Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre dernière recrue : Reda Khadra ?
"Reda, c’est un joueur qui sort d’une longue blessure (victime d’une rupture des ligaments croisés la saison dernière, en septembre 2024). On a eu la possibilité de le récupérer. La descente de Reims en Ligue 2 a peut-être joué aussi. Il peut évoluer à tous les postes offensifs : meneur de jeu, excentré droit, excentré gauche voire milieu relayeur. Il dégage une grosse puissance. Ça va très vite avec le ballon. Il joue dans la verticalité, à chaque prise de balle, il va de l’avant".
Comment qualifierez-vous ce mercato du côté havrais qui vient de se refermer en France ?
"Très long (rires), très fatigant. Ce fut un mercato particulier. Il y a eu beaucoup de discussions, beaucoup de promesses… Pour, au final, pas grand-chose".
"Il y a eu beaucoup de discussions, beaucoup de promesses..."
Vous avez tout de même signé 11 joueurs… La saison dernière, à pareille époque, vous en comptiez moitié moins (six) dont certaines s’apparentaient à de la post-formation (Ismaïl Bouneb, Ruben Londja). Vous avez vécu un été radicalement différent du précédent ?
"On n’avait pas trop le choix. La saison dernière, on avait encore beaucoup de joueurs sous contrat. Cette saison, on en avait peu en comparaison. C’est pourquoi, on a dû reconstituer un 11, voire un 16 (référence aux entrants). Vous savez, rentrer des joueurs, je ne vais pas dire que c’est facile mais ça reste plus simple que d’en sortir. Cette saison, il y avait quand même beaucoup de joueurs qui étaient libres".
Alors que vous ne pouvez toujours pas verser d’indemnités de transfert et que vous avez dû encore réduire votre masse salariale, comment le HAC s’est-il montré aussi actif sur le marché ?
"Notre ville, calme, paisible, en bord de mer, séduit aussi. Il y a un cadre sympathique pour jouer au foot, bien travailler, amener ses enfants à l'école..."
"Financièrement, comme vous l’avez dit, on a dû baisser encore nos standards par rapport à la saison dernière et à celle d’avant. Plus ça va, moins ça va (sourire). Mais on a trouvé des garçons qui avaient envie de jouer pour un projet sportif, de nous aider. C’est pourquoi ils ont accepté des salaires assez bas. On avait aussi anticipé pas mal de choses. Après, il y a des coups qu’on a réussis, d’autres, non. Mais la Ligue 1 attire, le discours du coach (Didier Digard) également, le nôtre aussi un peu (celui des dirigeants). Depuis qu’on est arrivés au HAC, on a un process bien établi qui fonctionne plutôt pas trop mal. Certains joueurs avaient également envie de découvrir la France, leur entourage leur conseille de venir. Notre pays est connu, la proximité avec la région parisienne compte, les étrangers connaissent la Tour Eiffel. Notre ville, calme, paisible, en bord de mer, séduit aussi. Il y a un cadre sympathique pour jouer au foot, bien travailler, amener ses enfants à l’école… C’est un ensemble de choses".
La saison dernière, Didier Digard a souvent fait référence à la nécessité de régénérer le groupe. C’est important de régulièrement injecter du sang frais, d’autant plus quand on lutte pour le maintien ?
"Oui, mais on aimerait bien avoir un peu moins de turnover, cinq-six changements maximum. L’avantage, c’est que cette saison, nos recrues se sont directement plongés dans le travail, ont rapidement assimilé notre méthode. Mais ça fait quand même beaucoup de changements".
Le point noir de ce mercato, c’est qu’à l’exception d’Aliou Thiaré (lire ci-dessous), vous n’avez pas réussi à réaliser une vente. Du coup, plusieurs garçons se trouvent à un an de la fin de leur contrat (Arouna Sanganté, Gautier Lloris, Etienne Youté, Yassine Kechta…)…
"C’est toujours une situation compliquée. Mais contrairement à nos concurrents qui font signer des garçons quatre-cinq ans, on ne peut pas proposer de contrat longue durée ; ce qui signifie que tous les ans, tu repars à la guerre. On est habitué. Maintenant, on va continuer à travailler sur des prolongations. On va se battre pour les décrocher. Ça ne sera pas simple car on ne peut pas négocier les mêmes salaires qu’il y a deux ans, en tout cas, il n’y aura pas d’augmentation".
Elysée Logbo (21 ans) a refusé d’être prêté en Ligue 2 ou en National. Regrettez-vous qu’il ne vous écoute pas plus ? On peut imaginer que cette démarche servait les intérêts des deux parties : les siens à court terme en gagnant du temps de jeu et les vôtres à moyen terme en récupérant un joueur plus aguerri…
"Ce n’est pas toujours simple avec Elysée. Il a fait son choix. On le respecte. Maintenant, à lui de travailler pour s’améliorer afin de gagner sa place".
"le mercato s'étend sur trois mois mais tout le monde se réveille à trois jours de la fin"
A partir de quel moment vous penchez-vous sur le mercato d’hiver ?
"On est déjà dessus. Il faut penser que certains championnats s’arrêtent en décembre et donc, il peut y avoir des joueurs libres. Ça ne s’arrête jamais (sourire). On est toujours dans un processus d’analyse. Si vous prenez notre effectif aujourd’hui, on connaît déjà nos forces et nos faiblesses. Si on a besoin de procéder à des ajustements, on sait déjà dans quel(s) secteur(s). Et l’avantage en janvier, c’est que le mercato ne dure qu’un mois, tout va plus vite. Alors qu’en été, il s’étend sur trois mois mais tout le monde se réveille à trois jours de la fin. En plus, c’est dérangeant qu’il continue après que le championnat ait commencé. Pour les joueurs, ce n’est pas toujours un contexte évident à gérer".
Aliou Thiaré, un transfert à contre-coeur pour les dirigeants havrais
Aliou Thiaré quitte donc le HAC, deux ans après l'avoir rejoint en provenance de l'académie Diambars au Sénégal, sans avoir défendu à une seule reprise le maillot « Ciel et Marine » en compétition officielle avec l'équipe première. ©Damien Deslandes
Au moment de dresser le bilan de la saison écoulée à la mi-mai, Jean-Michel Roussier avait fait part de son regret de devoir céder des jeunes éléments, formés ou post-formés à La Cavée Verte, sans avoir eu le temps qu'il défende les couleurs « Ciel et Marine » avec l'équipe première. Référence direct au transfert de Yoni Gomis à Strasbourg, en juillet 2024, qui avait tout de même rapporté 1,2 M€ + 800 000 € de bonus dans les caisses havraises. Un peu plus d'un an plus tard, scénario similaire avec le départ, surprise, d'Aliou Thiaré (21 ans) chez les Ukrainiens du Dynamo Kiev. "On aurait aimé le lancer. Mais pour faire tourner le club, malheureusement, on est obligé de vendre certains joueurs", déplore un Mathieu Bodmer fataliste.
Acteur majeur de la montée en Ligue 2 de Nancy où il était prêté lors de l'exercice précédent, le longiligne défenseur central est revenu en Normandie avec une belle cote. "Comme on n'a pas reçu d'offre pour d'autres joueurs, on a été obligé de se retourner vers Aliou et d'accepter ce transfert vers un grand club européen", confie, à crève-cœur, le directeur sportif du HAC. Dans l'opération, le club doyen, récupère selon notre confrère Josué Cassué de Foot Mercato, 1,5 M€ ; un montant assorti de bonus pouvant grimper jusqu'à 1 M€ et 20% d'une prochaine revente. "Financièrement, le deal était intéressant. Ça nous permet de faire rentrer un peu d'argent".