Parmi les meilleurs joueurs de la saison passée, et « sauveur » du club doyen lors de la dernière journée à Strasbourg (3-2), avec cette panenka gravée à vie dans la mémoire des supporters « Ciel et Marine », Abdoulaye Touré (31 ans) semble marquer le pas en ce début d'exercice 2025-2026. Il faut dire que l’international guinéen a vu sa préparation tronquée par une blessure qui lui a fait manquer le premier match de championnat, à Monaco. Est-ce cette indisponibilité qui l'empêche de s’exprimer pleinement encore ? "Manquer une préparation, c'est très compliqué. Quand les années passent, je pense que ça a encore plus d'impact. Quand en plus, c'est quelqu’un qui part en sélection, avec des matchs très rapprochés", explique Didier Digard. "Je me dois de tout prendre en compte". Et avec des éléments qui performent tous dans l’entrejeu (Ayumu Seko, Rassoul N'Diaye, Yassine Kechta), l’entraîneur havrais fait des choix pour préserver son groupe sur la durée. Compétiteur très exigeant envers lui-même, le milieu de terrain trouve ses prestations jusqu'à présent en dessous de ses attentes. "Paradoxalement, en club, je n'ai pas montré mon meilleur visage. Alors qu'en sélection, par exemple, j'arrive à enchaîner les performances et de bonnes performances. C'est ce qui me manque avec le HAC".
Selon ses mots, son altercation avec son coach lors de sa sortie du terrain à Metz (J6. 0-0, le 28 septembre) en est l'une des conséquences. Un moment de tension que Didier Digard avait commentée dans les jours qui avaient suivi : "Je peux comprendre la frustration, mais je ne peux pas accepter cette situation". Cette joute verbale avait valu à Abdoulaye Touré une convocation de la direction, une sanction (match manqué contre Rennes) et des excuses publiques. Avec un peu de recul, et en tant qu’ancien joueur, le technicien « Ciel et Marine » sait mieux que quiconque que ses garçons aspirent à disputer toutes les rencontres. "Le footballeur est égoïste, et c'est normal. Mais c'est bien, c'est ce qui le fait avancer. Et du coup, il veut tout jouer, tout le temps. Mais moi, j'ai tout un groupe, et je sais très bien que je peux ne perdre personne. Je l'ai dit. Autant, j'ai le caractère pour affronter tout le monde et me passer de tout le monde. Mais autant, je n’en ai pas l'envie, et je veux que tout le monde soit indispensable. Et du coup, je me dois de protéger le groupe et faire attention pour que les joueurs soient là le plus longtemps possible sur la saison".
Un différent qui n’entache en rien la confiance de son coach
Un épisode qu'Abdoulaye Touré semble avoir digéré, avec la volonté de passer à autre chose et de retrouver le maximum de sensations. "Je suis quelqu'un de très exigeant avec moi-même. Quand on peut penser que j'ai fait un bon match, si je pense que ce n'est pas le cas, malgré tout ce qu'on pourra me dire, je resterai persuadé que j'aurais pu mieux faire. C'est ce qui s'est passé à Metz. Et au moment de sortir, j'avais beaucoup de frustration. Ce n’était pas pour manquer de respect à qui que ce soit. Après, c'est à moi de montrer au quotidien que je dois gagner ma place. Je sais qu'elle n'est pas acquise. Donc, à moi de donner le meilleur de moi-même, de montrer que je vaux mieux que ça. Je sais que je peux faire beaucoup mieux". Coté stats, le natif de Nantes est conscient qu’il est un peu en retard sur ses temps de passage de l'exercice précédent (10 buts et une passe décisive en 28 apparitions en Ligue 1). Toutefois, malgré une préparation écourtée, il a disputé six des huit matchs du HAC depuis la mi-août, dont la moitié en tant que titulaire, pour aucun carton pris. Certains y verront un manque d’engagement, d’autres un jeu plus propre.
Preuve que le vice-capitaine du HAC retrouve petit à petit la forme, sa réalisation à Marseille, samedi dernier, est, de son propre aveu, la plus belle de sa carrière. "Sans exception. Et après, c'est sûr que quand on voit la (non) célébration, on voit qu'il y a beaucoup de déception malgré tout, même si c'est un très beau but, parce que ça n'a pas forcément d'impact sur le score. Mais c'est un geste d’instinct. Quand on est libéré, quand on se dit qu'il y a plus grand-chose à perdre, on abat nos dernières cartes". Une situation contredite par son coach, pour qui cette réalisation est tout sauf anecdotique : "Au final, on le voit au classement, avec un but de plus, on arrive à laisser une équipe de plus derrière nous. Je pense que tout est important". Ce but d’Abdoulaye Touré doit aussi servir d’exemple à ses coéquipiers qui doivent se lâcher plus selon l'ex-Niçois. "Son but est magnifique. Il ne se pose aucune question et c'est ce que j'aimerais voir chez beaucoup plus de joueurs. Qu’ils se posent moins de questions quand ils arrivent dans des zones importantes, qu’ils prennent leur chance. La qualité d'Abdou, c'est d'avoir confiance en lui". Même un peu diminué et après leur différent, Abdoulaye Touré reste une référence aux yeux de Didier Digard qui compte plus que jamais sur lui.
> L1. J9 - AJ Auxerre (14e - 7 points) / Le Havre AC (16e - 6 points), dimanche 26 octobre à 17 H 15 au Stade de l'Abbé-Deschamps






