Positionner l’Entente Sportive Aumaloise sur une carte, c’est pointer un problème de frontière régionale. En effet, le club seinomarin se situe à l’extrême Est du département et donc de la Normandie. À deux kilomètres seulement de la Somme et de l’Oise, dans les Hauts-de-France, au sein de l’ancienne Picardie. "On est plus proche d’Amiens et de Lens que du Havre ou de Rouen pour aller voir des matchs pros", explique Antoine Le Gendre, le jeune président (39 ans) qui entame sa quatrième saison consécutive dans cette fonction. Cette situation géographique voit donc l'ESA se tourner vers l’Ouest et l’empêche parfois de réaliser un recrutement intéressant ; les Picards ne voulant pas s’éloigner de leurs terres et les Normands ne souhaitant pas « s’isoler » à Aumale. "C’est comme si nous avions la mer sur notre zone de chalandise. Tous nos déplacements sont lointains du coup. Quand on accueille des plateaux pour les catégories U6-U8 le samedi matin, personne ne fait le déplacement chez nous. On vit un peu en vase clos avec les clubs des alentours. On n’est pas du tout dans le cœur de la Normandie".
Créée en 1948, l’ES Aumale fêtera très bientôt ses 80 ans. Une marque de longévité qui l’a vu traverser une période faste dans les années 1980-1990 avec une montée en R2, puis une évolution en R3 entre 2010 et 2015 et plusieurs 5e tours de Coupe de France. "On a eu les maillots, Le Graal de tout club amateur", se réjouit le président. Aujourd’hui, l'équipe première évolue en D2 départementale le dimanche après-midi et pour des raisons réglementaires, l'ESA s’est dotée d’une réserve en D3 le dimanche matin, où joue de temps en temps Antoine Le Gendre. C’est cette formation qui va bénéficier des lots remportés par la secrétaire, Johanne Trébot, lors de notre jeu-concours mensuel. "À qui va aller ce jeu de maillot ? C’est tout trouvé ! C’est aux seniors du dimanche matin que reviendront ces équipements, car ils n’en ont pas encore. Ils jouent avec les anciens de la première qui sont un peu trop petits pour eux. On parle de quadragénaires avec un peu de ventre dans lesquels je m’inclus", rigole Antoine Le Gendre.
"À qui va aller ce jeu de maillot ? C’est tout trouvé ! C’est à l’équipe des seniors du dimanche matin que vont revenir ces équipements"
Antoine le gendre
Le cadre commercial dans sa vie professionnelle et ses amis ont sauvé l’ES Aumale il y a quatre ans, alors que l'association ne comptait plus qu’une quarantaine de membres pour des raisons extra-sportives. La question s’est posée : "Est-ce qu’on se laisse mourir ? Est-ce qu’on fusionne avec un autre club comme le font beaucoup d’autres désormais, au risque d’y laisser notre terrain ? On s’est retroussé les manches avec quelques copains et on s’est lancé dans l’aventure de la reconstruction d’un petit club de village". Dans ce projet, les trois premières années ont été compliquées, mais elles ont porté leur fruit. "Nous avons aujourd’hui 140 licenciés dans une commune qui compte 1 700 habitants. Nous avons deux formations seniors et des équipes dans toutes les catégories des U6 aux U15. Malheureusement, nous avons peu de joueuses. Celles que l’on a sont mélangées dans les catégories jeunes. Et il y a un gros club de handball à Aumale avec une N3 féminine. De fait, les filles se tournent plutôt vers ce sport. Mais nous avons le projet de développer cette pratique sur les deux-trois ans à venir".
Un album type Panini dans les cartons
L’objectif sportif est évidemment d’essayer de remonter en D1. "C’est le but. Le club est aujourd’hui dans une situation plus pérenne. On a fait venir des éducateurs qu’on forme. On était sur deux maintiens d’affilé pour notre D2. N’ayant pas de réserve, on prenait des points de pénalité, six en moins la saison passée. Et comme nous n’avons pas d’arbitre non plus, nous n’avons pas le droit de recruter donc on doit aller chercher des joueurs qui n’avaient pas de licence. Le début de championnat est bon. On a de bons éléments donc on va essayer de jouer les trois-quatre premières places". Malgré ces contraintes de règlement et l’isolation géographique, l’ES Aumale continue de survivre avec son maigre budget de 50 000 € et sa bande de passionnés. "Très clairement, on est un club de village, de famille. On a une douzaine de bénévoles qui œuvrent pour la vie de notre association. On se serre les coudes et on cultive cet esprit familial qui plaît aux parents parce qu’on essaie de créer du lien social, d’éloigner les enfants des écrans".
"On essaie de positiver quoi qu’il arrive. Il y a des jours avec et des jours sans. Mais on veut insuffler cet état d’esprit"
Antoine le gendre
Pour Antoine Le Gendre, le foot reste beaucoup plus abordable que les autres sports de la ville qu’il croise lors des forums des associations, où il peut comparer. Notamment le tennis, qu’il pratique également à Aumale et qu’il connaît donc très bien. "On est sur des tarifs pour les jeunes qui sont deux à trois fois moins élevés chez nous. C’est important que tout le monde ait un accès au sport à un coût abordable". Cette culture de l’ouverture et du positif, le dirigeant nous l'a rappelé plusieurs fois. "On essaie de positiver quoi qu’il arrive. Il y a des jours avec et des jours sans. Mais on veut insuffler cet état d’esprit d’autant qu'on n'a pas de budget. Donc avec ce que l’on a, on fait des choses bien. On organise par exemple des lotos, des arbres de Noël pour les enfants. Cette année, on va lancer un album type Panini. On essaie de fidéliser nos licenciés et de rendre la chose plus sympathique". Le président et son équipe font donc tout pour assurer l’avenir de cette entité symbolique de leur territoire.
C’est également dans la communication que l’ES Aumaloise a réalisé un tournant cet été. Le club du Pays de Bray possède un logo moderne, orné d’un squale, chose qui interpèle si loin des côtes. "On a revu la charte graphique en fin de saison, mais le requin, c’est une anecdote rigolote… On avait un logo un peu désuet qui avait une petite vingtaine d’années et qui ressemblait au requin souriant et un peu sympa du Monde de Némo. C’est l’histoire d’une troisième mi-temps où l‘entraîneur de l’époque avait eu un délire sur les requins. À ce moment-là, on avait un vidéaste amateur qui nous suivait, et il avait appelé la vidéo qui résumait notre saison : « L’œil des requins ». C’est donc devenu notre surnom et notre mascotte. Les moyens pour faire un logo étaient limités à cette période, mais ce nouveau logo correspond à une vraie charte graphique. On peut mieux l'apposer sur les maillots, mieux communiquer. Et on s’adapte aussi à l’époque avec cette forme de blason. Et on a des mecs qui viennent déguiser lors des tournois, ça fait rire tout le monde". L’ES Aumale et ses requins ne sont donc pas prêts de disparaître.

Entente Sportive Aumaloise
- Créé en 1948
- Président : Antoine Le Gendre
- Environ 140 licenciés (dont 10 féminines)
- Des équipes dans cinq catégories jeunes des U6/U7 jusqu'aux U14/U15
- Une équipe première en D2 départementale
- Une équipe réserve en D3 départementale






