On a du mal à imaginer qu’il y a encore quelques semaines, les filles de l’ESFC Falaise jouaient encore sur demi-terrain, en foot à 8. Bien qu’elles aient été balayées dimanche dernier par la réserve du Stade Malherbe (15-0), candidat indiscutable pour la montée en R2, elles occupent la deuxième place ex aequo de leur championnat interdistricts à 11, avec deux succès en trois rencontres (6-3 face à Mondeville, 1-0 contre Saint Sylvain). Pour leur première saison sur « grand terrain », les Calvadosiennes créent la surprise. Les Falaisiennes avaient déjà tenté cette expérience il y a deux ans, mais, faute d’effectif, le projet était tombé à l’eau. Cette fois-ci, c’est la bonne. "C’est difficile de maintenir une équipe à 11 dans la durée dans les zones rurales comme chez nous", admet Anthony Scelles, l’entraîneur.
Grâce à la promotion d’une dizaine de joueuses U17, le groupe compte désormais 24 unités, "le minimum requis" pour constituer une équipe à 11, selon lui. "Plus l’effectif est large, mieux c’est. Aujourd’hui, notre difficulté est de choisir les 14 joueuses sélectionnées pour le match du week-end. Tant mieux pour nous". Si ce championnat interdistricts à 11 est donc une découverte pour ces filles, issues de Falaise et des alentours, elles sont loin d’être ridicules. Au talon de la réserve du SMC, les protégés d’Anthony Scelles se donnent les moyens de leurs ambitions. "On n’a pas d’objectif précis, mais on ne veut pas faire n’importe quoi. Si on vient le dimanche matin sans avoir envie de gagner, ça ne sert à rien. Si on finit dans le Top 4, on aura réussi notre saison".
"Aujourd'hui, la difficulté est de choisir les 14 joueuses sélectionnées pour le match du week-end. Tant mieux"
Anthony Scelles
Tout leur sourit en ce début de saison. En plus d’un bon départ en championnat, elles ont goûté aux joies de la Coupe de France, pour la toute première fois de leur (jeune) histoire. En éliminant Mondeville (7-0) pour leur entrée en lice et Caen Sud Ouest au 3e tour (2-1) ; le CS Honfleur a déclaré forfait entre les deux, l’ESFC Falaise a déjà réussi l’exploit de se hisser au 4e tour de cette « Vieille Dame ». Une performance impensable quelques mois en arrière. "C’est un peu la cerise sur le gâteau", savoure Matthieu Saintlot, référent de la section féminine. "Ce n'est que du bonheur ! Tout le monde n’a pas la chance de jouer cette Coupe de France, et nous, on veut en profiter”, poursuit Anthony Scelles, à la tête de cette équipe depuis trois ans.
S'inspirer des exploits de son adversaire du jour
Personne n'afffirmera le contraire. Avec cette nouvelle compétition, l’ESFC a découvert le charme de la coupe, l’élimination directe, un challenge où les « petits » peuvent sortir les « gros ». Jusqu’ici, les coéquipières de Claire Debaize ont réussi leur parcours avec brio. Elles sont même allées au-delà de ce qu’elles espéraient. Tout ce qui est devant elles désormais s’apparente à du bonus, alors que dans les couloirs des vestiaires et au club-house, on ne parle que de ça. "On doit un peu canaliser les filles. La Coupe de France reste une parenthèse dans la saison. La priorité reste le championnat et il ne faut pas sauter les étapes". En théorie, car en pratique, dimanche, il est certain qu’elles ne compteront pas leurs efforts. Car la Coupe de France, on y prend goût.
"Nous contre La Mos, c'est comme si on était le SM Caen contre le PSG"
Anthony Scelles
Le tirage au sort leur a réservé l’un des adversaires les plus coriaces : La Maladrerie, leader de Régional 1. L’ESFC Falaise contre la Mos, c’est un peu David contre Goliath ou plutôt "le SM Caen contre le PSG", plaisante l’entraîneur. Le Petit Poucet de ce 4e tour avance sans complexe et entend se battre avec ses armes. "On n’a pas de pression, car on sait qu’on est les plus petits. Tant qu’il y a 1% de chance de gagner, il y a de l’espoir. Sur un match, tout est possible", veut y croire Anthony Scelles. "Il y a toujours des exploits chez les garçons, alors pourquoi pas chez les filles ? Que l’on gagne ou que l’on perde, il faut être fier de notre parcours". "Cette équipe est supérieure à nous techniquement, tactiquement, et physiquement, mais on ne sera pas ridicules”, assure Matthieu Saintlot.
Quelle que soit l’issue de la rencontre, les Falaisiennes auront déjà gagné. Face à elles, La Mos a déjà prouvé qu’il était possible de réaliser un parcours incroyable en Coupe de France. En R2 lors de l'exercice précédent, les Maladiennes avaient atteint pour la deuxième année consécutive le 1er tour fédéral, en créant l’exploit de sortir le Stade Malherbe (D3) (4-4, 5-4 tab). Cette saison, les « Rouge et Grise » auront forcément envie de faire aussi bien, voire mieux. Pour le Petit Poucet falaisien, qui rêve d’une affiche grandiose contre le Stade Malherbe ou QRM (D3) en cas de qualification, cette confrontation est l’occasion d’offrir au foot féminin un énorme coup de projecteur dans le secteur. Sur le terrain d’honneur, il y aura une belle bataille à livrer, devant des dizaines de supporters. Le scénario rêvé ? "Le bonheur serait de gagner 1-0, mais La Mos marque beaucoup de buts", sourit le technicien. "Si on va aux tirs au but et que l’on gagne, c’est parfait". Elles n'ont plus qu’à croiser les doigts…
> Coupe de France féminine. 4e tour - ESFC Falaise (D1) / La Maladrerie OS (R1), dimanche 19 octobre à 15 heures au Stade de Guibray.
Léa QUINIO