Pour les supporters « Rouge et Bleu », la bonne nouvelle est tombée dans la soirée de mercredi. Alors que son board a été auditionné un peu plus tôt dans la journée, le Stade Malherbe n'a été soumis à aucune mesure restrictive de la part de la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion). Pas forcément une surprise tant l'actionnaire majoritaire du club caennais, par la voix de Fayza Lamari, avait assuré qu'il ferait face à ses obligations. Toutefois, cela ne signifie pas que le SMC se porte bien financièrement. Au contraire. D'ailleurs, sans un propriétaire aussi puissant sur le plan économique, on se demande bien où il en serait aujourd'hui ? Pour rappel, à leur arrivée, le clan Mbappé a récupéré un club avec un déficit structurel (avant la balance des transferts) supérieur à 11 M€ ! Et dans les colonnes d'Ouest-France datées de ce 7 juin, le président Ziad Hammoud a confirmé que ce déficit tournerait encore autour des 10 M€ au 30 juin, sachant que le salaire des principaux dirigeants, dont le sien, est pris directement en charge par Coalition Capital, le fonds d'investissement de Kylian Mbappé qui détient le Stade Malherbe.
Alors qu'il a présenté un budget aux alentours de 12 M€ pour l'exercice à venir, en National (contre 16 M€ en Ligue 2 deux ans auparavant), la famille Mbappé, Ziad Hammoud et le directeur général Josselin Flamand se sont fixés comme objectif "d'assainir les finances" en divisant notamment les dépenses par trois (de l'ordre de 25 M€). Durant son intervention à nos confrères d'Ici Normandie, fin avril, Fayza Lamari n'a pas caché que le SMC vivait largement au-dessus de ses moyens, "entre 10 et 15 M€ !" Confronté à cette équation insoluble, l'Etat-major des « Rouge et Bleu » a activé le levier du plan social. Un PSE, pour plan de sauvegarde de l'emploi qui porte, plus que jamais, très mal son nom. Et pour cause, il prévoit le licenciement d'une vingtaine de salariés sur les 70 environ se trouvant en CDI. Un chiffre ne tenant pas compte des CDD, des alternants et des prestataires en fin de contrat qui ne seront pas renouvelés au 1er juillet. Au total, ce sont au moins une trentaine de collaborateurs qui vont être priés de quitter le navire normand dans les prochains mois. Tous les secteurs (sportifs, administratif, commercial, communication) seront impactés.
Un héritage financier lourd à assumer
Attention, le board actuel est loin d'être le principal responsable de cette situation. D'ailleurs, pas certain qu'un maintien en Ligue 2 aurait changé quoi que ce soit à cette décision de requérir à un PSE. On peut toujours se demander pourquoi Ziad Hammoud et ses équipes ont engagé une dizaine de personnes (cuisinier, analystes vidéos, éducateurs...) dans les semaines qui ont suivi leur prise de contrôle si la santé financière du Stade Malherbe était aussi fragile. C'est comme si Gérard Prêcheur, le directeur technique installé à l'époque par la famille Mbappé, et à l'origine de la plupart de ces recrutements, avait cru que le chéquier était illimité ou alors, on lui a fait croire. Mais l'actionnaire majoritaire a surtout dû composer avec un héritage de ses prédécesseurs particulièrement lourd à assumer. Preuve que les différents dirigeants qui se sont succédé à la tête du club caennais ces dernières années n'apprennent pas des erreurs commises dans le passé. Il y a quatre ans, un premier plan social avait déjà laissé 27 employés sur le carreau (sur 64 CDI).
Si la casse sociale s'annonce importante parmi les salariés, elle ne suffira pas à remettre à l'équilibre les comptes normands. Pour tenir sa feuille de route, l'Etat-major du SMC va devoir impérativement taper dans la rémunération de l'effectif. Pour l'exercice 2023-2024, le Stade Malherbe affichait une masse salariale de 16,676 M€ (!), dans laquelle les joueurs pèsent, au minimum, à hauteur de 70% selon le dernier rapport de la DNCG. Depuis deux ans, elle a bondi de 80%. Si 17 éléments, sur un effectif comprenant 34 unités, seront libres au 1er juillet, la direction a encore plusieurs gros salaires sur les bras, surtout pour un pensionnaire de National : Alexandre Mendy, Yann M'Vila, Anthony Mandrea, Valentin Henry... Et bien conscients qu'il leur sera difficile, voire impossible, de retrouver un tel niveau d'émoluments ailleurs, surtout en France avec la crise des droits TV que traverse notre football, les principaux concernés n'envisagent pas s'asseoir sur leur(s) dernière(s) année(s) de contrat. Difficile de les blâmer. Qui ne ferait pas la même chose à leur place pour défendre ses intérêts ? Si on peut considérer, à juste titre, qu'ils sont les principaux responsables de la relégation du club « Rouge et Bleu » en troisième division, les joueurs en question n'ont mis un couteau sous la gorge de personne pour obtenir leur contrat.