Quand son téléphone a sonné, Alexandre Raulin n’a pas réfléchi très longtemps. A l’autre bout du fil, Maxime d’Ornano lui proposant de le rejoindre à Caen où il vient d’être nommé coach. "En tant qu’Ebroïcien, on connaît forcément le Stade Malherbe depuis tout petit. C’est un club emblématique, historique de la région, un club où on a envie de venir", déclare le natif de la préfecture de l’Eure qui ne cache pas "sa fierté" d’appartenir à ce staff et de retrouver son ancien n°1 à l’époque du FCR. Les deux hommes se sont quittés un an auparavant. Alors que la menace d’un dépôt de bilan plane au-dessus des « Diables Rouges », l’entraîneur adjoint de l’équipe rouennaise est engagé par le Red Star (L2) et un certain Reda Hammache, l’actuel responsable du recrutement du SMC. "Je devais être en poste au 1er juillet au risque de me faire exclure de ma formation pour l’obtention du DES".
Une séparation relative puisqu’ils n’ont jamais cessé d’être en contact. "On s’est appelé toute la saison dernière, deux voire trois fois par semaine". Cependant, pour que les retrouvailles soient effectives, encore fallait-il qu’Alexandre Raulin se libère de son contrat avec le club audonien où il était lié jusqu’en 2026. "Même s’ils auraient voulu que je reste, les dirigeants ne m’ont pas bloqué. L’année passée s’est tellement bien déroulée qu’ils m’ont expliqué qu’ils ne pouvaient pas me faire ça. Au départ, Greg Poirier (le coach) a été déçu mais il a été génial en comprenant mon choix".
"Même s’ils auraient voulu que je reste, les dirigeants du Red Star ne m’ont pas bloqué"
De cette expérience au Red Star, l’ex-éducateur de l’EFC 27 assure en être revenu grandi. "Je ne retiens que du positif de ce passage. Je ne regrette vraiment pas d’avoir signé là-bas. Ce fut enrichissant. J’ai côtoyé des joueurs de Ligue 2, des joueurs de haut niveau avec parfois les caractères qui vont avec (sourire). A Rouen, quelques garçons étaient là depuis plusieurs saisons, j’en avais même affronté certains. Le feeling entre nous était plus naturel", témoigne l’Ebroïcien qui ne tarit pas d’éloges à propos de Grégory Poirier. "Il m’a fait confiance. J’ai pris plein de choses en main : les coups de pied arrêtés, les transitions défenses-attaques et inversement… J’ai aussi créé des séances, je les ai mis en place, je les ai animées. Pendant les matchs, Greg m’a régulièrement demandé de me lever du banc pour donner des consignes. On était sur un fonctionnement très participatif".
Une relation qui est née, qui a grandi et qui s’est renforcée au FC Rouen
A Malherbe, Alexandre Raulin a retrouvé un autre entraîneur qu’il respecte énormément. Avec Maxime d’Ornano, la connexion fut immédiate, autant sur le terrain qu’en dehors. "Dès son arrivée à Rouen, on a beaucoup échangé. Au début, comme j’avais la réserve, on a discuté des joueurs qui redescendaient. Ensuite, on a fait des retours sur les matchs. On s’est tout de suite rendu compte qu’on partageait la même façon de voir le foot : un jeu de possession, offensif avec des joueurs qui prennent du plaisir à faire mal à leurs adversaires". Au fur et à mesure que leur relation s’est renforcée, celui qui est désormais titulaire de ce fameux DES (diplôme permettant d’exercer jusqu’en N2) a vu ses prérogatives s’élargir. "Quand Max a cherché un adjoint, il m’a proposé de venir avec lui une à deux fois par semaine et de l’accompagner sur les matchs". Une collaboration qui est devenue permanente quand les « Diables Rouges » ont accédé au National, en 2023.
"On a ressenti que certains joueurs avaient souffert l’année dernière"
Ensemble, les deux techniciens ont vécu leur lot d’émotions : la montée en N1 donc et également cette épopée en Coupe de France jusqu’en quart de finale. "Je pense que les résultats obtenus ont contribué à renforcer l’osmose entre nous, on a créé des liens, on s’est construit des souvenirs… Forcément, on a envie d’en connaître d’autres". Les supporters « Rouge et Bleu » ne demandent que ça ; eux qui sortent d’une saison catastrophique ponctuée par une relégation en troisième division. Mais avant de prétendre à quoi que ce soit, il va falloir laver quelques têtes, sachant que l’effectif à disposition, à ce jour, est loin d’être définitif. "On a ressenti que certains joueurs avaient souffert l’année dernière. C’est pourquoi notre première idée, c’est d’emmener tout le monde avec nous".
Pour Alexandre Raulin, Maxime d’Ornano est le candidat idéal pour mener à bien cette mission. "Avant tout, Max, c’est quelqu’un de bienveillant qui donne beaucoup de confiance à ses joueurs. C’est un coach qui a la banane. Il transmet cet état d’esprit à l’ensemble du groupe. C’est important car les joueurs le ressentent. Ils voient qu’il y a un staff qui est heureux de bosser avec eux. C’est comme ça qu’on avancera ensemble". Prudence toutefois, le Stade Malherbe n’en est qu’au début de sa préparation et les bonnes intentions estivales peuvent rapidement être balayés une fois le championnat démarré ; le moindre grain de sable (première(s) défaite(s), gestion de la fin du mercato) étant susceptible d’enrayer la machine. A Caen, peut-être plus qu’ailleurs, on est bien placé pour le savoir. Faire perdurer cette ambiance de travail en résistant aux écueils à venir, c’est incontestablement le principal défi de Maxime d’Ornano, d’Alexandre Raulin et de son staff.
Quelles missions pour Alexandre Raulin ?
Du haut de ses 33 ans, Alexandre Raulin constitue un relai entre Maxime d'Ornano et le groupe. ©Théo Hamel/SM Caen
Adjoint de Maxime d’Ornano, Alexandre Raulin est appelé à devenir l’un des hommes clé du Stade Malherbe lors de cet exercice 2025-2026. Ses missions seront multiples : animation des séances, gestion des coups de pied arrêtés, relationnel avec les joueurs... "Pour les séances, on met en place des exercices ensemble avec Max. Pour l’animation, on alterne. C’est Max qui décide", indique le n°2 du staff caennais qui aura en charge les coups francs et les corners comme au FC Rouen et au Red Star. "Aujourd’hui, c’est sur ces phases de jeu que les trois quarts des matchs basculent". Retours vidéo après les matchs ou encore entraînements spécifiques par ligne, Alexandre Raulin réalisera également du travail individuel. "Il faut continuer à faire évoluer nos jeunes", précise l’adjoint qui du haut de ses 33 ans, constitue un relai entre Maxime d’Ornano et son groupe. "Je dois être proche des joueurs, avoir les codes de la nouvelle génération comme de l’ancienne. Je discute avec tout le monde pour déceler s’il y a des problèmes". Un rôle crucial pour le bon déroulement d’une saison.