Le contexte
"On est tous là les uns pour les autres pour s'aider"
Bourreau de l’AS Côte de Nacre (D4), 2-0, pour son entrée en lice en Coupe de France la semaine précédente, le CL Colombellois se voyait confronté au 2e tour (dimanche 31 août) à la même situation que sa victime en tentant de sortir une formation évoluant deux divisions au-dessus de lui, l’ASL Chemin Vert (R3). Chose peu habituelle, le rendez-vous d’avant-match n’était pas prévu au club-house mais au siège de l’entreprise de l'un des joueurs, également sponsor, Lilian Gonthier. Les locaux du complexe Pierre-Rival n’étant pas disponibles en raison d’une formation d’arbitres, le milieu de terrain (29 ans) - qui dirige une société de couverture à Bourguébus - a mis à disposition son grand entrepôt pour le repas en commun avec ses coéquipiers, son entraîneur Alexandre Mottelay et son président Frédéric Nicolas. Un lieu qui a aussi accueilli la causerie où le coach, malgré une ambiance bon enfant, a tenu à indiquer le sérieux avec lequel il fallait aborder cette rencontre.
Cette ambiance familiale reflète très bien le sentiment de Pauline Nicolas, qui entame sa 20e année au club. A la fois trésorière et dirigeante des U6-U7, la femme du président avait laissé un petit mot d’encouragement lors du déjeuner. "On est tous là les uns pour les autres pour s’aider. En vrai, c’est un club de quartier. Ici, on a beaucoup de statuts sociaux très différents. C'est mon club de cœur, je m'y attache beaucoup", explique-t-elle non sans émotions. Une dirigeante qui aime le foot au point que son implication dépasse celle du CLC. En tant que secrétaire de la commission d’arbitrage du District du Calvados, c’est elle qui organisait la formation d’une quarantaine « d’hommes en noir » qui a obligé son équipe première à délocaliser son repas. Correspondante du club également, c’est encore elle qui livre les objectifs fixés à Alexandre Mottelay qui entame son deuxième exercice sur le banc des « Noir et Jaune » : "C’est sa deuxième année en Division 2. Le bureau voudrait bien qu’on monte en D1 la saison prochaine et qu’on maintienne notre D3 à niveau. Ça sera le cadeau idéal pour les 50 ans du club !"
Sur le terrain
"On ne parle plus de qualif', on parle d'orgueil"
Pour tenter de remplir son objectif en championnat, Alexandre Mottelay va devoir serrer la vis de son équipe. Après une semaine d’entraînement compliquée où le jeune coach (30 ans) n’a pas senti ses joueurs concentrés, et malgré une causerie d’une grande qualité notamment sur la partie tactique, les Colombellois ont complètement manqué leur entame de match contre l'ASL Chemin Vert, avec quatre buts encaissés au moins de 30 minutes. Dès les premiers ballons, la différence d’implication, de sérieux, et donc de technique s’est faite sentir. Et malgré quelques ballons récupérés au milieu, les premières passes étaient systématiquement interceptées par l’équipe dirigée par Yliès Daoudi. Sur le deuxième corner de la partie, Khadim Sow ouvrait la marque de la tête (1-0, 3’). Ensuite, après une percée plein centre, Théo Louahchi frappait et voyait le ballon terminer au fond des filets (2-0, 13’), puis en dépit d'un léger réveil des locaux, Papa Demba Ba alourdissait la marque (3-0, 20’) avant que Théo Louahchi ne vienne conclure cette entame sérieuse des visiteurs en s’offrant un doublé sur penalty (4-0, 26').
À la pause, Alexandre Mottelay était forcément remonté. Morceaux choisis : "Pour avoir un match de foot, il faut deux équipes, il n’y en a qu’une sur le terrain. Premier duel gagné pour nous, 32e minute. Gagnez-moi du duel ! On les a trop respectés. On joue comme on s'entraîne. Et moi ça me fait ch... Donc, maintenant, on ne parle plus de qualif’, on parle d’orgueil. On n’en mettra pas cinq, par contre la question maintenant, c’est est-ce qu’on a envie d'en prendre huit ? Ou est-ce qu’on a une fierté ? On serre, on gagne des duels et on a aura montré que sur trois-quarts d'heure, on pouvait les ennuyer !" En seconde période, ses protégés se sont réveillés, même après avoir encaissé deux autres buts sur des largesses défensives exploitées par Valens Ibébé (5-0, 61’) puis Cheick Alioune Guey (6-0, 63’). Après un relâchement logique des joueurs du Chemin Vert, largement qualifiés avant même la fin de la rencontre, et un réajustement tactique avec la montée d’un cran du défenseur central Paulo Nogaro au milieu de terrain, le CLC a enfin joué au foot, s’est procuré plusieurs situations et a même sauvé l’honneur par son élément le plus en vue sur la pelouse, Lilian Gonthier (6-1, 77’), lancé plein axe.
L’avenir
"Il y a du caractère dans ce groupe, mais il va falloir plus d'exigence collectivement"
Coté Chemin Vert, la qualification pour le 3e tour de la Coupe de France est acquise. La formation de Régional 3 a respecté ses adversaires en prenant le match au sérieux, et en jouant son jeu. "L’objectif était de ne pas leur donner d’espoir et de vite scorer, ce qu’on a eu du mal à faire au 1er tour. Je suis content de ce score, avec la manière. Mener 4-0 en première mi-temps nous a permis de dérouler en seconde et de mettre deux nouveaux buts", analysait Yliès Dadoudi après la rencontre. "On respecte toutes les équipes qu’on rencontre, quelle que soit leur division. On n’a pas pris ce match à la légère. Le but, c’est de bien travailler comme on le fait la semaine. On a un collectif vraiment sérieux". Un état d’esprit qu’il faudra conserver pour les joueurs Caennais au prochain tour (avec un déplacement à la JS Douvres, pensionnaire de R2), s’ils veulent atteindre Le Graal de beaucoup d'équipes amateurs, et décrocher les fameux maillots de la Coupe de France, dévolus aux équipes qualifiées pour le 4e tour. "Le club n’a jamais atteint ce stade, ce serait historique".
Coté Colombelles, la déception était forcément de mise, surtout dans les intentions plus que dans la différence de niveau sur le terrain. "On est déçu, mais la qualification du Chemin Vert est tellement logique, elle est méritée", réagissait Alexandre Mottelay. "On a été trop gentil. Au bout de la première demi-heure, quand tu es mené 4-0, c’est compliqué d’aller chercher autre chose. Cela se joue sur des gros détails, quatre en demi-heure, c’est trop important pour rivaliser avec ce genre d’équipe". En seconde période, il y a eu pourtant de meilleures intentions de la part de son collectif. "C’est satisfaisant parce qu’on a montré qu’on avait un peu d’orgueil, de caractère. On va s’appuyer là-dessus pour la suite". Mais pour monter en D1 départemental, il est clair que l'entraîneur du CLC attend plus de sérieux de la part de son équipe. "Il y a du caractère dans ce groupe, mais maintenant, il va falloir aller chercher plus loin, avoir plus d’exigence collectivement". Rebond attendu en championnat.