturco, précédemment à la tête de l’AS Villers, et le duo Thomas Aubert - « Max » Leverrier, les deux ex-co-présidents de l’AS Trouville-Deauville, n’aura duré que quatre mois. Cet été, les deux entités s’étaient unies pour créer un club de territoire sur La Côte Fleurie : l’ASTDV, dont l’équipe fanion évolue en N3 après avoir récupéré les droits sportifs de la première citée. Si aucun observateur du football normand n’est surpris par cet épilogue, le divorce est quand même prononcé un peu plus rapidement qu’on l’aurait imaginé. C’est Victor Granturco, par le biais d’un communiqué paru sur ses réseaux sociaux, ce lundi, qui a officialisé « la fin de l’aventure », pour reprendre ses propos. De toute façon, depuis les événements de ces dernières semaines, on ne voyait pas comment les deux camps pouvaient poursuivre leur collaboration.
Alors que les relations entre ces différents dirigeants n’étaient déjà pas spécialement au beau fixe(1), la goutte de trop, celle qui fait déborder le vase, est intervenue mi-septembre. A partir de cette date, Victor Granturco, ex-président de l’ASVH, a multiplié les publications pour annoncer le nom de personnalités (l’entraîneur Farid Benstiti, l’agent Christophe Hutteau, le journaliste Stéphane Pauwels…) le rejoignant au sein du Conseil de surveillance de l’AS Trouville-Deauville-Villers(2) ; un organe dont il était censé assurer la gouvernance selon ses écrits. Jusque-là, me direz-vous, pourquoi pas ? Sauf qu’étrangement, aucun de ces « posts » n’a été repris sur les comptes officiels du club issu de la fusion. Curieux.
« Bonjour à tous, c’est une fausse information, je suis bien à l’Olympique Lyon Sud »
Alain Cavéglia
Pas plus que le message d’Alain Cavéglia, démentant son arrivée aux côtés de Victor Granturco quelques heures seulement après que celui-ci ait affirmé le contraire ! « Bonjour à tous, c’est une fausse information, je suis bien à l’Olympique Lyon Sud », a déclaré l’ancien directeur sportif du SM Caen. A ne plus rien y comprendre et encore, on était loin d’être au bout de nos surprises. Le 8 octobre, le bureau de l’ASTDV, à l’unanimité (il est composé d'autant de Trouvillais que de Villersois), a farouchement nié l’existence de ce « fameux » Conseil de surveillance, sur sa page Facebook ! « Ces personnes n’ont jamais été rencontrées par le club, ces nominations n’ont jamais été discutées et concernent une entité qui, tout, simplement, n’existe pas. Le seul organe légitime et reconnu est le bureau élu (…) Toute autre communication à ce sujet relève de la désinformation », peut-on notamment lire.
Un manque à gagner d’environ 100 000 € par an
Dès lors, on a assisté à une bataille de communiqués, entre d’un côté le clan Granturco, dont Thierry, le père de Victor et partenaire financier n°1 de l’AS Trouville-Deauville-Villers, par l’intermédiaire de sa société Dodecagone, et de l’autre, Thomas Aubert et « Max » Leverrier, représentants la direction opérationnelle des « Jaunes ». Si les co-présidents ne contestent pas que la mise en place d’un conseil stratégique a été négociée au moment du rapprochement entre les deux clubs et qu’il verra le jour d’ici la fin de l’année 2025, conformément aux statuts de l’association, ils réfutent les conditions dans lesquelles il a été présenté par Victor Granturco. En cause, notamment, l’oubli "des gens du territoire". Surtout, ils rapportent que l’ex-président de l’AS Villers, « suspendu de toute fonction officielle » pendant un an(3), ne peut pas exercer ce rôle.
« Je vous annonce la rupture de la convention liant Dodecagone SA avec l’AS Trouville-Deauville-Villers »
Victor Granturco
Une publication qui a donné lieu à l’intervention la plus invraisemblable de cette crise de gouvernance ; Thierry Granturco révélant au grand jour qu’il commente des « posts » Facebook de l’ASTDV, mais pas que (il suffit de remonter le fil d’actualité de feu l’ASVH ou de son propre compte), sous un pseudo (« Titi Grosminet », ça ne s’invente pas), au prétexte qu’il serait bloqué sur la page en question. Bon, cette stratégie de communication, si on peut la qualifier ainsi, n’a étonné personne sur La Côte Fleurie ; tout le monde étant déjà au courant !
En conclusion de cette incroyable mais véritable histoire de fous, Victor Granturco a officialisé, ce lundi, « la rupture de la convention liant la société d’investissements Dodecagone SA avec l’AS Trouville-Deauville-Villers ». Ce que Thierry, son père, avait déjà annoncé la semaine passée aux ex-joueurs Villersois, qui ont rejoint l’équipe première née de la fusion, via un texto. Pour l’ASTDV, il s’agit tout de même d’un manque à gagner d’environ 100 000 € par an sur les cinq prochaines saisons. Toutefois, pas de quoi remettre en cause le projet de club de territoire selon Thomas Aubert et « Max » Leverrier ; ces dirigeants assurent qu’ils disposent des ressources nécessaires pour faire face. L’avenir nous dira si c’est vrai.
(1)Alors qu’il pensait disposer de huit mutés par feuille de match, l'ASTDV a appris après le début du championnat qu'elle ne pouvait en aligner que deux, en raison les infractions répétées de l'AS Villers concernant le statut de l'arbitrage.
(2)Selon les statuts de l’association, la direction de l’AS Trouville-Deauville-Villers est censée se composer de deux entités : un bureau pour gérer l’opérationnel et un Conseil stratégique, se réunissant seulement à quelques reprises par an.
(3)Suspendu un an par la commission de discipline de la Ligue de Normandie, pour un « comportement frauduleux » dans une histoire en lien avec l’un des arbitres de l’AS Villers à l’époque, Victor Granturco a vu sa sanction confirmée en appel par la Fédération française.