Alors qu’il a été formé comme défenseur au Cerezo Osaka, dans son pays natal, et puis essentiellement observé à ce poste durant ses trois saisons chez les Suisses du Grasshopper de Zurich, Ayumu Seko (23 ans) est déjà un pari réussi par Mathieu Bodmer et Didier Digard. Le directeur sportif du HAC a présenté des vidéos de l’international Japonais cet été à son entraîneur qui affichait pourtant complet en charnière centrale. "Je ne suis pas du genre à empiler les joueurs, et à son poste, on avait déjà du monde et peu de départs (candidats à un transfert à un an de a fin de leur contrat, Arouna Sanganté, Gautier Lloris et Etienne Youté sont finalement restés)", a expliqué le technicien « Ciel et Marine » en conférence de presse. "Mais c’est le seul joueur où, quand Mathieu m’a montré ses vidéos, je lui ai dit : « Écoute, si on peut, surtout fais-le et moi, je me débrouillerai ». Je suis très content que Mathieu et ses équipes aient réussi à le signer".
Heureux, il peut évidemment l’être, l’entraîneur havrais, puisque c’est finalement en position de sentinelle devant son arrière-garde qu’il a placé Ayumu Seko, après l'avoir testé durant la préparation. Il faut dire qu'après les retours dans leur club de Junior Mwanga (Strasbourg) et Mahamadou Diawara (Lyon), ce secteur de jeu était quelque peu dégarni. Un repositionnement qui s'est avéré un succès, même s'il convient de préciser que le Japonais avait déjà été évolué à quelques reprises à ce poste par le passé. "Seko nous facilite la vie parce qu'il s'adapte à beaucoup de choses. Il peut jouer plusieurs positions, même si je l'aime beaucoup devant la défense. Je pense que pour s'adapter à notre championnat, c'était plus facile que dans une défense. Et il nous offre beaucoup de garanties aussi", détaille Didier Digard qui n'est jamais revenu sur ce choix.
"Seko nous facilite la vie parce qu'il s'adapte à beaucoup de choses. Il nous offre beaucoup de garanties"
Didier Digard
Les points forts d'Ayumu Seko dans ce rôle : sa couverture du terrain et sa régularité selon son coach. "Ayumu ne passe jamais complètement à côté d’un match. Il travaille et il court énormément. Il est très apprécié du groupe. Ça lui fait quand même beaucoup de qualités". S'il ne maîtrise pas encore la langue de Molière, le nouveau n°15 des « Ciel et Marine » a tout de même appris un mot en français : fatigue. "Son adaptation est incroyable, parce que lui, quand il va en sélection, ce ne sont pas des petits trajets, pas des petits changements de fuseaux horaires. Et il s’adapte. Quand il utilise le mot « fatigue », c’est avec le sourire. Ça ne veut pas dire qu’il ne veut pas jouer. C’est un régal pour nous d’avoir un joueur comme lui dans notre effectif". Autant dire que Didier Digard est conquis par son international Japonais.
Demi-centre, finalement son meilleur poste ?
Et Ayumu Seko, est-il conquis par sa nouvelle vie en France, et ses nouvelles fonctions dans le cœur du jeu de son équipe ? "J'ai confiance en moi quand je joue au foot et je pense que je peux m'adapter à tous les pays. Je me suis vite adapté au championnat français. C'est vrai que le premier match, il a fallu que je prenne un petit peu mes marques, mais ça va de mieux en mieux", précise l’intéressé qui nous prend à témoin en conférence de presse. "En arrivant au Havre, c'était peut-être un petit peu difficile pour moi de jouer n°6, même si à Zurich, j'y avais déjà évolué. C'est vrai que ce n’est pas mon poste d'origine. J'ai eu besoin de temps pour m'y adapter, mais c'est de mieux en mieux et peut-être que maintenant, en fait, c'est mon meilleur poste. Qu'est-ce que vous en pensez ?" On n'est pas loin d’être d’accord.
"C'est normal d'être un peu fatigué, mais pour moi, ce n'est pas un problème. je suis juste content de jouer"
Ayumu Seko
Troisième élément le plus utilisé cette saison avec 1 275 minutes, derrière Mory Diaw et Issa Soumaré (1 350’), les deux seuls à avoir joué l’intégralité des matchs du HAC, Ayumu Seko, doit, on l’a souligné, composer avec de longs voyages pour honorer les convocations avec sa sélection. D’où la fatigue évoquée par Didier Digard. "C'est normal d'être un peu fatigué en ayant joué beaucoup de matchs ici et aussi avec mon équipe nationale, mais pour moi, ce n'est pas un problème, je suis juste content de jouer". Cette notion de « fatigue positive » existe dans la culture nippone dans le sens où elle est la conséquence d'avoir accompli quelque chose : Otsukaresama. Cette expression qui inclus le verbe « tsukareru » (être fatigué), est utilisée comme une salutation en vers un interlocuteur en reconnaissance d’un travail bien fait. Un principe appliqué par le Hacmen à chaque sortie.
Précieux dans la récupération du ballon, en témoigne sa 14e place au classement des meilleurs intercepteurs de Ligue 1 (18), Ayumu Seko est également tranchant quand il s’agit de se projeter vers l’avant. Même si ce n’est pas ce qu’il affectionne le plus. "La Ligue 1 est un très bon championnat, il y a beaucoup d'un-contre-un, et de jeu dans les espaces. Je progresse beaucoup, car le niveau est vraiment élevé ici", glisse l'ancien du Grasshopper de Zurich. Pourtant, celui qui évoluait encore défenseur qui demande aux journalistes si n°6 est son poste favori reste prudent. "Il faut énormément courir et je n’aime pas beaucoup ça. Mais je dois le faire et mon objectif est toujours d’aider l’équipe". Devenu le véritable poumon des « Ciel et Marine » depuis le début de cet exercice 2025-2026, le Japonais s’épanouit et progresse dans le cœur du jeu et surtout, il aide son équipe à respirer.
> L1. J16 - Lyon (5e - 24 points) / Le Havre AC (15e - 15 points), dimanche 14 décembre à 15 heures au Groupama Stadium.






