Le tirage au sort du 5e tour de la Coupe de France a réservé de très belles affiches en Normandie pour ce week-end des 10, 11 et 12 octobre. Tout au long de la semaine, notre rédaction consacre une semaine spéciale à cette épreuve si spéciale. Ce mercredi, on se plonge dans le derby 100% caennais entre l'Avant-Garde et le Stade Malherbe.
Avoir tiré le Stade Malherbe au 5e tour de la Coupe de France rappelle quelques souvenirs à certains joueurs de l’Avant-Garde. En effet, pas moins de dix garçons* de l’effectif de Félix Legras sont passés par les équipes de jeunes du SMC au cours de leur parcours. Et on peut ajouter la présence dans le staff de Sébastien Mazure, entraîneur adjoint cette saison, qui a porté le maillot « Rouge et Bleu » entre 2001 et 2005 puis entre 2006 et 2009. Pour les autres, on ne parle pas de carrière professionnelle même si Morgan Hardoin et Hamza Ould Jawar ont connu la réserve (en CFA2, l'ancienne appellation du N3) au moment où le club évoluait en Ligue 1. "Nous, avec Hamza, je pense qu'on est arrivé dans la période où c'était très compliqué de signer pro. Et forcément, dans une équipe qui à l’époque était en Ligue 1, c'était encore plus compliqué", explique Morgan Hardoin (29 ans). "De notre génération, il y en a vraiment très très peu qui sont sortis. Il y en a plein qui ont réussi à rebondir dans d'autres formations, pas nous". Lui n’a pas voulu quitter sa région natale.
Pour Hamza Ould Jawar (30 ans), la pilule a été plus difficile à digérer. "La fin de l'aventure a été un peu compliquée surtout que, quand on est en réserve professionnelle, on est aussi des pros. Si tout va bien au-dessus, on ne compte pas forcément sur nous. Et en plus, moi, ma dernière saison en réserve, c’est l’année où Caen termine 7e (2015-2016). Pour passer pro, franchement, c'était encore plus compliqué, parce qu'il y avait déjà du monde en place". Le solide défenseur estime qu’il lui aurait fallu encore une ou deux saisons pour espérer signer un contrat. Mais une fois la porte de la sortie indiquée, l'international mauritanien (une cap en 2016) a arrêté un an avant de retrouver le chemin des terrains. "Après Malherbe, j’ai été quasiment un an sans jouer parce que j’avais des petites blessures et il a fallu digérer cette fin". Passé ensuite par l’USON Mondeville puis l’AS Villers-Houlgate, où il a à nouveau connu le goût de la N2 lors de l'exercice précédent, il est arrivé à l’AG Caen cet été avec l’objectif de faire remonter le club en N3.
"On a côtoyé des joueurs incroyables. Je me souviens m'être entraîné avec N'Golo Kanté et Thomas Lemar"
Morgan Hardoin
Les deux anciens réservistes gardent tout de même un souvenir impérissable de leur passage au sein du SMC. "C'était exceptionnel de jouer dans un club pro, surtout dans les années où on y était", reprend Morgan Hardoin. "C'était la grande époque du Stade Malherbe. Il jouait soit les premiers rôles en Ligue 2, soit leurs plus belles années en Ligue 1. On a côtoyé des joueurs incroyables. Je me souviens m'être entraîné avec N‘Golo Kanté et Thomas Lemar. C'était incroyable. C’est quand on sort de tout ça qu’on se rend compte de la chance qu'on a eu de jouer là-bas". Même son de cloche chez son coéquipier, arrivé de région parisienne à 17 ans : "C'était le chamboulement au début, j'étais un peu perdu parce qu'il fallait prendre mes repères. Mais j'ai beaucoup de bons souvenirs, des choses qui m’ont marqué à vie, comme les années Ligue 1. On allait voir les pros jouer, ils gagnaient. C'était agréable, on était content d’y aller. On a connu le grand Malherbe qui était en Ligue 1, et bien installé". Une époque qui parait aujourd’hui si lointaine…
Enzo Deminguet va recroiser la route de Maxime d'Ornano
Le cas de Mathieu Yvrande est différent. Âgé de 20 ans aujourd’hui, il a connu le maillot « Rouge et Bleu » dans les catégories les plus jeunes. "J’y ai joué de mes débuts jusqu’en U12 avant de partir huit ans à la Maladrerie". Son frère Thomas, 18 ans, est lui toujours membre du SMC et fréquente la réserve depuis cette saison. "Je n’en garde que de bons souvenirs, bien que ma dernière saison se soit mal passée. Quand je suis parti, il y a eu cette petite déception, mais après, quand il y a les parents qui sont là, c'est un grand soutien". Pour Enzo Deminguet (23 ans), dont le grand frère Jessy à percé à Malherbe avant de rejoindre le RC Strasbourg puis le FC Metz, l'histoire est encore tout autre. Il a connu une belle ascension qui s’est arrêtée avec les U19 Nationaux. "Franchement, c’était des belles années. J'ai eu des bons coachs, à part en U19. C'était compliqué, avec un entraîneur qui ne m'a pas trop fait confiance". C’est une fois parti qu’il a réalisé lui aussi le bonheur qu’il a vécu là-bas. "Quand on est dans un centre de formation, on ne se rend pas compte de la chance qu'on a, des infrastructures, des gens qui travaillent pour nous. On ne s'en rend compte qu'après".
"Attention, il ne faut pas déconner au prochain tour, c'est le Stade Malherbe"
Hamza Ould Jawar
Alors pour ces quatre joueurs, retrouver le Stade Malherbe au 5e tour de la Coupe de France, qu’est que ça évoque ? Pour Morgan Hardoin, c’est un sentiment très particulier. "Quand le tirage est sorti, je me suis dit : « La boucle est bouclée ». Le SM Caen, ce fut mon club de cœur gamin, même quand je suis sorti du centre. Quand j'ai vu qu’il était descendu en National, ça m’a fait mal parce qu'on s'est battu pour ces couleurs-là, on a voulu le bien de cette équipe et je le veux toujours d'ailleurs. Donc oui, on se dit que c'est incroyable, on va jouer contre l’équipe pro où on a tous voulu signer, avec qui on aurait voulu côtoyer les sommets". Et l’ex-joueur du FC Flers avait déjà ce pressentiment depuis plusieurs semaines. Il se voyait déjà affronter son ancien club formateur. "On en parle depuis le 3e tour quand on est entré en lice, quand on a joué à le Muance FC. Je l'avais dit aux gars : « Vous vous rendez compte que dans deux tours, on peut peut-être tirer le Stade Malherbe ! » Au final, ça se produit, on est très content".
Hamza Ould Jawar avait lui aussi ce feeling. "Je suis forcément super content. C’est un peu bizarre parce qu’après le 3e tour, on en parlait avec Romain Gosnet en se disant : « Attention, il ne faut pas déconner au prochain tour, c’est le Stade Malherbe ». Et c’est ce qui se passe vraiment. Ça va être plaisant à vivre". Enzo Deminguet attend, lui aussi, cette confrontation avec impatience. Surtout qu'il a déjà goûté au parfum enivrant d'une soirée de Coupe de France "Il y a deux ans quand je jouais à Lisieux, on avait tiré le FC Rouen qui était en National également (défaite 3-0), je n’en garde que des bons souvenirs". Le FCR était alors dirigé cette année-là par un certain... Maxime d'Ornano, qui sera sur le banc malherbiste, ce vendredi. Mathieu Yvrande se souvient lui du moment du tirage au sort : "On était en fin de séance. Plus ça avançait, plus on se disait qu’on pouvait tirer cette équipe. Et c’est arrivé. On a tous sauté et crié. Les joueurs qui étaient en séance à côté se sont arrêtés aussi, ils étaient contents pour nous". Pour prolonger leur bonheur, les Avant-gardistes doivent réaliser un exploit. Leur entraîneur Felix Legras les a prévenus, ce ne sera pas un match de gala. L’objectif, c’est la qualif' !
> Coupe de France. 5e tour - AG Caen (R1) / SM Caen (N1), vendredi 10 octobre à 20 heures sur l'annexe 3 du complexe de Venoix.
*Parmi l’effectif actuel de l’AG Caen, dix joueurs ont déjà porté les couleurs du Stade Malherbe par le passé : Mathieu Yvrande, Yanis Wagner, Jean-Marc Hatchi, Hamza Ould Jawar, Timéo Bodmer, Morgan Hardoin, Waly Diawara, Kelian Eyaye, Enzo Deminguet et Thomas Rattier.
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