« A Malherbe, Tidiam Gomis, un choix sportif, un risque financier ». Voici le titre de notre article consacré au jeune attaquant, le 2 septembre 2023, au lendemain de la fermeture du mercato. Un an et demi plus tard, ce risque financier se transforme en un flop économique rarement vu à l'échelle du club normand. La nouvelle vient d'être officialisée. A cinq mois de la fin de son contrat avec club formateur, le jeune attaquant (18 ans) a été transféré au RB Leipzig où il s'est engagé jusqu'en 2029. Selon certains confrères allemands, le SMC va percevoir 1 M€ dans cette opération (un bonus équivalent pourrait s'ajouter). Si cette somme est confirmée, elle représente presque un petit miracle quand on sait que l'international U19 en équipe de France était libre de signer pour la destination de son choix depuis le 1er janvier, sans la moindre contrepartie financière pour son précédent employeur. D'ailleurs, plusieurs observateurs penchaient pour cette issue dans ce dossier.
Car il est acquis, au moins depuis l'été 2023 que Tidiam Gomis ne prolongerait pas l'aventure sous le maillot « Rouge et Bleu ». Plus jeune joueur à avoir signé « pro » pour le Stade Malherbe ; le jour de son 16e anniversaire, il n'avait pas intégré dans la foulée le groupe d'entraînement de Stéphane Moulin ; le technicien ne le jugeant pas prêt. Cette décision avait provoqué le courroux de son entourage, estimant qu'on avait trahi la promesse qui lui avait été formulée au moment des négociations. Le sujet avait, d'ailleurs, valu quelques prises de bec entre le président Olivier Pickeu et son coach de l'époque. Depuis cet épisode, le contrat de confiance a semblé rompu entre les deux parties. Jamais, il n'a pu être totalement restauré.
Une offre de 5 M€ du Bayer Leverkusen + des bonus équivalents refusés l'hiver dernier
Pour autant, le SMC aurait pu réaliser la plus belle vente de son histoire avec Tidiam Gomis. L'hiver dernier, les dirigeants caennais en place avaient reçu une offre du Bayer Leverkusen, qui courtisait ardemment le jeune attaquant depuis plusieurs saisons (l'écurie germanique avait déjà formulé une proposition l'été précédent), comprenant une part fixe de 5 M€. Des bonus conditionnés aux résultats sportifs de l'équipe allemande, qui se sont presque tous réalisés depuis (qualification en Ligue des Champions, victoire en coupe nationale), auraient même permis de doubler cette somme. Un pourcentage sur une future revente avait également été ajouté dans la transaction. Au total, le club normand aurait pu toucher un chèque de 10 M€ !
Un statut de grand espoir du centre de formation qu'il n'a pas pu confirmer... pour le moment
A l'époque, le président Olivier Pickeu était favorable à une telle opération mais les actionnaires (le fonds d'investissement américain Oaktree détenait 80% du capital, le producteur de TV trouvillais Pierre-Antoine Capton 20% comme actuellement) auraient mis leur veto. A ce jour, on se demande toujours pourquoi, surtout que les règlements du football français, avec un premier contrat « pro » limité à trois ans, ne protègent absolument pas les clubs formateurs tel le Stade Malherbe. Quand on sait que le déficit structurel (avant la balance des transferts) avoisinera les 15 M€ pour cet exercice 2024-2025 du côté de la maison « Rouge et Bleu », on se rend compte de l'énorme manque à gagner.
La famille Mbappé, propriétaire du SMC depuis la fin de l'été 2024, le président Ziad Hammoud et son nouveau responsable du recrutement, Reda Hammache, en poste depuis une poignée de semaines, ont hérité de cette situation explosive qui semblait déjà jouée d'avance à leur arrivée. En négociant un transfert durant ce mois de janvier, ils ont un peu limité la casse. Ça n'empêchera pas les supporters « Rouge et Bleu » d'éprouver un sentiment de gâchis à propos de Tidiam Gomis, tant économique que sportif. Considéré comme l'un des espoirs les plus prometteurs passé par le centre de formation du Stade Malherbe, le natif de Bouafle n'a jamais confirmé ce statut au cours de ses 39 apparitions en équipe première, dont 17 titularisations, pour quatre buts. Même s'il convient de rappeler que son très jeune âge peut expliquer, en partie, ce rendement en deçà des attentes suscitées.